Rafah en extrême urgence humanitaire – Plus d’un million de personnes menacées par une opération militaire israélienne

Mohammed, 9 ans, marche sur les décombres de sa maison détruite, rue Omar Al-Mukhtar, dans la ville de Gaza. © UNICEF/UNI501985/Al-Qattaa


Rafah en état d’extrême urgence humanitaire

Emmanuel Macron s’est entretenu avec le Premier ministre israélien Netanyahu le 14 février, en lui faisant part de l’extrême urgence d’établir un cessez-le-feu pour la protection de tous les civils. Emmanuel Macron a souligné l’importance de garantir l’entrée massive de l’aide humanitaire, « sans plus de délai » a-t-il exhorté. Il a également exprimé que le bilan humain et la situation humanitaire étaient intolérables et que les opérations israéliennes devaient cesser.

Cela intervient alors que Netanyahu a déclaré qu’il serait une opération militaire massive à Rafah, où plus d’un million de personnes déplacées vivent dans des conditions catastrophiques. Le Premier ministre israélien ayant ordonné de nouveaux déplacements de population. C’est inconcevable tant la situation dans la bande de Gaza est tragique. Des enfants sont en grande souffrance, affaiblis, subissant une insécurité alimentaire grave, et étant privés de 90 % de leurs besoins en eau par jour et ce depuis le mois de décembre, a alerté l’UNICEF.

Ce sont aussi des personnes blessées, malades, des handicapés qui ne peuvent encore être déplacés au milieu du chaos, et sans infrastructures de soins de santé, sans aucun moyen pour assumer un si grand mouvement de population, alors que les bombardements, les combats ne cessent pas.

Des milliers de familles démunies de tout sont contraintes de marcher durant des heures entières, de trouver un abri de fortune, en subissant le froid de l’hiver. Des enfants sans vêtements chauds traversent ainsi l’hiver, des traumatismes qui marqueront toute une génération d’enfants ayant leurs droits humains bafoués et qui sont privés d’éducation, la grande majorité des écoles ont été détruites.

Rafah est actuellement surpeuplée et ne peut répondre à l’urgence humanitaire. Des enfants n’ont pas d’endroit où dormir, des familles vivent à même le sol. Le risque de famine est déjà présent quand 90 % de la population de Gaza souffre de la faim, alors que 15 % de personnes sont en insécurité alimentaire estimée catastrophique à Gaza.

© UNICEF/UNI501860/El Baba

Les membres du personnel humanitaire, les soignants vivent les mêmes conditions, sont épuisés, ont perdu également des proches, ne peuvent assumer en plus l’évacuation massive de population, alors que l’hôpital est en détresse, et qu’il est le manque d’eau, de carburant, de médicaments, de fournitures médicales et d’ambulances. Comment transporter des personnes grièvement blessées, des malades ?

Depuis quatre mois, le personnel humanitaire a accompli l’impossible pour aider les personnes dans le besoin, en dépassant les risques auxquels ils ont été confrontés, et subissant eux-mêmes des traumatismes.

© UNICEF/UNI454164/El Baba

Réservoir d’eau de l’ UNICEF distribuant de l’eau à des milliers de personnes à Rafah le 17 octobre 2023, où les conditions de vie se sont rapidement dégradées du fait de bombardements israéliens intensifs et du blocus global provoquant une grave crise humanitaire, une pénurie d’eau potable. 

Rafah – une opération militaire serait un massacre

Une opération militaire à Gaza serait un massacre, et mettrait en danger toutes les opérations humanitaires, les conduirait aux « portes de la mort » alerte l’OCHA.

Martin Griffiths, Sous-Secrétaire général de l’OCHA, a rappelé que l’ensemble de la population de Gaza est victime d’une agression sans précédent par son intensité, sa brutalité et son ampleur. Depuis le début des hostilités, ce sont plus de 28 000 personnes, dont principalement des femmes et des enfants, qui ont été tués à Gaza, selon le ministère de la Santé.

© UNICEF/UNI488758/Al-Qattaa

Les bombes tombent, l’aide humanitaire est étouffée, alerte Martin Griffiths, et toute la bonne volonté du personnel humanitaire ne peut maintenir des millions de personnes en vie, les nourrir et les protéger en vivant au milieu du chaos.

