
COP 30, Belém (Brésil) – 2025 : au cœur de l’Amazonie, respiration de l’humanité dans un pays où l’air et l’eau se conjuguent, véritables éléments vivants et fondamentaux.

Le Brésil accueille une large partie de l’Amazonie, qui recouvre 61 % de son territoire, soit environ 5,2 millions de km². Selon un rapport sénatorial, près de 20 % des réserves mondiales d’eau douce se trouvent dans l’Amazonie brésilienne. Cette richesse exceptionnelle est le berceau de 15 % des espèces de faune et de flore de la planète.
Le Brésil possède ainsi un trésor de biodiversité, une puissance de vie qui devrait inspirer la COP 30, lui insuffler un élan de joie, de dynamisme, et conduire à l’unité des voix pour protéger le monde vivant.
La France s’unit à cet objectif commun et se fait porte-drapeau de la chance inestimable d’unir les forces internationales pour un bien commun : la nature.
Elle partage 730 km de frontières terrestres avec le Brésil, une proximité géographique rare, qui rappelle que les alliances naturelles de fraternité doivent primer. Elles doivent permettre de lutter efficacement contre la pauvreté et de préserver une jeunesse qui, en héritage, reçoit un défi majeur : affronter le réchauffement climatique.
L’Accord de Paris, la réduction des émissions mondiales de gaz à effet de serre, le non-dépassement de 1,5 °C. Ces engagements écologiques ont-ils encore l’espoir d’une réalité durable ?

C’est à la COP 30, au cœur de Belém, que cette question trouve son épreuve de vérité. Là où se rencontrent les nations, les fractures, les espoirs et les urgences ; là où l’Amazonie respire pour le monde ; là où les peuples autochtones rappellent que l’argent ne se mange pas ; là où les tensions Nord-Sud révèlent l’architecture fragile d’un avenir à construire ensemble.

Voici le temps des décisions, des choix irrévocables, des responsabilités partagées.
La COP 30 devient plus qu’un sommet : elle est le miroir des sociétés humaines face au bouleversement climatique. Elle porte l’attente d’un sursaut, d’une unité, et de la reconnaissance que la justice climatique n’est pas un slogan, mais la condition même de notre avenir commun.
La COP 30 n’est pas seulement un sommet climatique : c’est un révélateur de nos fractures économiques, morales et humaines.
L’accueil, première fraternité
« Profitez de la joie, de la beauté, du charme, de l’affection et de l’amour des hommes et des femmes qui vous accueilleront », invite le président Lula à l’ouverture de la COP 30, à Belém, dans l’État du Pará, au Brésil, ce 1ᵉʳ novembre 2025.
Dix ans après l’Accord de Paris qui tente, avec espoir, de réaliser les vœux climatiques par la bonne volonté de tous. L’harmonie des pays entre eux, la réconciliation de l’humanité, libérée de la pauvreté, des inégalités, des violences d’un monde sous l’emprise du verbe prédater, mettant en souffrance le verbe aimer.

Le président Lula ouvre son discours en rendant hommage à l’accueil exceptionnel qu’offrent à tous des hommes et des femmes « incroyablement heureux et très polis qui s’occuperont de vous ici dans cette ville comme vous n’avez jamais été pris en charge auparavant ».
Prendre soin des uns et des autres, accueillir par la bonté et la confiance, la gentillesse et son sourire précieux. C’est le commencement de la solidarité : ressentir et partager une joie. Considérer l’autre par la confiance et l’estime. Faire de chacun quelqu’un de précieux, aimer rencontrer les différences, les cultures, apprendre de la complexité de l’humanité, de son immense jardin de savoir. La capacité de créer les arts, la science, la technologie, en travaillant ensemble à la prospérité de l’humanité, en sachant respirer un air pur et boire de l’eau douce et potable, ce miracle quotidien.
La COP 30, une responsabilité universelle
La COP 30 a cette responsabilité de s’ouvrir pour l’avenir d’hommes et de femmes à travers le monde, et des enfants, source de joie, de prospérité, de paix universelle. Ni riches, ni pauvres : juste des enfants heureux tenant la main d’un autre enfant d’un autre continent. Une chaîne de fraternité, c’est ce que devrait placer en son cœur la COP 30.
Ne pas quitter des yeux la fraternité, faire des échanges la communion entre le Nord et le Sud, entre pays industriels et riches et pays en voie de développement. Être ensemble, le fondement de la COP : unir nos voix pour vivre.

