Requins : anges gardiens de la santé des océans, eux aussi en danger

Requins : Les protecteurs naturels de nos océans

La nature est une chance extraordinaire pour la survie de l’humanité. La Terre peut se passer de nous, mais l’inverse n’est pas vrai. Elle est notre miracle, la possibilité de vivre, et la science en mouvement doit se faire protectrice de ce bienfait. L’équilibre de la planète, où tout se répond, du ciel à l’océan, est essentiel.

La bonne santé de l’océan est vitale pour la préservation de la richesse marine, de sa biodiversité et productivité. L’intelligence  du vivant, que les études scientifiques tentent de comprendre, est immense.

Même si le savoir acquis demeure infime, tout ce qui est appris doit être mis au service de la protection de la vie marine. Les progrès scientifiques et technologiques doivent être exploités uniquement dans ce but, en restant fidèles aux Objectifs de développement durable des Nations unies. 

Une nouvelle étude réalisée par l’Université internationale de Floride (FIU) publiée le 2 août dans Science, identifie le « Rôle écologique et importance des requins dans l’océan Anthropocène ». Elle offre une nouvelle compréhension de la vie des requins et leur rôle essentiel dans la préservation des écosystèmes . Contrairement à leur réputation de créatures féroces et nocives, les grands requins font partie des anges gardiens de la diversité marine. 

Requins : sentinelles de l’écosystème marin

Les requins, une communauté de prédateurs représentée par plus de 500 espèces, dont les plus grands requins, comme le requin-tigre et le grand requin blanc, jouent un rôle crucial dans la protection des écosystèmes marins et sont essentiels pour la bonne santé de l’océan. 

Les conséquences des impacts humains, résultant des activités industrielles, de la surpêche, de l’exploitation minière, comme l’intensité des transports maritimes, le changement climatique, la pollution, entre autres, mettent en danger les populations de requins et leur rôle écologique primordial. 

Le rapport alerte sur le déclin généralisé des prédateurs en eau douce et dans les océans, perturbant considérablement les écosystèmes.

En effet, les requins participent fondamentalement au fonctionnement et à la résilience des écosystèmes, soit par leurs modes alimentaires, soit par la taille impressionnante des grands requins qui éloignent leurs proies surconsommatrices de plantes marines.

Les requins font fuir leurs proies, comme les tortues et les vaches marines, qui pourraient appauvrir les herbes et végétaux marins en broutant excessivement ces ressources végétales. Grâce à la présence des grands requins, les plantes peuvent poursuivre leur croissance et assurer le cycle alimentaire. Cette pause permet le retour des brouteurs marins sans épuiser les ressources végétales.

La protection des écosystèmes d’herbes marines côtières et de varech est aussi assurée par le rôle écologique joué par les grands requins, tels que le requin blanc. En agissant comme des prédateurs-protecteurs, ils permettent des effets positifs en cascade, notamment sur la qualité de l’habitat marin et la séquestration du carbone. 

Cela contribue à ralentir les conséquences d’événements climatiques extrêmes tels que les vagues de chaleur marine, et à contrebalancer le mouvement destructeur du changement climatique accéléré par les activités humaines amplifiées, notamment par l’exploitation minière. 

Mike Heithaus, coauteur de l’étude et doyen exécutif du College of Arts, Science & Education de la FIU, souligne, « Nous avons observé partout dans le monde que les requins peuvent jouer un très grand nombre de rôle dans les écosystèmes – et certains de ces rôles sont vraiment importants, d’où la nécessité de protéger les différents types de requins mais également des requins de tailles différentes ». 

L’étude met également en valeur le rôle historique des requins dans la préservation des écosystèmes. 

La durabilité instaurée par la nature assure un mouvement de renaissance sur lequel les politiques écologiques doivent s’aligner, permettant ainsi la restauration des différentes espèces de requins et des écosystèmes. 

