Le henné et le savon traditionnel de Palestine inscrits au Patrimoine culturel immatériel 2024 – Un hymne aux cultures du monde

L’art de vivre ensemble – Les trésors du patrimoine culturel immatériel 2024

©️ UNESCO

Le Comité du patrimoine culturel immatériel 2024 s’est réuni pour la 19ème session à Asuncion (République du Paraguay) en ce début décembre, où l’aggravation des conflits armés démontre parfois l’urgence, comme pour le patrimoine du Centre-ville historique d’Odessa en Ukraine, où la culture des oliviers en Palestine, de protéger le visible par l’art architectural, et l’invisible par le lien culturel de la transmission des savoirs, tout deux réunissant la création en bien commun universel. 

©️ UNESCO

Ce sont 700 pratiques qui seront sur la scène de cet événement devant déterminer celles qui figureront sur la Liste du Patrimoine culturel immatériel 2024.  L’occasion de découvrir et de mettre à l’honneur le patrimoine de l’humanité. Audrey Azoulay, Directrice générale de l’UNESCO, souligne « bien qu’elle ait tout juste vingt ans, notre Convention a déjà accompli des exploits, non seulement en reliant notre génération à toutes celles qui l’ont précédée, mais aussi en renforçant sans cesse le lien entre les 183 États parties », ajoutant, « Ce succès est le fruit de notre engagement collectif ».

©️ UNESCO

Art, culture, humanité

Créer, imaginer, transmettre des savoirs, bâtir un patrimoine immatériel, c’est la joie de l’existence, faire de nos sociétés ce lien fraternel, la confiance par la liberté d’expression, apportant la paix. Le bien-être se construit par la liberté. Nous constatons actuellement le drame que traverse l’Afghanistan aux mains des talibans. Les femmes subissent une oppression sans précédent. Interdites de chanter, de lire de la poésie, de communiquer, d’être vivantes au cœur de la société, de transmettre leur savoir, d’être autour de la table des décisions, en souffrance, mises au silence, c’est le terrible que promet un monde dystopique privé de la protection du patrimoine culturel immatériel. 

L’œuvre de l’UNESCO n’est pas une simple initiative renouvelée chaque année, comme une habitude, c’est une action essentielle qui développe également l’éducation et qui participe à la protection des droits humains fondamentaux.

©️ UNESCO

L’UNESCO engage également la reconnaissance des populations autochtones, de leur savoir millénaire, et ouvre ainsi la porte vers la valorisation des savoirs que possèdent les plus vulnérables, et qu’il n’est pas que les puissants, que l’humanité ne se limite pas à un pouvoir politique et industriel, mais que sa richesse est infinie et s’exprime par l’art, la culture et l’histoire qui portent la conscience de la mémoire. L’humanité bénéficie d’une existence consciente, la joie de savoir faire, de transmettre aux enfants et générations futures, ce qui a permis la renaissance de Notre-Dame de Paris. Ce que l’on sait faire a le pouvoir d’émerveiller. Et, c’est par la reconnaissance de cette valeur humaine que la paix universelle est pensée et attend d’être réalisée. 

©️UNESCO

Mémoire vivante – Nouvelles inscriptions au Patrimoine immatériel  

L’identité palestinienne et le savon Nablus 


© Palestinian Ministry of Culture, 2023

La Palestine qui traverse des épreuves déchirantes, dont la culture est menacée, dont les sites historiques sont endommagés ou détruits, et l’UNESCO a inscrit en urgence le 26 juillet 2024, le « Monastère de Saint Hilarion » sur la Liste du patrimoine mondial en péril, vient de voir inscrit au Patrimoine immatériel, son savon artisanal, le savon Nablus, fabriqué en Palestine. 

Une tradition qui se transmet de génération en génération, et des familles travaillent ensemble à son élaboration, imposent leur sceau sur le produit fini. Le savon est marqué par l’empreinte d’une famille, il représente la valeur d’un travail commun, et rappelle un droit humain essentiel : le droit à l’identité. Celui si important et qui est en souffrance actuellement à Gaza. 