La volonté politique est avant tout une volonté humaine
« Quand il y a une volonté politique, quand il y a un désir et quand il y a un engagement envers la vérité, nous prouvons que rien n’est impossible pour l’humanité. L’impossible est de ne pas avoir le courage de relever les défis », a déclaré le président Lula à l’ouverture de la COP 30.
Ce qui est possible à l’humanité fragile, cédant à ce qui l’enferme et ouvre son âme à subir les coups prédateurs d’une illusion : l’argent qui conduit le monde à sa tragédie. Pour ne pas périr, on supplie le pouvoir financier liant les hommes entre eux, oubliant leur fraternité. Le monde soutenu par les banques, ce péril des océans, des forêts, rappellent les peuples autochtones. Et, l’on espère que ce monde de la finance qui détruit nous sauvera. Une dualité constante de nos sociétés.
Investir pour le vivant et sa protection.
En 2024, le financement mondial du climat par les banques multinationales de développement (MDB) a atteint un record de 137 milliards de dollars, soit plus 10 % par rapport à 2023.
Une mobilisation financière qui précède la COP 30 et définit son objectif : l’expansion du financement climatique.
Faire progresser le développement durable dans le monde entier exige d’investir massivement dans les énergies renouvelables, les villes vertes, les transports propres et l’agriculture durable. À la COP 30, les négociations doivent placer au premier plan deux enjeux absolument vitaux pour l’humanité : la sécurité alimentaire et l’accès à l’eau. Ces priorités, essentielles à la vie, rejoignent les appels des peuples autochtones, venus faire entendre leur voix, leur vigilance et parfois leur colère légitime face aux menaces pesant sur leurs terres et sur le vivant.

Les négociations : entre finance et urgence climatique
De longues négociations, les dialogues de confiance difficiles entre les pays, souligna la délégation française à Belém, travaillant à trouver un accord commun entre les quatre axes majeurs : finance, commerce, rapport de transparence et capacités d’adaptation de chacun face au réchauffement climatique et à l’instabilité planétaire.
Un mot résume ces nuances de pouvoir : l’argent. Le nerf de la guerre et jamais le moyen de la paix. L’argent puisé dans les forces humaines des travailleurs exploités à travers le monde, à travers la biodiversité en détresse, les ressources naturelles s’épuisant.

Le cercle infernal
Le cercle infernal : décider de sommes allouées à une cause commune et vertueuse en produisant ce qui annule tout secours. L’investissement exigera toujours plus de rentabilité, de production, de concurrence, de pays dominants, de multinationales puissantes, et chaque milliard construira un mur supplémentaire.
Humain, qu’as-tu fait de ton humanité ?

Unir nos voix pour survivre
La Terre a enclenché un mouvement climatique que nos activités humaines accélèrent. Face à ce bouleversement planétaire, un impératif s’impose : unir nos voix pour trouver des solutions.
Le changement climatique implique le devoir de réconciliation de l’humanité avec elle-même, par la paix universaliste scellant la solidarité dans l’existence de chacun. Chaque vie est précieuse, chacun a le droit de vivre en paix et en sécurité, chacun a le droit d’être respecté et aimé, d’être accueilli dans la communauté internationale que les sociétés forment.
Tous humains, tous égaux
Tous humains, tous égaux : cette évidence de fraternité est profondément blessée par les crises humanitaires, la pauvreté, les conflits armés qui excluent la possibilité d’une paix durable et de réconciliation. Pourtant, ces valeurs sont essentielles à la survie même de l’humanité.
Un mouvement de guerre ne peut porter la paix, et chaque jour il tue des vies innocentes. L’industrialisation massive, les multinationales, l’autoritarisme, l’enrichissement d’une minorité dominant par l’exploitation des ressources naturelles, par l’utilisation de l’humain en valeur de rentabilité, épousent un mouvement contraire à la paix et s’alignent sur celui accélérant le bouleversement climatique.

