Un an – Une marche blanche lui rend hommage – « Ni oubli ni pardon »
24 ans, Steve venait danser, retrouver des amis, sa joie de vivre s’exprimant sur son visage, son sourire, c’était la fête de la musique du 21 juin 2019 à Nantes.
La musique techno se diffuse dans la nuit quai Wilson au bord de la Loire, il est tard près de 4 heures du matin, les sons sortent des baffles, la fête continue, c’est un soir dans l’année, un soir de joie, un soir où on oublie tout.
La police intervient, la fête est terminée et plus aucun son ne doit retentir. Un dernier se jouera malgré tout ; un son et se déclenche le drame.
Une intervention policière contreversée, qualifiée de disproportionnée, les policiers disent que des projectiles ont été lancés, des gaz lacrymogènes fusent aussitôt dans l’air, tout se trouble, tout s’accélère et il sera au moins 7 personnes qui tomberont dans la Loire.
Steve ne sait pas nager. Il disparaît et son corps sera retrouvé le 29 juillet dans la Loire à proximité d’une immense grue jaune où la marche blanche de ce dimanche a marqué un temps de recueillement.
Une marche blanche pacifique qui a réuni près de 2 600 personnes selon le chiffre de la police , toutes déterminées pour que la vérité soit faite sur ce qui c’est passé lors de l’intervention de la police et sur les conditions de la mort de Steve.
Une enquête se poursuit et il est annoncé dans la presse que dans les jours à venir, il sera des éléments sur les expertises réalisées notamment sur son téléphone portable. Il est de comprendre la géolocalisation précise et la dernière heure où son portable bornait.
Les jeunes tombés ce soir là dans la Loire affirment à la presse qu’ils ne lâcheront pas, qu’ils ressentent une colère, une souffrance et qu’ils iront jusqu’au bout pour connaître les circonstances exactes de la mort de Steve.
Une nuit terrible, la peur, les cris, des personnes tombées dans la Loire en pleine nuit, « Justice pour Steve » les jeunes se mobilisent , des manifestations réclament que la lumière soit faite, que Steve ne soit pas oublié. Une émotion intense, une solidarité forte, une paix, un an après la disparition de Steve, tout était là, tous étaient là. Une famille réunie, un peuple était là ce dimanche.
Steve est en notre mémoire, le symbole. Il a subit ce terrible de l’injuste
Ces gaz lacrymogènes qui envahissent l’air, qui asphyxient, brûlent les yeux, le visage, ces gaz lacrymogènes habituels , lâchés en fumée de violence.
Ils blessent, humilient, rabaissent, interdisent l’expression du peuple, au moindre fait, ils sont lancés, acceptés.
Il est dans notre société considéré comme normal de réprimer , de punir et on appelle cela disperser, rétablir l’ordre.
Nommer les gaz lacrymogènes violences est interdit, scandaleux aux oreilles du pouvoir, aux oreilles de ceux convaincus qu’une société ne peut que répondre au peuple par la violence.
Une violence continuelle, une violence politique calme, ordonnée, légitime, tout ce mensonge est savouré car il correspond à l’apparence, à ce qui comble le vide, ce qui n’existe pas, une puissance que l’homme a inventé les États en domination arbitraire qui décide de la vie de l’humain, de la nature dans cette démence constante de lui attribuer le nom de droit, de justice, d’égalité, de liberté.
Dès que la liberté s’exprime profondément, véritablement, voulant aller jusqu’au bout, elle est réprimée, remise à l’ordre, à ce qui semble parfait, incontestable et interdit d’être contesté.
Le peuple est libre, il vote alors que les élections font l’objet de lourdes manipulations politiques depuis des décennies, qu’on a baptisé communication, publicité, pilotage des émotions. L’esprit humain est si facilement mis en vulnérabilité et donc manipulable.
Ils jouent des émotions, des peurs, de l’humain bienveillant qui croit, qui fait confiance et qui se fait avoir, qui est contraint de rester dans une case sociale décidée pour lui.
Les fraternités ne doivent pas se faire et l’État est le dominant qui commande la police, la justice même si l’hypocrisie de la séparation des pouvoirs s’obstine.
