
Urgence sanitaire à Gaza : Risque de poliomyélite et crise de santé nécessitent une intervention humanitaire immédiate
Le 16 juillet 2024, les résultats des échantillons prélevés le 23 juin dans les eaux usées à Gaza ont révélé la présence du poliovirus dans six prélèvements environnementaux de Khan Younis et de Deir al-Balah.
Depuis le début du mois de mai, près d’un million de personnes déplacées sont réfugiées dans la zone où les échantillons contenant le poliovirus ont été prélevés. La bande de Gaza s’étend sur 365 kilomètres carrés, où vivent environ 2,3 millions de personnes, l’accès limité à l’eau potable, la détérioration des conditions sanitaires, les déplacements répétés et importants de population, ordonnés par Israël, exposent des milliers d’enfants souffrant de malnutrition, ce qui les rend plus vulnérables aux maladies, et en particulier les plus jeunes, âgés de moins de deux ans et qui n’ont pu être vaccinés du fait du conflit, au risque d’infection.
Cette situation est due à la destruction des infrastructures de traitement des eaux usées et d’hygiène, ainsi qu’à l’effondrement de quartiers entiers et au démantèlement des systèmes de santé. Depuis, les frappes israéliennes, seuls 16 hôpitaux sur les 36 à Gaza fonctionnent, mais avec desservices réduits.
L’eau potable vitale a été pratiquement anéantie à Gaza. 70 % des pompes à eaux usées de Gaza ont été détruites et plus une seule station d’épuration ne fonctionne. Le développement d’épidémies trouve un environnement propice dans le chaos généré à Gaza par les frappes israéliennes dévastatrices.
Les enfants, fragilisés par des conditions de vie extrêmement éprouvantes et par l’impossibilité d’accéder aux soins, sont particulièrement exposés aux risques que représentent les maladies et la propagation des épidémies.
La couverture vaccinale était avant le conflit de 99 %. Aujourd’hui, elle est tombée à 86 %, « un niveau dangereux », alerte l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), car à l’intérieur des zones peuplées, où le virus peut circuler, des enfants ne sont pas vaccinés, ou ne peuvent recevoir la deuxième dose de vaccin pour les protéger.
L’état catastrophique de la situation à Gaza et la pénurie de fournitures médicales ont empêché les campagnes de vaccination, privant ainsi les enfants de nombreux vaccins vitaux.
Les enfants sont pris au piège à Gaza et n’ont aucun endroit sûr où se réfugier. Les soignants, quant à eux, subissent un contexte désastreux pour pratiquer des analyses biologiques des eaux usées, détecter des maladies mortelles et soigner les gens. Aujourd’hui, ils risquent leur vie pour exercer leur métier, dépassant chaque jour les obstacles qui se dressent devant eux.
Leur travail, incroyable de force et de résilience, a permis de détecter la poliomyélite, avant qu’uneépidémie de poliomyélite paralytique ne se déclare à grande échelle.
Deux campagnes de vaccination doivent être mises en place dès la fin du mois d’août et se poursuivre en septembre dans la bande de Gaza pour prévenir de la propagation du poliovirus de type 2 en circulation (cVDPV2).
Plus de 1,6 million de doses de nOPV2, utilisées pour stopper la transmission de cVDPV2, seront livrées dans la bande de Gaza. Les vaccins et les équipements de la chaîne du froid devraient arriver par l’aéroport de Ben Gurion avant d’être acheminésdans la bande de Gaza fin août.
Il est essentiel que le transport des vaccins et du matériel médical soit facilité, garanti et sécurisé durant toutes les étapes du voyage, afin que soit assuré leur réception et leur autorisation pour une livraison sans retard pour le commencement de la campagne.
Une urgence : un cas de polio a été identifié sur un bébé de 10 mois, à Gaza. Par ailleurs, trois enfants présentent une suspicion de paralysie flasque aiguë (AFP), un symptôme courant de la poliomyélite, cas signalés dans la bande de Gaza. Des échantillons de prélèvements ont été transmis pour test au laboratoire nationale de la poliomyélite de Jordanie.
Il est crucial que soit adopté dès la semaine prochaine lors des négociations au Caire, selon le communiqué commun du Qatar, de l’Égypte et des États-Unis, un cessez-le-feu de six semaines, qui dans l’objectif de la paix universelle, doit aboutir à un arrêt permanent du conflit pour sauver des vies.
Les vaccinations seront effectuées dans un contexte très instable, de grande vulnérabilité des personnesvivant dans un environnement dévasté par les bombardements israéliens. L’ampleur de la tâche exige des « pauses humanitaires vitales » alerte l’OMS.
L’OMS et l’UNICEF demandent des « pauses humanitaires » dans la bande de Gaza pendant sept jours pour permettre la mise en place de la campagne de vaccination. Les combats doivent cesser pour permettre aux familles de rejoindre en toute sécurité les établissements de santé et pour que les personnels de proximité communautaire puissent atteindre les enfants qui ne peuvent se déplacer pour se faire vacciner contre la poliomyélite.
Les organismes onusiens préviennent : « Sans les pauses humanitaires, la réalisation de la campagne ne sera pas possible. » Le Directeur général de l’OMS, le Dr Tedros, déclare, « face aux dangers et aux difficultés considérables, la communauté internationale a la responsabilité de ne laisser personne de côté et de donner la priorité à la santé et au bien-être. »
À Gaza, les enfants sont en grande vulnérabilité, « c’est pourquoi l’Organisation mondiale de la Santé envoie à Gaza plus d’un million de vaccins contre la poliomyélite qui seront administrées dans les prochaines semaines pour éviter que les enfants soient frappés par la maladie. Cependant, en l’absence d’un cessez-le-feu immédiat et d’une accélération considérable de l’aide humanitaire, notamment une campagne de vaccination ciblant les jeunes enfants, des personnes continueront de mourir de maladies évitables et de traumatismes pouvant être soignés », déclare le Dr Tedros.