Le mouvement des peuples : une autre voie
Face à ces logiques destructrices, un autre mouvement s’élève : celui des peuples. Le Sommet des peuples invite la sincérité à être le dialogue de la COP 30. Prendre en considération la vérité du vivant, l’affaiblissement des droits de la nature qui conduit à la perte de puissance des droits humains, lesquels, à travers l’Histoire, ont été mis à rude épreuve.
La résistance des peuples et la voix des territoires
La reconnaissance de la résistance des peuples représente la possibilité d’élire la voix des peuples autochtones à travers le monde et de l’unir à celle des populations vulnérables subissant de plein fouet les conséquences du changement climatique, les fortes pressions économiques et l’effacement de leurs droits humains, de leurs territoires.
Un monde de plus en plus urbanisé, industrialisé, où la nature subit une guerre sans précédent, et se trouve enfermée dans des zones dites protégées, qui finissent elles aussi par être investies par la commercialisation internationale. Le marchand qui met en danger la forêt amazonienne est soutenu par le système financier international, qui lui-même se divise en strates d’intérêts en fonction des politiques nationales de chaque pays, du poids des oligarques et de la valeur marchande des ressources exploitées.

Nommer la prédation
La mobilisation des peuples pose les mots, et aujourd’hui, le terme « prédateur » sort de l’ombre dans laquelle cette identité de pouvoir agit. Ainsi, l’unité des peuples, ce grand mouvement mondial écologique et pacifique, porté par les peuples autochtones et par le dynamisme de la jeunesse mondiale, souligne que « cette unité est la réponse populaire aux opérations transnationales des sociétés et aux modèles de développement prédateur qui exploitent l’eau, l’énergie et la vie à l’échelle planétaire ».
La naissance du Sommet des peuples
La création du Sommet des peuples commence son voyage en 2023 grâce à la mobilisation de mouvements sociaux et environnementaux au Brésil voulant construire une solidarité mondiale travaillant à l’élaboration d’un manifeste pour que le chemin soit commun et porteur de principes fondamentaux et non négociables pour la survie des peuples.

Un avenir viable : femmes, territoires, agriculture
Le but est simple : créer un avenir viable pour les peuples, préserver les territoires et les moyens de subsistance, protéger une agriculture respectueuse de l’environnement, accessible pour les petits agriculteurs, et renforcer l’autonomisation des femmes, la possibilité pour les femmes de posséder la terre, de bénéficier des revenus de petites exploitations agricoles qu’elles dirigent.
Le Manifeste du Sommet des peuples établit pour proposition de « renforcer la construction de l’économie féministe contre les économies néolibérales » et de « construire des politiques publiques pour les femmes concernant les impacts du changement climatique, en considérant qu’elles subissent ces impacts différemment dans leur travail et leur vie quotidienne ».

Sécurité alimentaire et leadership des femmes
Atteindre la sécurité alimentaire, c’est aussi reconnaître le leadership des femmes qui a été effacé par une domination perverse exercée par un pouvoir politique masculiniste persistant de siècle en siècle. La Terre accueille par son sens d’universalité. Elle ne délaisse pas la moitié de l’humanité. L’unité fera la paix essentielle, demeure pour l’équilibre des voix internationales engagées dans une lutte commune, dans l’officialisation du bien commun.
Respecter ce qui n’appartient pas à un État, à une multinationale, à un système bancaire, ni à la société, mais uniquement à la nature. L’humain est celui qui reçoit et qui partage ce qu’il a reçu. Le savoir de l’agriculture permet d’assurer la sécurité alimentaire pour tous, et non uniquement pour le cultivateur.
Le système financier transforme la conscience de l’abondance des biens partagée par tous en valeur d’exclusivité marchande pour quelques-uns. Or, une humanité en équilibre œuvre par la bonté, et non par la possession. La valeur économique de l’argent utilisée en pouvoir absolu laisse nos sociétés dans l’impasse de l’échec de la résilience climatique.
L’unité internationale : parler le langage du bien commun. L’unité internationale ne peut s’exprimer que par le bien commun.

Héritage antique du bien commun
L’idée du bien commun plonge ses racines dans la sagesse antique.
Déjà chez Platon, le Bien représentait le principe suprême de justice et d’harmonie, orientant la cité vers l’équilibre et la vertu. Chez Aristote, il était la finalité politique de toute communauté humaine : le but de la cité n’était pas la richesse, mais la vie bonne pour tous, fondée sur la justice et la mesure.
Plus tard, les Stoïciens élargirent cette vision à l’humanité entière : ils virent le monde comme une seule cité, unie par la raison universelle et la nature vivante. Marc Aurèle rappelait que « ce qui n’est pas bon pour la ruche ne peut être bon pour l’abeille », enseignant déjà que le destin individuel est inséparable du bien collectif.
Ainsi, le bien commun de la nature prolonge cette sagesse des Anciens. Il ne s’agit plus seulement du bien de la cité, mais de celui du monde vivant tout entier : la Terre, les peuples, les animaux, les forêts, les océans. L’humanité réconciliée avec la nature accomplit enfin la promesse antique d’une cité universelle, juste et pacifique.