Cette inscription au patrimoine de l’UNESCO est une reconnaissance importante pour le peuple palestinien, car elle définit son union avec la terre, la récolte des olives nécessaire à la fabrication de l’huile d’olive utilisée dans la recette du savon.  L’inscription au Patrimoine immatériel parle également de la vie de familles, de communautés vivant des produits de la terre, et souligne l’attachement de la Palestine à la culture des oliviers. 

Actuellement, plus de 70 % des champs de culture d’oliviers ont été brûlés au sol par les forces israéliennes, ainsi que les vergers. Les moyens de subsistance de la population de Gaza sont mis en péril, ainsi que les différentes fabrications artisanales ayant besoin des fruits de l’olivier et qui représentent une source de revenu pour les familles. 

L’authenticité de la culture palestinienne est mise à l’honneur et elle s’exprime en osmose avec la nature. Le savon Nablus est offert en cadeau lors de mariage ou d’anniversaire. Il symbole la prospérité par la préservation de l’environnement, la gestion des cultures et des systèmes d’irrigation, ainsi que la solidarité familiale, des communautés entre elles. 


© Palestinian Ministry of Culture, 2023

L’art du Henné – Rituels et esthétique, un héritage vivant inscrit au patrimoine culturel immatériel 


© Department of Culture and Tourism, Abu Dhabi, United Arab Emirates, 2022

Le Henné est un arbre à feuilles caduques, récoltées deux fois par an, et mises à sécher avant d’être transformées en pâte. Il pousse dans les régions chaudes, et ses feuilles sont également utilisées dans la médecine traditionnelle pour traiter des problèmes de peau. Sa fabrication et les ingrédients de sa recette pour une utilisation esthétique varient suivant les pays. 


© Heritage Commission, Saudi Arabia, 2022

© Tethkar Production, Ministry of Culture, Qatar, 2022

L’art du Henné est pratiqué au Moyen-Orient, en Afrique du Nord, en Inde et dans certaines régions d’Asie. Il est souvent utilisé lors de célébrations, de moments festifs et il est associé à la féminité, à la beauté, la joie, la prospérité, à la fertilité. La richesse des motifs orne principalement les mains et les pieds. Ils se constituent de fleurs, de formes géométriques, de représentations symboliques.

Une tradition ancestrale qui se transmet de génération en génération, et qui évolue par ces motifs et couleurs utilisés. Aujourd’hui, son utilisation peut sortir du cadre des célébrations telles qu’un mariage, tout en gardant les qualités d’une préparation traditionnelle, et d’un savoir-faire. La diffusion de cette pratique traditionnelle est plus large par les médias, les salons de beauté, la communication interculturelle. 


© Department of Culture and Tourism, Abu Dhabi, United Arab Emirates, 2022

L’inscription de l’art du henné au Patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO est une reconnaissance de sa place centrale dans les pratiques sociales de plusieurs pays. Les pays partageant cet héritage sont :

La Palestine, où il symbolise la joie, la fertilité et les bénédictions, 

Le Qatar, utilisé dans les festivals, les mariages, les célébrations religieuses, ainsi qu’en Égypte, Jordanie, Maroc, Koweït, Mauritanie, Tunisie, Yémen, Irak, Émirats arabes unis, Algérie, Bahreïn, Arabie saoudite, Oman. 


© Bahrain Authority for Culture and Antiquities (BACA), 2022

Afghanistan – L’art d’un instrument de musique ancien, le rubab/rabab est aujourd’hui inscrit et protégé par l’UNESCO 


© Shahab Nikman, Iran, 2020

Le rubab/rabab est l’un des plus anciens instruments de musique d’Asie centrale, du Sud et du Sud-Ouest. L’Afghanistan, Iran, Ouzbékistan, Tadjikistan, sont cités sur la Liste de l’UNESCO 2024.


