Dans un monde où l’eau est source de vie, elle devient en Palestine l’arme impitoyable d’un génocide en cours, comme le dénonce Human Rights Watch, rappelant que priver un peuple de ses resources essentielles n’est pas seulement un crime de guerre, mais une attaque méthodique contre l’humanité elle-même.

Gaza – Quand l’eau devient une arme de guerre
Le 7 octobre 2023, un drame terrible frappe Israël, choque le monde entier, brise des vies innocentes. Une magnifique jeunesse, des familles tombent sous les balles et violences de groupes armés palestiniens, dont les Brigades Qassam, dirigés par le Hamas et des civils sont pris en otages. Human Rights Watch constate qu’il s’agit de crimes de guerre et crimes contre l’humanité.
Les premières victimes de la violence extrême de la politique sont des civils israéliens et palestiniens. Le 7 octobre 2023 entre dans le chaos. Les déclarations du ministre de la Défense Yoav Gallant et les autorités israéliennes ne laissent pas de place au doute, les innocents à Gaza, civils, y compris des femmes et des enfants, vont payer un lourd tribut.
L’injustice enchaîne la raison, la haine s’étend, l’envie de vengeance grandit immédiatement, la souffrance jaillit et embrase Gaza.
« Il n’y aura pas d’électricité, pas de nourriture, pas d’eau, pas de combustible, tout est fermé », annonce sans attendre Yoav Gallant. Un « siège complet » de Gaza est ordonné. Les civils palestiniens sont enfermés dans Gaza. Ce sont des ordres de mort qui envahissent la Palestine. L’eau et la nourriture deviennent des armes de guerre, tout s’applique comme déclaré par les autorités palestiniennes.
Une guerre de la terreur évitable, les décideurs au niveau international n’ont pas œuvré avec force pour la paix.
2021 – La préfiguration d’une tragédie
En 2021, alors que la pandémie de Covid contraint le monde, les plus vulnérables basculent toujours plus dans la pauvreté, la crise israélo-palestinienne s’aggrave, et les bombardements israéliens frappent Gaza en pleine pandémie. Antonio Guterres, Chef de l’Onu alerte, « trop de civils innocents sont déjà morts » écrit-il sur Twitter. Il prévient aussi, « ce conflit ne peut qu’accroître la radicalisation et l’extrémisme dans toute la région ».
Le Bureau de la coordination des affaires (OCHA) émet un bilan du 10 au 14 mai 2021, de 83 Palestiniens tués et de 487 blessés, ainsi que de 7 Israéliens tués. L’UNICEF fait état de 31 enfants tués à Gaza et de deux enfants tués en Israël, dont 29 enfants Palestiniens blessés et huit enfants palestiniens arrêtés. Lucia Elmi, Représentante de l’UNICEF pour la Palestine et Ted Chaiban, Directeur pour le Moyen-Orient, déclarent alors « L’UNICEF exhorte les autorités israéliennes à s’abstenir de recourir à la violence contre les enfants et à libérer tous ces enfants détenus ».

Les forces israéliennes s’en prennent également dès 2021 aux écoles de l’UNRWA et Matthias Schmale, Directeur de l’UNRWA, annonce à cette époque sur Twitter que huit enfants scolarisés dans ces écoles ont été tués, tandis que des école et le siège de L’UNRWA ont été touchés par des opérations militaires.
À Gaza, plus de 200 habitations ont été détruites, des coupures d’eau et d’électricité ont eu lieu, une clinique mobile a été frappée et fouillée, et l’UNICEF a constaté que des ambulances étaient empêchées de se rendre auprès des blessés pour les évacuer. L’accès à l’aide humanitaire a été entravé, l’accès à l’eau a été limité pour plus de 230 000 personnes de Gaza et de Khan Younis. Des réseaux d’eaux usées ont été endommagés provoquant l’écoulement d’eaux insalubres dans les rues en période de pandémie. C’est dans ce contexte dramatique qu’environ 150 femmes ont accouché chaque jour à Gaza, selon l’UNFPA.
En 2021, les forces israéliennes ont endommagé 53 écoles, 6 hôpitaux, 11 centres de santé et le laboratoire central d’analyse Covid. Ce sont également plus de 770 habitations détruites, plus de 258 bâtiments, cinq lignes d’électricité détruites, entraînant une baisse du courant d’environ 45 %.
Le mode opératoire des forces israéliennes était déjà en place à Gaza en 2021, il a été poussé à son paroxysme dès le 7 octobre 2023.
La diplomatie de la paix absente de la géopolitique
Les missions diplomatiques auraient dû être appuyées par la communauté internationale, former une opposition forte contre la déshumanisation de Gaza, et rappeler toutes les parties à la valeur de la paix contre la haine. Il aurait été d’établir un dialogue international, une veille permanente, et ne pas abandonner des populations. Ce qui devait être également pour l’Ukraine. Les intérêts commerciaux, les livraisons d’armes n’auraient jamais dû être la priorité, ni la perspective de l’extension du conflit armé de Gaza à la région.
La préméditation de la guerre, des stratégies d’attaques, des oppressions conduisent à la réalité de la destruction. Ce sont les enfants Palestiniens qui ont leurs droits humains bafoués, leur espoir déchiré, leur paix dévastée.
La géopolitique dépourvue du respect absolu des droits de l’homme, du droit international humanitaire, de la protection des civils, d’une force diplomatique pluridisciplinaire et multilatérale, n’est qu’une stratégie de guerre.

