Le Prix du public a été attribué à Maître
Deborah Diallo, Barreau de Strasbourg pour sa brillante plaidoirie
« Les écorchées vives de la diaspora africaine : itinéraire d’une fillette victime d’excision »
Maître Deborah Diallo a su avec force et sincérité plaider pour toutes ses générations de femmes victimes d’excision à travers le monde.
Elle a donné à ces femmes, par sa parole exprimant toute la souffrance physique et psychique des victimes, souvent niées par la justice, malgré des décennies de lois internationales et de Conventions de L’ONU, contre les violences faites aux femmes, toute la reconnaissance essentielle pour survivre à ces drames.
Survivre à ce « crime d’homme » comme Deborah Diallo le souligne dans sa plaidoirie, s’est vivre en résilience, vivre chaque jour en douleur de vivre, chaque jour à devoir dépasser un traumatisme, chaque jour à savoir que sa liberté ne sera plus jamais dans toute sa plénitude.
La violence abîme, détruit et face à elle, la vérité, la force du témoignage, la lutte constante contre la culture patriarcale prononce la volonté de justice .
Une justice a toujours devoir acquérir. Une justice qui ne coule pas de source en ce début de 21 ème siècle, où la moitié de l’humanité, les femmes, doivent sans cesse dire « je suis un être humain ».
Un être humain, le corps humain d’une femme, dont l’intelligence, la mémoire expriment la souffrance qu’il a vécu, par la parole d’hommes et de femmes, à l’image de Deborah Dallio, qui porte sa voix.
Maître Deborah Diallo a transmis une émotion forte à tout le public présent, en défendant une fillette victime d’excision à l’âge de 3 ans.
Londres, un appartement, et sur le carrelage, le sang, une petite fille subit une violence extrême. La violence de la culture patriarcale car elle n’est pas uniquement un mot banal relatant une tradition, elle signifie qu’elle prive de liberté, de droits des millions de femmes dans le monde. Qu’elle meurtrit, qu’elle mutile le corps d’une femme.
Elle signifie cruauté, barbarie contre des femmes. Elle signifie une légitimité à faire subir une souffrance à une femme, à la maltraiter, à la martyriser.
Elle signifie des siècles où l’homme s’est construit contre la vie, contre lui-même puisqu’il naît du corps d’une femme.
La culture patriarcale signifie que l’humanité s’est bâtit en une dualité et non en une universalité.
Un équilibre ne peut être dans nos sociétés tant que cette culture persistera. Un bouleversement qui aujourd’hui éveille les consciences car l’on sait que l’équilibre de la Terre, de nos sociétés politiques et économiques se fonde en osmose et ne se sépare pas.
Alors comment peut-on séparer les femmes de la liberté ?
La liberté pleine et entière pour un droit de vivre véritable et respecté. La liberté de vivre en paix et sécurité sans craindre ce chaque jour qu’impose la criminalité masculine.
Toutes les 5 secondes, une fille est victime d’excision, nous rappelle Maître Deborah Diallo dans sa plaidoirie. L’excision, un crime d’homme, confirme Deborah Dallio, en citant la condamnation par la Central Criminal Court (Old Bailey) de Londres, de la mère de la fillette à 13 ans de prison et l’acquittement du père qui maintenait fermement sa fille.
La fillette a été placé dans une famille d’accueil. « La double peine » conclue Maître Deborah Diallo, car cette petite fille, aujourd’hui âgée de 5 ans, ne vivra jamais le bonheur d’être, de grandir auprès de ces parents.
Elle souffre des conséquences irréparables tant physiquement que psychologiquement du crime qu’elle a subit. Maître Dallio rappelle que toute sa vie de femme sera impactée par ce drame.
Il est alors par conscience, par humanité, de lutter contre la culture patriarcale, comme Maître Dallio l’affirme, pour que cesse ces crimes, ces violences faites aux femmes.
Des plaidoiries défendant la cause des femmes étaient ce jour au Mémorial de Caen et le finaliste, Maître François Bourguignon, Barreau de Paris, a quant à lui plaider contre la culture des maltraitances et du viol que subissent les femmes, dans un combat pour « Aïcha », au cœur de sa plaidoirie « Le salaire du déshonneur – Le combat d’Aïcha et des » Dames de fraises » de Huelva.
Toute la force d’Aïcha, jeune marocaine, venue travailler dans les champs de culture de fraises en Espagne et qui y vivra la maltraitance, les agressions sexuelles, une tentative de viol, le harcèlement et qui aujourd’hui se bat pour avoir un procès équitable contre son agresseur.
Un message à travers toutes les plaidoiries de ce jour, et ce fut également la plaidoirie de Maître Marion Taupenas, Barreau de Toulon, contre les féminicides, est que la lutte contre la culture patriarcale, qui est la culture des maltraitances à l’égard des femmes, qui est aussi la culture du viol, est à combattre pour que toute notre humanité découvre le sens de vivre et lutte contre un perpétuel bouleversement qui détruit.
La cruauté est un chaos, la culture patriarcale est ce chaos
© Fédora Hélène



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