Un exemple de cette durabilité de la chaîne alimentaire : les requins s’alimentent aussi dans les eaux du large, facilitant ainsi les écosystèmes par le déplacement des nutriments sur le récif. Les requins peuvent également servir de nourriture à d’autres espèces. De plus, le rôle écologique de la nature est astucieux : les poissons se frottant aux requins se débarrassent de leurs parasites.  

La surpêche menace le présent et le futur en épuisant à long terme le rôle historique du monde animal et végétal, qui agissent en osmose et créent la plénitude de l’océan. Cette durabilité essentielle contribue à la survie de l’humanité. 

Les générations futures pourront-elles toujours voir des requins 

La population des requins des espèces océaniques a chuté de 71 % en 50 ans, et celle des cinq principales espèces de requins de récif a diminué de 63 %. Un constat tragique, la chute du monde vivant, « cela signifie que nous devons reconstituer les populations fortement décimées et gérer la dynamique des requins dans un océan qui évolue en raison des activités humaines et du changement climatique », exprime Mike Heithaus. 

Par ailleurs, grâce à leurs déplacements dans l’espace marin, les grands requins établissent et maintiennent l’équilibre entre le fond de l’océan et sa surface.  

Difficiles à étudier, les eaux profondes n’en sont pas moins affectées. Le déséquilibre provoqué par l’industrialisation de l’océan, à des répercussions très importantes sur l’ensemble du monde marin. Les conséquences sont exponentielles, et ne peuvent être mesurées de manière précise.

Les études scientifiques concrétisent l’expérience de chercheurs passionnés, dont la vocation est la protection de la nature. Ils espèrent obtenir des résultats concrets et efficaces par la persévérance de leur travail qui mène à la connaissance et combat l’ignorance favorisant l’exploitation catastrophique de la nature.

À l’aube de l’ère industrielle, le manque de connaissances a favorisé  une industrialisation du monde accélérée par les progrès technologiques mal utilisés. Ce système maintient nos sociétés dans une certaine obscurité, ignorance. 

Mike Heithaus étudie les requins et leur rôle écologique depuis près de 20 ans à Shark Bay, en Australie. Il a documenté leurs multiples interactions écologiques, notamment leur rôle dans la régulation de populations de proies pour les empêcher de devenir invasives et de désertifier les cultures végétales marines par une alimentation excessive. 

« L’idée n’est pas d’affirmer que les grands requins sont les seuls à avoir de l’importance. Les requins de toutes sortes font bien d’autres choses pour façonner des écosystèmes entiers », souligne Simon Dedman, coauteur principal du rapport. Précisant, « mais ce que nous savons, c’est que les grands requins de certaines espèces jouent un rôle considérable dans la santé de l’océan et qu’ils ont besoin d’être mieux protégés ». Simon Dedman souligne, « Le moment est venu d’examiner le rôle précis des requins dans la préservation de la santé de l’océan afin de mieux prioriser les efforts de conservation et d’avoir le plus grand impact possible. » 

Les activités industrielles, y compris le tourisme, génèrent un mouvement destructeur dont l’ampleur des conséquences reste minimisée, en raison de nos connaissances limitées. Cependant, les études confirment l’interaction entre les différents espaces et éléments, et déterminent ce qui accroît le changement climatique et compromet gravement la durabilité.

Ainsi, les eaux profondes ne sont pas épargnées et subissent également les perturbateurs industriels et climatiques. L’océan est l’espace vital nécessaire au développement de la vie sur Terre, et à sa durabilité. Nuire à l’océan, c’est impacter la planète entière. 

L’extraction des ressources à grande échelle et les activités industrielles modifient considérablement le rôle des requins, qui doivent s’adapter et faire preuve de résilience. Ces changements altèrent également les modèles spatio-temporels. 

Le réchauffement climatique océanique provoque un déséquilibre dans l’espace marin, obligeant certaines espèces de requins à s’étendre vers des latitudes plus élevées. Cela signifie que les requins se déplacent et jouent un rôle sur des zones géographiques plus larges. Le changement climatique impacte également le métabolisme des requins, modifiant leurs performances, tout comme celles des mammifères marins dans leur ensemble.