Objectif de guerre : Destruction de Gaza . Privation de l’eau : une stratégie mortelle
Le rapport de Human Rights Watch, intitulé « Le crime d’extermination, actes de génocide à Gaza » impose dès ces premiers mots la douleur que l’histoire porte à présent de manière irrémédiable.
Les bombardements intensifs israéliens ont au premier jour sonné le glas, et fait de Gaza un cimetière. Les jours suivants jusqu’à aujourd’hui, il a été la poursuite manifeste de la destruction de Gaza par de bombardements conçu pour creuser l’abîme. On pourrait comparer les actions de l’autorité israélienne à la volonté de créer un trou noir en Palestine, laissant le néant happer toute vie, faire disparaître une terre, ses champs de cultures, ses sites historiques et archéologiques, effacer toute mémoire de la Palestine, ne laisser d’un désert abreuver par le sang des innocents.
Le crime d’extermination remplace l’eau par le sang. Il n’est pas comme unique moyen le visible des bombardements déchirant les petits corps d’enfants pour effondrer un peuple. Il y a le silence de la soif, de l’eau qui ne coule plus, ne chante plus. Distiller le désespoir en terrorisant en faisant de l’eau : une arme.

La privation d’eau, un acte cruel qui donne la mort
L’eau est un miracle qui a émancipé la Terre, a permis à la nature de s’épanouir, à l’humanité de prospérer. L’eau, source de vie, est un bien précieux, vital et ne répond qu’à une seule loi : la générosité. Elle appartient à la nature, à tous, constitue un bienfait universel. Détourner sa vocation de protéger nos vies, notre environnement, la biodiversité, c’est la négation du développement de la vie sur Terre.
En ordonnant la privation d’eau, les autorités israéliennes menacent la survie des Palestiniens. L’eau en arme de guerre définit la volonté des autorités israéliennes d’infliger « délibérément » des conditions de vie calculées pour provoquer « la destruction d’une partie de la population de Gaza en y privant intentionnellement les civils palestiniens d’un accès adéquat à l’eau, entraînant très probablement des milliers de morts » définit le rapport de Human Rights Watch.