© Shahab Nikman, Iran, 2023

Instrument à corde, il est fabriqué dans le bois de mûrier séché et ramassé dans le désert. Sa musique résonne lors de célébrations, de mariages, de funérailles, lors de rassemblements culturels et rituels de guérison. 


© Tajikistan National Commission for UNESCO, 2020

Il est également un lien culturel important pour les migrants, permettant la promotion de la solidarité, de la cohésion sociale allant à la rencontre des échanges artistiques et des relations humaines. Dans cette dynamique, l’art musical contemporain exploite le son de cet instrument, ainsi qu’il apparaît en premier plan lors de concerts d’orchestre. 


© Shahab Nikman, Iran, 2023

La semsemiah, instrument d’Égypte et d’Arabie Saoudite 


© Egyptian Film Commission (EFC), 2023

La fabrication et la pratique de cet instrument rejoignent également la Liste du Patrimoine culturel immatériel, cette après-midi du 4 décembre 2024. Instrument à corde qui souvent au cœur d’un groupe accompagne chants et danses traditionnels. Instrument social, il participe aux interactions sociales, et peut se jouer dans les cafés publics. L’instrument est enseigné dans des centres culturels et appris par des filles et des garçons. Un instrument mis en valeur dans les communautés et faisant partie du lien social, festif. Les gens se rassemblent, participent ensemble à un moment de convivialité, de divertissement. 

Richesses culturelles du monde 

Une semaine riche de partage, d’apprentissages et de connaissances culturelles, de fierté pour les pays, les communautés et familles, ainsi que la joie de la reconnaissance de leur patrimoine culturel. La possibilité de découvrir la multitude de nos cultures, la valeur de solidarité, l’envie d’aller à la rencontre d’artisans, de manifestations culturelles et artistiques. Prendre goût aux saveurs, couleurs, à un festival de savoir-faire, de vivre ensemble. 

La reconnaissance de la valeur du patrimoine représente également un soutien pour les populations qui subissent un conflit armé, des régimes autoritaires, l’impossibilité de pratiquer leurs traditions, les interdictions à l’égard de la pratique d’une culture et les menaces qui pèsent sur leurs libertés. La résistance est par la paix, la voix d’un chant traditionnel interdit qui résonne malgré tout. 

Un article en appelle un autre pour transmettre à son tour, promouvoir les cultures, et renforcer les liens positifs des uns aux autres, des échanges de confiance et de joie. Un savoir-faire pour un art de vivre : la culture, l’art sont sans frontières. Ils ont un temps d’avance sur les politiques, sur la notion de citoyens du monde, et invitent à la solidarité internationale. 


© Douagui Djamila, Algeria, 2019

La culture forme l’unité 

Audrey Azoulay, Directrice générale de l’UNESCO souligne « avec plus de 700 pratiques culturelles inscrites à ce jour, cette Convention a réinventé la notion même de patrimoine, au point que nous ne pouvons plus séparer le matériel de l’immatériel, les lieux et les pratiques ». L’humain s’inscrit dans son environnement, agit pour la préservation des ressources naturelles pour faire perdurer un art ancestral, les savoirs, et il est celui qui transforme la pensée immatérielle en corps matériel. Ce sont les ornements rituels tels que le henné, le bien-être avec le savon de Palestine. On donne une dimension d’intelligence émotionnelle à ce qui est immatériel par l’instrument, le chant, la danse, la poésie, les soins, la santé et ainsi ce qui est invisible devient le visible de l’humanité, sa mémoire.

Fédora Hélène


© Department of Culture and Tourism, Abu Dhabi, United Arab Emirates, 2022

Copyright ©️ LiberTerra 2024 – Tous droits réservés – Tous droits de diffusion et de production réservés

2 réflexions sur “Le henné et le savon traditionnel de Palestine inscrits au Patrimoine culturel immatériel 2024 – Un hymne aux cultures du monde