Le désespoir grandit à travers la population se trouvant abandonnée, subissant l’effondrement du financement de l’UNRWA, et de l’ordre public. Des humanitaires ont été tués lors de bombardements, et aujourd’hui, ils sont victimes d’attaques, aident sous la menace d’une arme, se font tirer dessus, alerte l’OCHA.

« Aujourd’hui, je tire une nouvelle fois la sonnette d’alarme : une opération militaire à Rafah pourrait conduire à un massacre à Gaza » a déclaré le 13 février dernier, Martin Griffiths alertant la communauté internationale sur les dangereuses conséquences d’une invasion militaire à Rafah. De plus, le déplacement forcé de population dans des conditions tragiques serait un drame humanitaire, « nous manquons des garanties de sécurité, des fournitures d’aide et des capacités en personnel pour maintenir cette opération à flot », a souligné Martin Griffiths.

Emmanuel Macron a exprimé pour répondre aux fortes inquiétudes, l’opposition ferme de la France à une offensive israélienne à Rafah, qui ne pourrait aboutir qu’à un désastre humanitaire d’une nouvelle magnitude, a-t-il confié en ajoutant que comme tout déplacement forcé de populations, constitueraient des violations du droit international humanitaire. Une opération militaire israélienne ferait aussi peser un risque d’embrasement régional. Une escalade pourrait avoir lieu à Jérusalem, en Cisjordanie, au Liban et en mer rouge.

Par ailleurs, Emmanuel Macron rappelle la solidarité avec le peuple israélien après l’attaque du 7 octobre, et il a réitéré la demande de libération de tous les otages.

De leur côté, l’Espagne et l’Irlande, compte tenu de la situation dramatique à Gaza, ont envoyé une lettre à la Commission de l’Union européenne pour vérifier d’urgence si Israël respecte ses obligations de respect des droits de l’homme à Gaza, a indiqué Pedro Sanchez, Président du gouvernement espagnol sur Twitter/X.

Et, il rappelle que l’engagement de l’UE en faveur des droits de l’homme et de la dignité humaine ne peut connaître aucune exception.

La lettre stipule également que le Conseil de l’UE prenne des mesures si les actions d’Israël, notamment sur Rafah, étaient considérées comme en violation des droits de l’homme, du droit humanitaire international.

La famille Daya, composée de 8 membres, a transformé le port de pêcheurs en refuge pour elle-même. La famille vit à l’intérieur du port de pêcheurs sur la côte de la ville de Rafah, dans le sud de la bande de Gaza. © UNICEF/UNI501938/Zaqout

« Nous souffrons également d’un manque d’hygiène personnelle. Nous n’avons pas de salle de bain ni de matériel d’hygiène de base. Je fais de mon mieux pour garder mes enfants propres, mais c’est très difficile ».  

« Nous nous baignons dans la mer et déféquons sur la plage. C’est complètement inacceptable et je n’aurais jamais imaginé que cela nous arriverait », a déclaré à l’ UNICEF, Hanadi, jeune mère de 32 ans.


Gaza – L’aide humanitaire n’est pas optionnelle, elle est vitale

Des enfants sont privés d’eau – l’insupportable violence : faire souffrir un enfant

Dès le 19 décembre 2023, l’UNICEF a alerté sur le fait que les enfants de Gaza sont privés de 90 % de leur besoin en eau. Une situation dramatique qui perdure en février 2024. Des enfants n’ont qu’un 1,5 litre à 2 litre d’eau par jour pour survivre, et des bébés sont morts de déshydratation, a prévenu l’ONU.

15 litres d’eau est le minimum par jour et par personne pour se laver, cuisiner, boire, assurer un minimum d’hygiène en pouvant laver un vêtement.


Décembre 2023, des centaines de milliers de personnes déplacées étaient déjà arrivées à Rafah, ville initialement de 250 000 habitants, et qui accueille aujourd’hui plus d’un million de réfugiés à l’intérieur de la bande de Gaza.