Palestinians returning to Khan Younis after the withdrawal of Israeli forces, pull water containers to meet their vital needs under catastrophic conditions on May 6, 2024.© 2024 Ali Jadallah/Anadolu via Getty Images
Les bombardements massifs sur les zones peuplées à Gaza ne sont pas les seuls faits constituant des actes de génocide, la privation généralisée de l’eau rendent les autorités israéliennes responsables du crime contre l’humanité de l’extermination et des actes de génocide, conclut HRW.
L’annonce dès octobre 2023 des autorités israéliennes de couper la population de Gaza des besoins vitaux en eau et en alimentation, aurait dû faire immédiatement réagir les décideurs politiques, gouvernements, l’Union européenne. L’HRW souligne ce fait toujours absent de la communauté internationale, « Les gouvernements et les organisations internationales devraient prendre toutes les mesures pour prévenir le génocide à Gaza, y compris la cessation de l’assistance militaire, l’examen des accords bilatéraux et des relations diplomatiques ». Les sanctions contre Israël sont toujours inexistantes, et les livraisons d’armement se poursuivent.
Les accords commerciaux, financiers n’ont pas cessé, comme la diplomatie est restée dans un sommeil profond face à l’ampleur de la catastrophe humanitaire, aux conditions de vie déchirantes des enfants de Gaza, de familles décimées, d’enfants tués, chassés par des drones.
Des stratégies de destruction de la Palestine
La technologie permet des armes tuant avec précision, et l’utilisation d’armes toujours plus dévastatrices. Il s’y ajoute contre Gaza des stratégies d’épuisement de la population par la faim, la soif, la destruction des hôpitaux, le blocage de l’aide humanitaire. Cela devrait interroger toute la communauté internationale, ainsi que les populations, et faire prendre conscience qu’au niveau mondiale, la géopolitique n’intègre pas le respect de l’humain.
La vie ne semble plus être au centre des priorités. La géopolitique impose une inégalité dangereuse entre les différentes populations. Les êtres humains sont classés en fonction de leur richesse financière, de leur religion, de leur culture, de l’identité de leur naissance dans un pays riche ou pauvre, dans une famille aisée ou précaire. Les organisations politiques suivant ce modèle se structurent par les éléments de pensée amplifiant les discriminations, le racisme, le colonialisme. C’est une continuité civilisationnelle, une société de commerce oubliant la valeur suprême de la vie.
La guerre découle d’un mental enfermant l’humanité dans un monde dystopique qui a commencé, et qui n’est pas uniquement à venir.
La paix doit revenir la priorité et être au centre de toutes les décisions.
L’eau chassée de Gaza méthodiquement
Des mères allaitantes n’ont pu avoir accès à l’eau, des bébés, des enfants ont souffert de cette extrême privation, des bébés sont décédés de déshydratation sans que la communauté internationale ne prennent les mesures nécessaires pour mettre fin à ces actes de génocide.

« L’eau est essentielle pour la vie humaine, mais depuis plus d’un an, le gouvernement israélien prive délibérément les Palestiniens de Gaza du strict minimum dont ils ont besoin pour survivre », a déclaré Tiran Hassan, directrice exécutive de Human Rights Watch. Elle précise qu’ « il ne s’agit pas seulement de négligence ; c’est une politique de privation calculée qui a entraîné la mort de milliers de personnes à cause de la déshydratation et de la maladie qui n’est rien de moins que le crime contre l’humanité de l’extermination, et un acte génocidaire ».
Anéantissement des ressources d’eau
L’OMS estime que les besoins quotidiens minimaux en eau pour une personne se situent entre 50 et 100 litres par jour. À Gaza, depuis octobre 2023, les habitants survivent avec seulement 2 à 9 litres d’eau par jour, couvrant leurs besoins pour boire, cuisiner et se laver.
À titre d’indication, les données de 2020 évaluent la consommation en eau par personne et par jour en Israël à 247 litres.
Lors du conflit à Gaza en 2021, les autorités israéliennes avait déjà procédé à la privation généralisée de l’eau en limitant la consommation d’eau par personne et par jour à 83 litres.

Israël ne respecte pas les mesures ordonnées par la Cour internationale de Justice
Dès le 7 octobre, les forces israéliennes ont coupé méthodiquement l’alimentation en eau de Gaza, tout en limitant l’accès au carburant, à la nourriture, à l’aide humanitaire, une situation qui perdure encore aujourd’hui.
La Cour Internationale de Justice (CIJ) a publié des mesures provisoires en janvier, mars et mai 2024, concernant l’application de la convention sur la prévention et la répression du crime de génocide dans la Bande de Gaza, en ordonnant à Israël de cesser immédiatement tout acte et toute mesure qui « seraient susceptibles de tuer ou de continuer à tuer des Palestiniens », indiquant également demander à Israël de cesser de causer des traumatismes graves, des dommages corporels ou mentaux graves aux Palestiniens.
Les autorités israéliennes n’ont pas respecté, ni appliqué les ordres énoncés par la CIJ.
En juillet 2024, Oxfam a publié un rapport intitulé : « Water war crime » déclarant que Gaza subissait une « catastrophe sanitaire mortelle ». L’effondrement des ressources en eau à Gaza est de l’ordre de 94 %.
Le réchauffement climatique a aggravé les conséquences de la privation d’eau et rappelle que l’eau est un bien commun universel.