Les organismes onusiens ont finalisé le programme de vaccination pour accompagner les vaccinateurs et les personnes mobilisées pour atteindre les enfants admissibles dans toute la bande de Gaza.
Pour la vaccination, 708 équipes ont été mobilisées, y compris dans les hôpitaux, les hôpitaux de campagne et les centres de soins de santé se trouvant dans chaque municipalité de la bande de Gaza.
Les deux cycles de campagne seront soutenus par environ 2700 travailleurs de santé, par également des équipes mobiles, ainsi que par des travailleurs de la sensibilisation communautaire. La population recevra des informations visant à sensibiliser sur les risques de transmission et sur les bons gestes à adopter pour atténuer les risques d’infection.
L’OMS informe que pour prévenir la propagation de la poliomyélite et réduire le risque de répartition, il est nécessaire d’assurer au moins 95 % de la couverture vaccinale au cours de chaque cycle de la campagne, compte tenu de l’état dramatique des systèmes de santé, d’eau et d’assainissement dans la bande de Gaza.
La réussite de la campagne demande également que soit assuré les besoins financiers, en carburant, et que les réseaux de télécommunication soient opérationnels pour atteindre les communautés avec des informations sur la campagne de vaccination.
Depuis 25 ans, la bande de Gaza était exempte de polio. Sa réapparition représente une autre menace pour les enfants de Gaza et les pays voisins. Le conflit a anéanti tous les efforts déployés pour garantir une bonne couverture vaccinale dans la bande de Gaza, auprès de l’ensemble de la population, avant qu’il n’éclate en octobre 2023.
Le conflit a fait chuter le niveau de la couverture vaccinale de routine de 99 % en 2022 à moins de 90 % au premier trimestre de 2024, ce qui augmente le risque de maladies évitables par la vaccination chez les enfants.
Un risque de propagation du cVDPV2, dans la bande de Gaza et au niveau international, reste important en raison de la grande fragilité du système immunitaire des enfants éprouvés par la faim, la soif, épuisés par des déplacements forcés, par la décimation des systèmes de santé et d’hygiène.
Une situation tragique qui a provoqué le risque de propagation de maladies évitables comme des cas de diarrhée, de rougeoles, d’infections respiratoires aiguës, d’hépatite A et de maladies de la peau chez l’enfant.
La campagne de vaccination contre la poliomyélite est de la plus haute importance et à chaque cycle de la campagne, le ministère palestinien de la Santé (MoH), en collaboration avec l’OMS, le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), l’Office des Nation Unies de secours et de travaux pour les réfugiés de Palestine (UNRWA) et ses partenaires, donnera deux gouttes du nouveau vaccin antipoliomyélite oral de type 2 à plus de 640 000 enfants de moins de 10 ans.
« Tant qu’un seul enfant reste infecté, les enfants de tous les pays sont à risque de contacter la poliomyélite », alerte l’OMS. Une épidémie de poliomyélite qui se déclare à un endroit pourrait entraîner une résurgence mondiale de la maladie, souligne l’organisme.
« Pauses humanitaires » : sauver des vies est une exigence fondamentale que la communauté internationale doit appuyer de toutes ses forces.
La guerre a provoqué à travers le monde des événements similaires de résurgence d’épidémies. Dans les années 1980, lors de la guerre civile au Salvador, ou lors du conflit dans la région soudanaise du Darfour au début du 21e siècle, des « pauses humanitaires », appelées alors « jours de tranquillité » ont été négociés pour mettre la guerre en pause et permettre la livraison de vaccins aux populations piégées dans des zones inaccessibles au cœur de la guerre.
La guerre et son cortège de cruauté, dont la poliomyélite qui en résulte, sont des événementsdonnant à réfléchir sur la nécessité d’interdire la guerre et de bâtir l’universalité de la paix.
Réfléchir : le Dr Tedros, Directeur général de l’OMS, souligne, « Aujourd’hui, la détection de la poliomyélite à Gaza est un nouveau rappel qui donne à réfléchir sur les conditions désastreuses auxquelles les gens sont confrontés », précisant, « non seulement la poursuite du conflit ne fera pas qu’aggraver le nombre de morts sur le territoire, mais elle entravera aussi les efforts visant à identifier les menaces sanitaires comme la poliomyélite, et à y répondre. »
Un cessez-le feu est la seule solution pour mettre en œuvre immédiatement la campagne de vaccination pour vacciner chaque enfant contre la poliomyélite.
« Le monde nous regarde. La grande question est : quand va-t-il agir ? » déclare le Dr Tedros.
Ne faisons pas de la reprise le 1er septembre, une reprise ordinaire, indifférente et courant vers les biens éphémères et l’individualisme, alors que le monde pleure, que chaque jour les enfants de Gaza vivent le chaos généré par le système : les ventes d’armes, une industrialisation sans limites, une oppression qui ordonne la guerre.
Le monde pleure – ce monde est le nôtre, ce sont nos larmes. Il est vital que les peuples se mobilisent pour la paix, qu’ils exigent des puissants qu’ils déposentles armes, et qu’ils laissent le monde libre de vivre, les enfants de Gaza, libérés de la guerre.
Fédora Hélène

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