Les routes sont prises par des tentes, des abris de fortune, et dans le même temps, le 7 février,  Netanyahu annonce des hostilités à Rafah, et Israël envoie des ordres d’évacuation de la population. C’est inhumain. Des familles enfermées sur un territoire restreint à Rafah, aux portes de l’Égypte restant fermées et des camions humanitaires bloqués.

Des enfants survivent, ils voient la mort. Des enfants ont perdu leurs parents, des membres de leur famille et se trouvent orphelins. Des enfants qui ne peuvent pleurer leurs parents disparus, les bombardements les terrorisant la seconde suivante. Des enfants ayant désespérément faim, soif et ressentant le monde les abandonnant.

« Les meurtres, les mutilations et les enlèvements d’enfants, les attaques contre les hôpitaux et les écoles, et le refus d’accès à l’aide humanitaire constituent une violation grave des droits des enfants », a déclaré Adele Khodr, Directrice régionale de l’UNICEF, le 24 octobre 2023. Ces paroles de la plus haute importance n’ont pas été entendues. Des enfants grièvement blessés, et le manque criant de médicaments, de fournitures médicales, et aujourd’hui le manque d’eau, l’épuisement du carburant, les attaques sur des hôpitaux, des ambulances détruites par les bombardements.

©UNICEF/UNI504816/Ingram

Visite de l’hôpital de Nasser dans la bande de Gaza, par Ted Chaiban, directeur exécutif adjoint humanitaire UNICEF. Le 16 janvier 2024, Luway, 5 ans, vivait dans un refuge de l’UNRWA quand il a été bombardé. Luway a été grièvement blessée, son intestin a été perforé et elle a dû subir une intervention chirurgicale en urgence. Sa mère ne lui ayant pas encore dit que ses deux frères n’ont pas survécu et que son père est paralysé à la suite de l’attaque meurtrière.

Il est temps que l’ensemble de la communauté internationale agissent pour arrêter cette guerre, et pour que l’aide humanitaire arrive de toute urgence dans la bande de Gaza.

Le Président Emmanuel Macron a exprimé l’urgence de faire parvenir l’aide humanitaire auprès de la population de Gaza. Il exhorte Netanyahu à ouvrir le port d’Ashdod, ainsi qu’une voie terrestre directe depuis la Jordanie et tous les points de passage.

Par ailleurs, il a exprimé la position de la France condamnant la politique de colonisation israélienne et il a appelé au démantèlement des avant-postes illégaux, y compris au regard du droit israélien. De plus, le Président Emmanuel Macron a demandé à Israël de mettre fin aux violences de certains colons envers les civils palestiniens.

Martin Griffiths a souligné que la communauté internationale s’inquiète des graves conséquences qu’auraient une invasion terrestre israélienne à Rafah, et a exprimé que le Gouvernement d’Israël ne peut pas continuer à ignorer les appels à un cessez-le-feu immédiat, à la fin des blocages de l’aide humanitaire.

L’histoire retiendra un massacre perpétré à Gaza, la ruine de la paix. « L’histoire ne sera pas gentille« , « la guerre doit finir » exhorte Martin Griffiths.

© UNICEF/UNI501948/Zaqout

Kareem, 11 ans, vit dans la peur constante de perdre sa famille, a-t-il confié à l’UNICEF.

La paix, seule solution possible pour Gaza, mais aussi pour l’humanité

La moitié de la population de Gaza sont des enfants. Le sang des innocents coule chaque jour et les murs contre la liberté portent les cicatrices de leurs blessures. Notre monde bascule dans le chaos du silence, et seule l’Afrique du Sud a été la voix de la justice, respectueuse de l’enseignement de Nelson Mandela.

Dans d’autres pays, certains politiques ont observé une incompréhensible inaction pour protéger les civils de Gaza. Parfois, il est leur action tardive pour que cesse la destruction de Gaza, de ses monuments, l’effacement de sa culture, de ses enfants.

La souffrance des enfants de Gaza est provoquée par la politique se dissociant de la vie, la concevant de manière virtuelle, ne la comprenant que par un système inhumain dominant le vivant.