Le politique commande l’économie, il décide de la richesse , de la pauvreté, on admet chaque jour le sordide, on admet chaque jour la pauvreté du moment qu’elle ne nous touche pas, du moment que l’on peut consommer en toute liberté et l’argent fait le bonheur. La peur de tomber à son tour fait maintenir le pouvoir à sa citadelle.
Des puissants égocentriques, imbus d’eux-mêmes, cupides et le monde ne tourne plus rond. Le gouvernement doit être un allier, un ami sur qui on peut compter, avoir confiance et qui a de la considération pour vous, reconnaît votre liberté, votre droit à décider pour ce qui engage votre vie, celle de votre famille, de vos amis, être bienveillant sans chercher l’intérêt narcissique à chacun de ses pas, à chacune de ses réformes, et déforme ainsi la paix en créant la discorde.
Tous opposés les uns aux autres et un même objectif à atteindre pour une économie dévastatrice produire et consommer jusqu’à l’épuisement. Une rivalité, une compétition entre les uns et les autres, c’est la division pour régner.
Affaiblir la population pour tenir le pouvoir et ces ambitions qui ne s’arrêtront pas. Donner en calculant en premier comment cela va être repris et permettre de mettre en faiblesse un autre groupe de personnes car ce que l’on attribue à l’un en bénéfice, le politique l’a pris à un autre groupe de personnes et généralement les plus pauvres car ils peuvent rien dire, pas se révolter comme les riches et très riches seraient capables de le faire si le système leur prenait leur argent. Ils mettent la pression pour obtenir ce qu’ils veulent et les gouvernements , qui s’y plient car ils ne tiennent qu’à un fil par les milliardaires .
Ils sont les investisseurs du système donc au-dessus d’un politique qui leur servira d’exécutant.
Heureusement la vie n’est pas cela, c’est le système qui prend la place de la vie.
L’uniforme, le mental formé à représenter l’ordre, la conviction que cela est bien, car ce qui est bien pour l’un est mal pour l’autre et les interprétations n’ont pas de fin.
Mais, si nous prenions l’unité de la douleur pour mesurer ce qui est justice et ce qui ne l’est pas ?
Les gaz lacrymogènes imposent une douleur, un choc, une agression alors nous pourrions penser que nous ne sommes pas dans un système respectant les droits humains et ainsi pays après pays.
Tant est la nécessicité de se nourrir, d’avoir un réfuge, de réaliser sa vie, d’avoir le droit à acquérir un avenir, donc le droit de vivre, de survivre quand la précarité saisit, tant nous subissons sans avoir rien demandé un pouvoir de prédateurs.
Plus la souffrance se fait, plus il est la soumisssion à ce qui blesse, à ce qui est intolérable car il n’y a pas la possibilité de fuir, de s’échapper de ce système si ce n’est de tomber dans l’eau, avoir froid, peur, être blessé et se reconstruire avant de se dire que tout peut recommencer, que tout peut encore briser, emporter la vie.
L’homme armé face à un autre homme, l’homme ne pouvant pas être en solidarité et s’exprimer sans violence.
Savoir se reconnaître, reconnaître notre humanité, et notre besoin d’avoir recours aux mêmes ressources pour subsister. Puis, plus un pouvoir exerce une violence, plus il perdure, il s’impose, devient la pensée inévitable. On attend de lui la bonne parole, le droit accordé, des décisions concernant notre vie. Ces abus de pouvoir par les politiques deviennent comme ces gaz lacrymogènes habituels, conformes.
Et on espère de ceux prenant ce droit nocif sur autrui, qu’ils vont changer, être bienveillants. Nous sommes dans l’illusion constante, dans un déni qui semble nous protéger de la lumière.
Voir, sortir de l’aveuglement, respirer de nouveau, s’ouvrir au monde, à la réalité de notre Terre, ce premier souffle impose une douleur, il nous traverse en une énergie de vie.
Voir, respirer sans manipulations, sans pollution présente-t-il ce qu’il y a de plus dur ?
© fédora hélène

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