Soudan – Signal d’alarme : Hôpital en danger en plein coeur d’un conflit quand les services vitaux sont toujours plus essentiels

Deux mois de guerre – Des services de santé attaqués, occupés, des hôptiaux démunis, des travailleurs de santé bléssés, tués

Deux mois, ce n’est rien sous l’ombrage protégeant les sociétés occidentales, mais au Soudan, deux mois, ce temps signifie le drame des conflits armés, des enfants tués, blessés, démunis de tout. Au Soudan, des civils subissent les traumatismes de la guerre qui brisent le droit de vivre.

Ces longs jours où plus de 1 150 personnes en cinq semaines ont été reçues aux urgences à l’hôpital universitaire Bashair à Khartoum par l’équipe chirurgicale de Médecins sans Frontières (MSF).

Parmi ces patients, 906 personnes ont été victimes de traumatismes violents, dont 395 soit 34 % ont subi des blessures par balle, y compris des enfants de moins de 5 ans. Par ailleurs, 266 patients ont été soignés pour des blessures dues aux bombardements, aux frappes aériennes et aux explosions.

Aux blessures de guerre s’ajoutent celles causées par l’augmentation de la violence, de la criminalité et ce sont 183 patients qui durant cette période ont été admis pour des coups de couteau, et 62 autres ont été victimes d’agressions.

Des enfants victimes de l’extrême violence, sur 379 interventions chirurgicales, 8 % des patients opérés ont été des enfants de moins de 15 ans. Pour répondre à ces urgences, MSF a récemment ouvert un service de traumatologie pédiatrique.

Port Soudan, 15 juin 2023 – L’UNICEF indique avoir reçu des informations crédibles notifiant qu’au 6 juin plus de 330 enfants ont été tués et plus de 1 900 ont été blessés. Des enfants demeurent en grand danger alors que les besoins vitaux – eau, santé, nutrition – sont limités laissant 13 millions d’enfants en urgence humanitaire.

Attaques de centre de soins

Les équipes médicales œuvrent dans des conditions très difficiles et dangereuses pour leur sécurité et celle des patients. Entre le 15 avril et le 08 juin, ce sont 46 attaques contre les services de soins au Soudan, dénonce l’OMS qui condamne fermement les actes de violences croissants ayant fait 8 morts et 18 blessés.

L’OMS dénonce également l’occupation de nombreuses infrastructures de santé, dont le Laboratoire national de santé publique et l’entrepôt national des fonds de fournitures médicales du ministère fédéral de la Santé à Khartoum.

Des enfants blessés subissent la violence sans fin menaçant leur vie au sein même d’établissement de soins, où la guerre entre sans scrupule bafouant tous les droits humains des enfants dont la vie bascule dans le malheur. La guerre s’alimente d’armes, pas de paix et la vie n’est plus ce qui est sacré. Tout se noie dans l’absurde violence.

L’OMS rappelle entre les sifflements des balles, le bruit des bombardements, des hommes bannissant le respect des soins de santé que la sécurité et le caractère sacré des soins de santé doivent toujours être protégés.

Au moment où il est un besoin vital de soins de santé, où la présence des personnels de soins est primordiale pour sauver la vie des blessés, où les services de soins vitaux sont toujours plus précieux, il doit être assurer la sécurité des soignants et des patients et le respect de la Déclaration d’engagement de Djeddah du 11 mai visant à protéger les civils et les opérations humanitaires vitales, d’assurer la sécurité des points de passage de l’aide humanitaire.

Il y a un manque criant de médicaments, de fournitures médicales alors que l’urgence est là. L’OMS souligne l’importance de donner à la population les soins de santé qu’elle mérite, et de permettre la livraison sécurisée des fournitures de santé.

Il est aussi de rendre accessible les structures de soins. L’hôpital doit pouvoir accueillir les patients en toute sécurité, comme les ambulances doivent circuler sans entrave.

« Les besoins sont énormes et les combats et la violence ne montrent aucun signe de fin », déclare Will Harper, chef de mission MSF au Soudan. Puis, il souligne, « Nous devons de toute urgence pouvoir recruter plus de personnel pour pouvoir continuer à fournir des soins d’urgence et chirurgicaux vitaux ».

Fonds d’urgence pour soutenir les populations au Soudan

Le 17 mai 2023, l’ONU a lancé un appel de 3 milliards de dollars pour apporter une aide humanitaire au Soudan. Une aide vitale pour secourir les personnes touchées par la guerre, la crise alimentaire, ainsi que les personnes déplacées à l’intérieur du pays, et ayant un besoin urgent de moyens de subsistance.

Le conflit entre les Forces armées soudanaises (SAF) et les Forces de soutien rapide (RSF) va entrer dans son troisième mois, alors que les négociations entreprises à Djeddah, en Arabie Saoudite, sont suspendues.

Une situation toujours plus dramatique pour les civils alors que les organismes humanitaires portant secours sur le terrain sont victimes d’attaques. Le HCR a alerté sur le fait que son bureau et sa maison d’hôtes à Zalingei ont été pillés. Il a été confirmé le pillage de cinq bureaux du HCR depuis le début du conflit.

Le 13 juin, le HCR a indiqué rester et continue à livrer au Soudan pour répondre aux besoins humanitaires des populations déplacées de force vers Port Soudan, Wadi Halfa et Wad Madani, tout en maintenant le soutien apporté à Gedaref, Kassala, Blue Nile et White Nile, alors que plus de 140 000 réfugiés et demandeurs d’asile fuyant notamment Khartoum affluent.

175 751 personnes ont été déplacées au Soudan, un chiffre qui risque d’augmenter avec la poursuite de la guerre. Ce sont des femmes et des enfants qui ont tout perdu. Le bruit de la guerre est une immense détresse.

Le HCR souligne qu’un soutien financier international est nécessaire de toute urgence pour assurer les besoins vitaux de milliers de personnes affrontant également la crise humanitaire et climatique sévissant au Soudan. Il est primordial de mettre en sécurité la population, les réfugiés avant la venue de la saison des pluies.

L’UNICEF alerte – Plus de 5 millions d’enfants dans la région du Darfour sont gravement menacés alors que la crise humanitaire s’aggrave et que les professionnels de santé et les travailleurs humanitaires exercent dans des conditions très complexes.

La solidarité internationale doit aujourd’hui acter l’urgence de secourir les enfants subissant la guerre alors que la crise climatique, la crise alimentaire, le manque d’eau sont les conséquences de sociétés de guerres et marchandes, tout est en lien.

L’Occident ne peut marquer plus longtemps l’indifférence, et penser en société excluante, oubliant la responsabilité de décennies de politiques de profit, de concurrences, de conflits armés éclatant tels des volcans ne laissant aucune chance aux champs de blé. 

Fédora Hélène

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