L’argent en pouvoir politique contre la raison de la vie
Quand la logique financière efface la conscience du vivant et la paix universelle. Quelle est la force de notre humanité à nous rassembler, à agir ensemble pour la sauvegarde du bien commun, l’assurance d’un avenir sans l’ombrage d’une crise majeure de l’eau ?
Aujourd’hui, nous vivons dans un espace impressionnant réalisé par l’humain. L’acquisition du savoir scientifique et technologique, le développement d’une industrialisation façonnant la création humaine. L’ingénierie, l’architecture, la création de cités est impressionnante et se confronte actuellement avec la culpabilité de cette ambition de civilisation qui ne s’harmonise pas avec la nature. Une civilisation moderne prestigieuse condamnée à devenir rapidement poussière de sa blessure.

Le béton et le verre, la lecture numérique de l’information, la connaissance technologique peuvent s’effondrer comme un château de cartes, quand des ouvrages de plusieurs siècles nous contemplent toujours. L’humain se pose inévitablement une question existentielle, tente de trouver le sens de son existence dans une réalité si éphémère que le risque de chaos climatique plonge toujours plus dans le désarroi.

L’ouragan Melissa, rappel brutal à la réalité
L’ouragan Melissa, qui a frappé les Caraïbes le 28 octobre dernier, expose une fois de plus sur la table de la COP 30 la réalité climatique : la multiplication de tempêtes dévastatrices, une urgence climatique que le monde politique, tenu par les investissements financiers, peine à résoudre.
Seulement, la puissance du vent dépasse celle de la finance, et n’attend pas la réalisation de projets écologiques pour la résilience, grâce aux investissements financiers à la juste hauteur des besoins des territoires et des peuples, pour semer la désolation.
L’UNESCO souligne que cet ouragan a touché le quotidien de plus de 2 millions de personnes et que des milliers d’habitants ont été contraints au déplacement. Les conséquences sont aussi une pollution par des tonnes de débris, des centaines d’infrastructures endommagées, des sites culturels affectés, un paysage dévasté. Des dommages matériels et naturels importants, dont le coût est en cours d’évaluation.
Les images satellites ont déjà évalué l’ampleur de la catastrophe. La Jamaïque, pays le plus touché, reçoit le soutien des experts internationaux des Nations Unies, dont ceux de l’UNESCO, pour répondre aux besoins urgents. En Haïti, l’assistance d’urgence participe à un bilan hydrogéologique des nappes phréatiques, des sources d’approvisionnement et des points d’eau contaminés par les inondations.

Investir en amont : prévenir plutôt que panser
L’eau, les moyens de subsistance, la mise en sécurité de la population sont des éléments essentiels. Et l’investissement doit être en amont, permettant d’élaborer des politiques de prévention et de réduction des risques. Des investissements financiers pèsent sur la sécurité de la population, sur les capacités d’adaptation, sur la réalisation de la résilience.
La vérité en temps de crise : l’importance de l’information
Audrey Azoulay a déclaré ce 13 novembre : « il est important d’être au plus près des populations en période de crise », et souligne l’importance d’être « ensemble », d’agir avec les partenaires régionaux. Elle avance aussi la nécessité de « garantir des informations fiables en temps de crises ». La désinformation est un élément renforçant le déséquilibre et divisant au lieu d’unir sur le sujet climatique.
Le soutien aux médias indépendants, évoqué lors de la COP 30, permet de consolider le travail écologique et d’évaluer les besoins pour répondre le mieux possible à la justice climatique. Ne laisser personne sur le bord de la route, soutenir les populations les plus vulnérables, les pays en voie de développement et les territoires affrontant les conséquences déjà apparentes de la crise climatique nécessitent aussi une information sérieuse, au plus proche de la vérité.
L’intégralité de l’information climatique est particulièrement importante, souligne la délégation française à Belém. Lutter contre la désinformation diffusée sur les réseaux sociaux amplifiant une forme de climatoscepticisme qui, depuis près de 25 ans, s’exprime au niveau mondial.