Cet état peut impacter les interactions et les concurrences entre les prédateurs et les proies, ainsi que leur environnement. L’étude souligne qu’il est nécessaire de comprendre comment les mécanismes écologiques du requin et les interactions entre les espèces affectent la récupération plus large de l’écosystème. 

Par exemple, la modification des déplacements des requins, de leur habitat, et la manière dont ils appréhendent les nouveaux éléments écologiques, limitent la « recolonisation des aires de répartition historiques de la loutre de mer », indique le rapport. 

Par ailleurs, le système alimentaire des requins est impacté par les modifications touchant la biodiversité marine. Les activités de pêche et le tourisme maritime amplifient les interactions requin-humain, perturbant ainsi leur environnement et leurs actions écologiques sur les écosystèmes. 

Nos sociétés ne prennent pas conscience de l’ampleur de l’impact de l’industrialisation des océans, dans la vie et dans la biologie même des mammifères marins. 

Pour notre compréhension, l’impact de l’industrie sur l’océan revient à construire une autoroute au cœur d’un centre-ville. Lorsque les activités produisent un vacarme incessant dans un environnement naturel, elles ont un effet dévastateur sur le monde végétal, animal, et plus largement sur tout l’équilibre environnemental. La qualité de l’air est également touchée par la pollution des océans, et par celle des territoires terrestres. 

De plus, l’étude publiée en 2019, par l’Université Macquarie, en Australie, rappelle que la hausse des températures et les niveaux élevés de CO2 dans l’océan sont capables d’altérer gravement les fonctions sensorielles et le comportement des animaux marins. Ainsi, les requins benthiques exposés à des taux élevés de CO2, ont montré des déficiences olfactives et auditives. Leurs performances de croissance, reproductive et leur capacité à rechercher de la nourriture en ont été limitées. 

Les effets de la pollution globale peuvent également altérer la gestation des mammifères marins et le développement de l’embryon, qui risque de mourir, s’il ne s’adapte pas. 

L’intensification de l’industrialisation des océans, et le maintien du rendement actuel, menacent la vie marine dans sa globalité, compromettant sa valeur historique, et son futur productif. De même, qu’il serait intenable de vivre à long terme au bord d’immenses autoroutes dans les centres urbains, l’urbanisation croissante autour des axes routiers rend les sociétés éphémères et virtuelles, éloignées de la durabilité.

La théorie de l’effondrement, si elle se concrétisait, elle n’affecterait pas uniquement les centres financiers, mais l’ensemble de l’humanité et de la nature. Produire à partir de l’épuisement des ressources naturelles et humaines, exacerbées par le réchauffement climatique, provoque des maladies et décès systémiques et climatiques, tout comme les mammifères marins peuvent en être impactés. 

La hausse des températures se poursuit, rendant la question de la préservation des requins toujours plus urgente. Les requins se déplacent vers de nouvelles zones à la recherche de températures plus favorables pour leur organisme. D’autre part, avec l’industrialisation, les rencontres entre les requins et les humains se multiplient, certains organisant même des attractions touristiques. 

Le risque de la disparition d’espèces de mammifères marins dans les décennies à venir reste majeur. Il est primordial d’établir des politiques de protection des requins, de l’ensemble des espèces marines, afin de préserver l’océan et éviter qu’il ne devienne une terre morte, au silence angoissant. 

« Les politiques nationales doivent se concentrer sur des actions visant à reconstituer les populations et à rétablir les rôles fonctionnels des requins », alerte Mike Heithaus. Il souligne que « pour cela, il est nécessaire de renforcer les mesures spatiales, telles que les aires marines protégées, et les mesures de gestion de pêche, notamment les limites de capture/taille et les limitations d’engins de pêche. Si nous voulons un océan en bonne santé, nous avons besoin de populations de requins en bonne santé ». 

La valeur ne réside pas dans une opposition entre les requins dans un monde marin, et les humains sur le sol terrestre. Il n’y a pas de séparation, mais une osmose entre la nature et l’humain, entre la Terre et l’océan. 

Fédora Hélène

Océan, la vie !

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