L’eau interdite d’entrer dans Gaza
Depuis le 7 octobre, tous les trois jours, cinq sites d’assainissement et d’approvisionnement en eau sont détruits, faisant chuter la production d’eau de 84 %. D’autre part, l’approvisionnement externe en eau par la compagnie israélienne Mekorot a diminué de 78 %.
Les pompes d’eaux usées ont été détruites à 70 %, et 100 % des usines de traitement des eaux usées ont été décimées. Les eaux insalubres se déversent dans les zones peuplées augmentant le risque de maladie et d’épidémie. Les eaux de pluie amplifient les risques d’infections et la propagation de virus et de bactéries, alors que la population vit dans des abris d’urgence, dans les décombres, que des enfants dorment à même le sol.
Les possibilités d’analyser l’eau ont été anéanties par la destruction des laboratoires d’analyses de la qualité de l’eau à Gaza. Le matériel d’analyse de l’eau envoyé par Oxfam a été bloqué par les forces israéliennes.
La ville de Gaza est privée de ses capacités de production d’eau par la destruction de 88 % des puits et 100 % des usines de dessalement ont été endommagées ou détruites. Human Rights Watch déclare détenir des preuves montrant que « les forces terrestres israéliennes contrôlaient les zones à l’époque, ce qui indique que des destructions étaient délibérées ». D’autre part, HRW indique avoir constaté que « les forces israéliennes avaient délibérément attaqué et endommagé ou détruit plusieurs grandes installations d’approvisionnement en eau, d’assainissement et d’hygiène » (WASH).
Les images satellites montrent la destruction des différents moyens de production de l’eau et des infrastructures d’assainissement. L’ONU souligne que dans le nord de Gaza, durant cinq mois, entre novembre 2023 et avril 2024, la population n’avait plus accès à l’eau potable.

Conséquences catastrophiques de la privation d’eau sur la santé des Palestiniens
Parallèlement, la destruction des services de santé de Gaza, le blocage des fournitures médicales, a laissé la population dans une grande souffrance en entraînant l’impossibilité de soins de santé pour les cas confirmés de maladie. L’effondrement des soins de santé de Gaza n’ont pas permis d’enregistrer, de signaler et de suivre tous les cas de maladie et de décès pouvant « être liés à des maladies d’origine hydrique, à la déshydratation et à la famine ». Cependant, HRW a mené des entretiens avec différents experts, professionnels de santé, épidémiologistes pour estimer qu’il est probablement des milliers de personnes qui sont mortes à la suite des actions des autorités israéliennes.
Des décès qui ne sont pas pris en compte et qui s’ajoutent au plus de 44 000 personnes tuées par les bombardements, tirs, enregistré par le ministère de la Santé de Gaza.
Le rapport de HRW souligne que des centaines de milliers de personnes ont contractée des maladies, ont des problèmes de santé à cause de la privation d’eau potable, et par les eaux insalubres provoquant des maladies comme la diarrhée, l’hépatite A, des maladies de peau et des infections respiratoires. Une privation extrême de l’eau aux graves conséquences par les femmes enceintes et allaitantes, les nourrissons et les personnes handicapées.

L’apartheid mis en cause continue
Le rapport souligne également que Gaza subit un blocus par le gouvernement israélien depuis plus de 17 ans, ainsi que la fermeture de la bande de Gaza, ce qui signifie la volonté de « sanction collective » de la population civile, et que la poursuite de cette situation constitue un crime de guerre. Bloquer les Palestiniens dans Gaza, la fermeture de la Bande de Gaza, les persécutions commises par les forces israéliennes contre les Palestiniens font parties des crimes d’apartheid et de persécution, souligne HRW.
La problématique de l’apartheid et des persécutions contre les Palestiniens a été étudiée en 2021 dans un rapport de HRW soulignant les actes inhumains et actes de violations des droits fondamentaux commis par les autorités israéliennes. Depuis 1967, les Palestiniens subissent la confiscation de terres, le non-respect de leurs droits fondamentaux. D’autre part, plus de 700 000 Palestiniens ayant fui ou ayant été expulsés en 1948 ont l’interdiction, ainsi que leurs descendants, de revenir en Israël ou dans le territoire palestinien occupé.
Des centaines de milliers de Palestiniens sont exclus de leur terre, et actuellement, les Palestiniens à Gaza subissent des actes de génocide.
Fédora Hélène

Copyright ©️ LiberTerra 2024 – Tous droits réservés – Tous droits de diffusion et de production réservés