La Déclaration de Paris et la lutte contre la désinformation
L’initiative contre la désinformation, lancée en 2021 avec l’UNESCO en partenariat avec l’Union européenne, s’inscrit aujourd’hui dans un engagement multilatéral renforcé, consacré le 28 octobre 2025 par la Déclaration de Paris sur l’action multilatérale pour l’intégrité de l’information et le soutien aux médias indépendants.
Instaurer des dialogues de confiance pour valoriser l’adaptation au changement climatique, contre ceux de la haine, contre la manipulation de l’information, préjudiciable à la liberté d’expression, aux droits de l’homme et aux libertés fondamentales, affirme la Déclaration de Paris.

Les réseaux sociaux : risques, mais aussi outils essentiels
Dans le même temps, les réseaux sociaux permettent aussi l’exercice de la liberté d’expression, essentielle pour les peuples autochtones, les mouvements écologiques, les ONG environnementales, ainsi que pour les universités, médias indépendants, militants écologistes travaillant sur l’environnement et la diffusion de contenus écologiques et éducatifs sur le réchauffement climatique, ainsi que sur la justice sociale et les libertés.
Communiquer, informer, partager sur l’écologie, le changement climatique, la biodiversité, la justice sociale et féministe, et ainsi rappeler la priorité : le monde vivant.

COP 30 – Négociations difficiles sur le financement de l’adaptation climatique
Le nerf de la guerre : l’argent, non la paix
L’argent, qui devrait être un instrument au service du bien commun, devient trop souvent l’arme centrale de la guerre contre le vivant. À la COP 30, une dynamique financière multilatérale tente pourtant de poser la première pierre de l’adaptation climatique. La crise de l’eau, qui définit désormais la crise climatique mondiale, exige une convergence des gouvernements vers un objectif commun : agir ensemble, équitablement, pour préserver l’avenir.
Les États-Unis en retrait : le business contre la vie
Les États-Unis, sous l’administration Trump, n’ont envoyé aucun représentant de haut niveau à Belém. Le business prime sur la vie. Le 20 janvier, la Maison-Blanche écrivait sur son site que Donald Trump « libérera l’énergie américaine en mettant fin aux politiques d’extrémisme climatique ».
Elle annonçait la fin des parcs éoliens, accusés de « dégrader » les paysages, et affirmait que les énergies renouvelables « ne parviennent pas à servir les consommateurs ». Un argumentaire qui justifie la décision de Trump de se retirer de l’Accord de Paris en 2025.
Pendant que la COP 30 tente de maintenir un effort collectif, le président américain traite directement avec certains pays, hors de toute cohésion internationale. Une stratégie de contournement qui fragilise les négociations multilatérales.

L’Europe persiste : le choix d’une énergie verte
Face à Washington, l’Europe réaffirme son ambition. L’Allemagne, par la voix de Robert Habeck lors de la conférence énergétique du Handelsblatt, rappelle son objectif : 80 % d’électricité verte d’ici 2030.
Une position qui s’oppose frontalement à la doctrine américaine, qui qualifie l’action climatique de « canular » et le mouvement écologique de « vaste escroquerie », selon des propos relayés par The Guardian.
Cette rhétorique nourrit un nouveau climato-scepticisme politique, rebaptisé « bon sens », qui prétend défendre la souveraineté énergétique tout en ouvrant un boulevard aux industries fossiles.

Un champ de bataille idéologique
Au sein de la COP 30, les négociations sont tendues. Les positions divergent en fonction de la puissance économique, des ressources et des capacités d’exploitation de chaque pays. Trump multiplie les accords directs, en dehors de tout « Green Deal », renforçant un modèle concurrentiel sans règles, où les droits sociaux et environnementaux sont considérés comme des freins.
Dans cette logique, l’écologie devient un obstacle à la prospérité économique. La droite, fusionnée avec l’extrême droite, se laisse séduire par cette vision : celle d’une finance sans limites, d’un néolibéralisme déchaîné. Mais ces salaires distribués par l’industrie fossile creusent surtout la tombe d’un avenir stable et pacifique.

Un système économique prédateur
Une économie capitaliste sans régulation provoque un choc climatique irrémédiable et détruit les droits humains. L’exploitation est son moteur, non la bonté.
L’esclavagisme moderne prospère dans les interstices de cette oligarchie milliardaire fondée sur la pauvreté d’autrui et la virtualité d’un argent qui n’existe que sur des écrans.
Pourtant, un cadre international solide en matière d’environnement et de droits sociaux contraint les États-Unis à respecter au moins quelques principes de « commerce équitable et réciproque », comme le rappelle la communication de la Maison-Blanche du 14 novembre, concernant l’accord États-Unis – Suisse – Liechtenstein.

