France – 53 féminicides – Au cimetière de juillet

2020 –  Il était un 1er janvier et l’été devait offrir un temps radieux de rires, de vacances, de ces souvenirs d’enfance que l’on garde précieusement au cœur de la mémoire.


Le visage d’une grand mère, ce temps avec ma mère, ces photos de joie plus près de la nature, ce pique nique à la plage , ce champ de blé, ces vignes récoltant les rayons du soleil et le sucre des fruits embaumant l’air de leur parfum. Une douceur était loin du bruit, loin de nos vies qui se pressent sans cesse dans le tumulte des villes.


Il est ce bel été, le thé au jardin, une douce sérénité. Versé dans une tasse en porcelaine, son ambre, une lumière perçant l’ombre, les femmes réunies, plusieurs générations ensemble, une enfant endormie au berceau, il est toujours le nouveau jour.


Puis, il était cet homme, celui qui ne sera plus, celui à qui on donnait toute notre confiance, tout notre amour. Celui qui devait rire, vivre, aimer près de nous, près du bonheur, toujours à cet été. Nous le voyons, le père, l’ami, l’amant, le frère et il est ce drame des étés où pourtant tout pouvait fleurir si la violence n’avait pas voilé de sa haine un si beau soleil. 
Volé la vie, son bonheur, cet homme trahissait pour combler le vide, faire l’horreur, renverser les vases, tuer les fleurs, casser les rêves et fermer à jamais les yeux de l’amour, une mère épuisée, elle si radieuse, si belle en cet été.


La vie donne toutes les espérances et la violence d’un seul homme détruit le bleu du ciel et le teint de drames. 
Je voulais reposer la couleur de la vie, plus qu’une rose blanche, graver sur une tombe à la craie que la pluie n’efface, ton nom, une mère, une sœur, une femme qui garde l’été en un soleil brillant au cœur de la vie, au cœur des hommes, qu’aucun de toutes leurs violences ne peut éteindre. 


Il recommençait toujours, leurs violences ne cessent jamais, ces hommes ont pris le malheur, ont évanoui leur cœur, du berceau de l’enfant, ils ne voient rien, ni la beauté de l’amour qui pourtant en étoile depuis des millénaires réchauffe la Terre, fait mûrir le blé, nourrit de sa force toute notre humanité. 


Un bel été, il était au jardin, les senteurs d’un thé, la tendresse, le doux jasmin, le vert, le blanc et le bleu, ce reflet des jours heureux. En soupir, la rose carmin ornera la table en fer forgé à l’éternel, à l’enfant devenu femme se souvenant d’un mois de juillet, du sourire de sa mère, et ce visage que tous ont oublié. Cet homme qui a tué, « il n’est pas notre père« , ces mots résonnent désormais pour celui qui a trahi la vie.


Il sera le temps d’ouvrir la porte du jardin, celle qui désormais restait au passé, de laisser intact ce dernier jour où elle était là parmi nous. 
Il sera ce jour où un homme ne blessera plus jamais une mère, une sœur, une femme, un enfant. Ce jour où les cimetières ne seront plus le refuge d’ une femme traumatisée, violée, tuée par son compagnon ou ex-conjoint car les violences faites aux femmes et aux enfants auront été anéanties. 


Au cœur des familles de prédateurs, qu’ils ne soient plus soutenus. Qu’il ne soit plus cette roulette russe : ce soir, il agresse ou pas une femme. 

Quand tous savent et qu’une femme reste seule face à son bourreau. Quand ces parents entendent leur fils hurler sur leur petit-fils et qu’ils ne se lèvent pas pour le secourir, quand ces parents savent que leur fils agresse violemment une femme jour après jour et qui le laissent faire, lui donnent de l’argent pour acheter leur tranquillité et abandonnent la victime, l’humilient , la nient. 


Toutes ces mères qui protègent leur fils violent, qui nient la victime, qui l’accusent d’être responsable et osent dire à la victime, « On ne sait pas ce que vous faites avec lui. » Elle se fait frapper, balancer, traumatiser, violer, agresser, tuer et ces mères de prédateurs le savent mieux que quiconque. 


Lutter contre les violences faites aux femmes et aux enfants, c’est une volonté en chacun de nous de ne pas accepter qu’un homme puisse martyriser une femme, puisse la tuer. C’est ne pas accepter la cruauté, la criminalité masculine, c’est anéantir le partiarcat. 
Chacun de nous ne doit pas laisser l’injustice perdurer et accabler la vie. 

Secourir une victime c’est sauver une vie

 
Du 1er janvier au 16 juillet 2020 en France, Il est 53 féminicides. 
Le 16 juillet deux femmes ont été tuées par leur conjoint. Près de Caen à Ifs (Calvados), une femme retrouvée inanimée à son domicile et une autre  femme a été tuée par son conjoint à Bailleul (Nord). 

Depuis le 1er janvier 2020, 53 femmes sont mortes tuées par leur conjoint ou ex conjoint, selon Féminicides par compagnon ou ex.

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© Fédora Hélène

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