La paix est la solution durable si elle est pensée par ce qui la fonde, l’humanité en alliance avec la vie sur Terre. Plus la souffrance des enfants au milieu du chaos sera, plus l’esprit de la guerre conduira l’humanité au bord du précipice.

Suspendre le financement de l’UNRWA, c’est la complexité géopolitique dans sa valeur de guerre. Si la valeur se place au niveau de la paix, la souffrance endurée par les enfants de Gaza devient insupportable, et nous prive nous-mêmes de liberté par la conscience universelle.

La liberté ne peut vivre dans l’injustice. Une humanité sur une Terre. Les actes humains sont liés les uns aux autres. Aucun politique ne peut défaire cela. La fraternité est un lien indéfectible.

Diviser, c’est un des pires actes de la politique. Tout sur Terre se multiplie. L’humain est la somme de tout le vivant. Une lourde responsabilité qui nous impose de protéger la vie, le plus fragile.

Le sens de justice, c’est le visage de la paix donnant à la liberté sa réalité. L’aide humanitaire n’est pas optionnelle, elle est vitale.

Nous existons par notre humanité. Elle est en tout, elle éclot lors de notre naissance qui vient au monde par la liberté, le visage de la paix. C’est l’infinie douceur de la Terre qui rend la vie possible. C’est par ce regard porté que l’on écoute la liberté, voit la justice, l’humanité.

La politique a élaboré le mensonge car elle s’impose en puissance sur le monde et tient à faire de lui son corps, à posséder chaque coin de son paradis. Nul espace n’est libéré de la politique. C’est la première guerre. Elle implique de dominer la vie. L’humanité s’est trompée de chemin en créant la politique. Elle aurait dû suivre le mouvement de la liberté pour atteindre l’équilibre, l’apaisement, la réconciliation à l’image de la nature dont tous les éléments sont réconciliés, en parfaite osmose et permettant ainsi au monde vivant de s’épanouir.

La Terre a eu une vie avant nous et une multitude de paysages, de renaissances, du feu à l’eau ayant su l’un et l’autre s’entendre, se séquencer dans un mouvement que l’humain ne peut égaler. L’eau maintenant la puissance de la vie, se faisant son refuge, accueillant l’immensité de la création.

L’humain devrait être humble. Il devrait prendre conscience que toutes ses inventions sont mécaniques, mais qu’elles ne peuvent pas créer la vie, la faire perdurer durant des millénaires au sein de l’univers. Il ne peut pas créer l’infiniment petit dans l’infiniment grand : la Terre, une île dans l’univers, qui porte le miracle de la vie.

La vie, les enfants sont précieux et ne peuvent être victimes de la guerre. Elle devrait être abolie, interdite. Comment est-ce possible de bombarder des zones urbaines peuplées, de tuer des milliers de civils, de décimer des familles et d’appeler des enfants sacrifiés, des « victimes collatérales » ?

Aujourd’hui, il est urgent d’avoir des actes clairs, vitaux et d’exiger la fin de la guerre.

« Pour le dire simplement : cette guerre doit s’arrêter », a déclaré Martin Griffiths.

Fédora Hélène

Le 11 janvier 2024, dans un centre d’hébergement situé dans la zone industrielle de Khan Yunis, dans le sud de Gaza, Mays, 13 ans, assise dans un fauteuil roulant en raison d’une blessure à la jambe, montre à l’appareil photo une photo de son téléphone, capturant des souvenirs de ses jours d’école avant sa blessure. © UNICEF/UNI501859/El Baba

ßMays, âgée de 13 ans, s’est exprimée auprès du porte-parole de l’ UNICEF, Tess Ingram, « J’avais des brûlures sur le corps. Ma jambe était gravement cassée et est maintenant maintenue par ces épingles. Les épingles pénètrent dans l’os. Ça fait toujours mal, tous les jours. Un soldat a appuyé dessus une fois alors que j’essayais de traverser depuis le nord. Mon nerf facial a également été endommagé, une partie de mon visage est donc paralysée et cela affecte mon élocution. »

Copyright ©️ LiberTerra 2024 – Tous droits réservés  – Tous droits de production et de diffusion réservés

Laisser un commentaire