Des lois du XIXᵉ siècle à la COP 30 : un même combat pour le vivant
Depuis la toute première loi contre la pollution, adoptée en 1863 au cœur de la révolution industrielle, jusqu’aux cadres juridiques actuels, l’humanité avance sur une ligne fragile entre survie et renoncement.
De l’Alkali Act britannique aux lois nées des catastrophes industrielles japonaises, des textes français à la lutte des peuples autochtones d’Amazonie, une vérité simple traverse le temps : aucune société ne prospère en sacrifiant le vivant.
Reconnaître cette évidence, c’est refuser l’héritage des marchands qui, depuis deux siècles, disposent de la nature comme d’un capital illimité. C’est reconnaître que le droit environnemental n’est pas une technique, mais une conscience collective. Une promesse. Celle d’un monde où chaque être vivant retrouve sa place hors de la prédation.
L’argent contre le vivant : une fracture spirituelle
Les sommes annoncées à la COP 30 sont vertigineuses. L’argent apparaît comme dominateur commun, opposé au bien commun. La dualité entre visible et invisible dans l’économie révèle une division profonde : l’argent contre la vie.
Pourtant, dans la spiritualité, le visible et l’invisible ne s’opposent pas : ils se complètent. Le cœur, invisible, donne naissance aux actes visibles de solidarité. Construire un puits pour une communauté frappée par la sécheresse : c’est la fraternité rendue tangible.
Trouver l’équilibre entre ces deux dimensions fonde la possibilité d’une liberté humaine en alliance avec le vivant.

Des négociations sous tension
Les discussions financières mettent en lumière les ambitions de puissance, les contradictions, les tensions Nord-Sud. L’absence d’engagement unitaire des États-Unis fragilise l’émergence d’un accord crédible.
La feuille de route reste difficile à établir. L’équilibre entre adaptation, transition écologique et contraintes économiques mondiales semble impossible à atteindre tant que l’argent reste une arme, non un outil.
Des montants importants sont annoncés pour le financement de la crise climatique, mais sans véritable calendrier d’application. Selon les secteurs énergétiques, les configurations géologiques et géographiques propres à chaque pays, ainsi que leurs capacités d’adaptation, fixer une date pour la réalisation des objectifs climatiques, dix ans après l’Accord de Paris, demeure un exercice complexe. La mise en œuvre de l’adaptation pourrait prendre un tournant inquiétant si les négociations continuent de se heurter à des blocages structurels.
Un système financier international obsolète et inéquitable, associé à une gouvernance attachée à des modèles concurrentiels et de rentabilité, entrave l’épanouissement humain et empêche l’émergence d’une économie du partage. Les gouvernements, les dirigeants, et l’influence prépondérante des multinationales comme de l’industrie fossile ralentissent la réconciliation nécessaire pour bâtir une solidarité économique fondée sur la protection du vivant. Ce modèle figé dans la logique du profit éloigne l’humanité de l’urgence vitale : restaurer les écosystèmes, protéger l’eau et placer la justice sociale au cœur de l’action climatique.

C’est dans ce contexte que le Brésil a annoncé, le 14 avril 2025, le lancement du COP30 Circle of Finance Ministers, destiné à soutenir la feuille de route Baku to Belém, qui vise à mobiliser 1 300 milliards de dollars par an d’ici 2035 afin de répondre à l’urgence climatique.
Sous l’impulsion du ministre des Finances Fernando Haddad, et en coordination avec Marina Silva, ministre de l’Environnement et du Changement climatique, ainsi que Sonia Guajajara, ministre des Peuples autochtones, le Brésil affirme une gouvernance climatique intégrée et fondée sur la justice sociale. Cette initiative répond à l’appel lancé à Bakou lors de la COP29, qui soulignait la nécessité de réformer la finance multilatérale, d’améliorer l’accès des pays en développement aux financements publics et privés, et de libérer des investissements massifs pour l’adaptation et la transition écologique.
Alors que le coût de l’inaction s’alourdit chaque année, la feuille de route Baku to Belém entend replacer l’action climatique au cœur des stratégies de développement. Elle rappelle que la résilience, les infrastructures durables et les solutions fondées sur la nature ne sont pas seulement des réponses vitales, mais constituent également une voie d’avenir : celle d’une croissance inclusive, d’une justice environnementale réelle et d’une création de valeur sur le long terme.

Point d’étape sur les négociations
Les négociations sont désormais entrées dans une nouvelle phase, marquée par la première réunion du multirão, convoquée par la présidence brésilienne. Cette étape vise à faire émerger les contours d’une future multirão decision, qui remplacera la traditionnelle « décision de couverture ». Un nouveau projet de texte est attendu, selon la délégation française.
Malgré cette progression, les discussions restent ardues, notamment sur les quatre blocs thématiques au cœur des consultations : la finance, le commerce, le rapport de transparence, et les réponses aux NDC « Contribution Déterminée au niveau National ». Les lignes de la décision finale commencent toutefois à apparaître. La France, l’Union européenne et plusieurs pays affinitaires ont réaffirmé leurs priorités : une ambition renforcée sur l’atténuation, un rééquilibrage clair des financements vers l’adaptation, ainsi que des engagements opérationnels sur la transition énergétique et la protection de la biodiversité.

La coalition de pays souhaitant inscrire dans les résultats de la COP une feuille de route pour la sortie progressive des énergies fossiles, soutenue par la France, plusieurs pays européens et un ensemble de pays en développement, poursuit ses échanges avec la présidence brésilienne et les États prêts à répondre à l’appel du Président Lula.
Parallèlement, l’idée d’une feuille de route sur la nature, ainsi que sur les forêts, progresse également.
Par ailleurs, la France a pris part à une réunion ministérielle consacrée au méthane, rappelant l’urgence d’un plan d’action concret pour accélérer la réduction de ce gaz, dont les émissions continuent d’augmenter malgré l’engagement pris à la COP28 de les réduire de 30 % d’ici 2030. La France coorganisera en 2026, en marge du G7, une réunion de suivi destinée à faire avancer les projets et les financements, afin de livrer des résultats tangibles à la COP31.
L’Accord de Paris va-t-il s’accomplir ?
Alors que les négociations avancent difficilement mais déterminent désormais les lignes possibles de l’accord final, une certitude demeure : la COP30 ne peut s’éloigner du cadre légal et éthique posé par l’Accord de Paris. Au moment où la communauté internationale cherche un compromis capable de répondre à l’urgence climatique, les principes fondateurs de cet Accord rappellent la direction, les limites et les obligations collectives qui doivent guider chaque décision encore en discussion.

Accord de Paris, justice climatique et responsabilité collective
Dans cet instant décisif, l’Accord de Paris demeure la boussole juridique et morale des négociations. Son Article 2 fixe trois objectifs indissociables : maintenir l’élévation des températures bien en dessous de 2 °C, en visant 1,5 °C ; renforcer l’adaptation et la résilience sans jamais menacer la sécurité alimentaire ; et aligner les flux financiers mondiaux sur une trajectoire résiliente et à faibles émissions. Son Article 9, lui, rappelle sans ambiguïté que les pays développés ont l’obligation de financer l’atténuation et l’adaptation dans les pays en développement, en priorité pour les plus vulnérables, avec transparence et redevabilité. C’est ce socle juridique qui fonde la mobilisation des 1 300 milliards de dollars de la feuille de route Baku to Belém.
Mais l’enjeu dépasse la technique diplomatique : il s’agit d’un combat pour la justice climatique. Car derrière chaque ligne de texte, il y a des vies humaines, des territoires menacés, des communautés autochtones dont la sagesse et les savoirs sont essentiels à la protection du vivant, et des millions de personnes pour qui la sécurité alimentaire dépend directement des choix faits ici, à Belém. Le climat, la biodiversité, l’eau, les sols, les forêts, les peuples : tout est lié, tout se joue maintenant.
La COP30 porte donc une responsabilité historique : transformer l’ambition en action, ancrer la sortie des énergies fossiles dans un calendrier crédible, rééquilibrer enfin les financements en faveur de l’adaptation, et reconnaître pleinement que la transition juste ne se fera qu’en intégrant la voix de celles et ceux qui protègent la Terre depuis des millénaires. C’est dans ce respect du vivant, du droit international et de l’équité que pourra naître un accord véritablement à la hauteur du moment.
Fédora Hélène


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