Une année 2021 qui commence sous le poids de la violence surgissant dans toute son ampleur par cet événement révélateur qui change irrémédiablement nos sociétés , la pandémie de Covid.
Ce début 2021 marque notre histoire autant que l’année 2020 par cette accélération de la souffrance qui s’affirme, et qui est au cœur de notre humanité. Ce désespoir, cette injustice pesante et divisant, faisant des ravages par ses conséquences destructrices, par l’ignorance qu’elle dresse au-dessus de tout bon sens, de tout intelligence du cœur , cette folie suicidaire à laquelle on court et pourtant la vie veut de toutes ses forces nous retenir, nous éloigner du précipice et tout semble s’engouffrer dans la violence , la perversité de notre temps où les prédateurs, la haine dominent et où l’amour est éclaté, semble faire des promesses de printemps, de renouveau, avant que celles-ci soient au vent les dispersant.
Ce vent léger naissant au printemps, onde musicale sur laquelle voyagent les fleurs de cerisiers , sakura, s’est éteinte pour les cerisiers vandalisés qui ne fleuriront plus. L’onde bienfaitrice de la renaissance ne sera pas ce printemps , des cerisiers ont été vandalisés durant 3 jours à partir du 1er janvier au centre culturel et communautaire japonais situé à JapanTown créé au début des années 1900 et baptisé Nihonmachi.
The New York Times publie l’information qui indique que les caméras de surveillance ont filmé la destruction de magnifiques cerisiers japonais, symbole fort de la culture japonaise, de son histoire et intégrant sa vie politique.
Lors d’une interview retranscrit The New York Times, le directeur exécutif du centre culturel , Paul Osaki exprime sa douleur , « Quand je les ai vus, j’étais tout simplement stupéfait : j’étais choqué, j’étais en colère, j’étais écrasé. » et ajoute-t-il « ça fait vraiment mal ».
On ne sait la motivation qui a poussé à cet acharnement pour détruire quelqu’uns des arbres plantés près de l’entrée du centre culturel, ni qui sont le ou les auteurs ayant commis cette vandalisation , mais le directeur du centre culturel japonais explique qu’il faut avoir une détermination pour commettre ce saccage car les arbres sont imposants et mesurent entre 3 et plus de 4 mètres de haut. Le New York Times souligne que Paul Osaki précise que « Je ne sais pas si c’était motivé par la haine, mais certainement ciblé ».
Sakura, les cerisiers japonais, haut symbole du Japon
Les cerisiers de JapanTown à San Francisco sont implantés depuis 1990 et en 1994, lors de leur visite aux États-Unis , l’empereur Akihito et l’impératrice Michiko ont offert en symbole de l’amitié entre les États-Unis et le Japon, des cerisiers japonais qui ont été plantés dans l’environnement du centre culturel japonais accueillant une communauté asiatique-américaine qui représente près de 30 % des habitants de la ville.
En 1912, le Japon scelle son amitié avec les États-Unis en offrant 3 000 cerisiers en fleurs qui ornent les bords du bassin Tidal à Washington. En 1965 se seront 4 000 fleurs de cerisiers offertes à la 1ère dame d’alors, Lady Bird Johnson.
Le hanami « contemplation des fleurs de cerisiers » est une fête qui se déroule pendant 15 jours au japon et sa date respecte l’heure de la nature qui seule fixe celle-ci en fonction de la floraison des cerisiers qui est vers fin mars-début avril.
Une tradition ancestrale qui depuis l’an 710, symbolise le Japon dans toute sa richesse culturelle, s’inscrit dans sa philosophie, l’art, symbolise le gouvernement japonais, marque le rythme de l’année civile car au moment du hanami, est la rentrée scolaire, l’année fiscale au Japon, le moment de favoriser sa carrière professionnelle, ses études.
Le Sakura traduit par la beauté de ses fleurs, leur fragilité, le temps éphémère de leur floraison qui ne dure que quelques jours , une pleine floraison appelée, mankai. Celle qui ravit le regard, appelant à l’écoute du bonheur. L’homme , le noyau et autour de lui les différentes sphères de son environnement. Hanami, le temps de la contemplation, une fleur libre volant jusqu’à l’être humain et retombant au sol, ou allant plus loin et se perdant dans l’eau d’une rivière , ou celle offerte à ceux que l’on aime. Fleur fraternelle, fleur rejoignant le temps de sa floraison l’esprit libre de celles et ceux communiant avec la nature par le langage du cœur, de l’esprit conscient de ses limites , de la mort qui est par l’éphémère de notre vie autant que l’est la floraison des cerisiers. À la fin de la floraison, les fleurs s’envolent en une pluie de perles blanches et rosées couvrant le ciel , telle une neige printanière sans froid, tout en douceur.
La vie toujours possible qui chaque année renouvelle ses promesses . Des promesses de réussite, d’amour , ses promesses parfois volées par les hommes de violences qui trahissent la vie et la fleur qui en espérance console des guerres et se fait promesse de bonheur. Celui qui est infini et que nous vivrons le jour où l’homme aura signé la paix, le jour où les femmes les auront contraints de le faire.
La fleur de cerisier dessinée sur les avions japonais lors de la seconde guerre mondiale et la promesse de renouveau, de liberté encore en peine par les hommes tuant la beauté simple qu’offre la vie , celle qui dessine les fleurs de cerisiers sur les tissus que portent les femmes. Les artistes donnent vie aux fleurs immobiles sur la toile pour paraître en nos mémoires vivantes et claires. La fleur de cerisier, celle qui se fait parole libre des femmes qui confient à la nature leur liberté emprisonnée dans un univers d’hommes ayant arraché les fleurs du printemps sur la terre promise en tous ses lieux, en toutes ses veines d’eau abreuvant les sentiers fleuris par le printemps, en naissance.
Ce 1er janvier 2021, la vandalisation des cerisiers japonais est un acte contre la promesse de jour qui se lève pour accueillir la chance qui s’offre aux hommes encore une fois, patiente, ne voulant que recevoir sa paix , et non le désespoir qu’il sème , non le fracas de sa violence , non les morts au Capitole, non les millions d’enfants et de femmes en extrême pauvreté dans le monde , y compris dans les pays riches tels que les États-Unis, ou la France qui compte une lourde aggravation de la pauvreté, de la violence et de prédateurs saccageant par leur cruauté, la beauté de l’espérance de ces fleurs de cerisiers qui au Mémorial de Caen symbolise la liberté.
Une liberté gagnée au prix du sang et des larmes, aux armes de la résistance, celle qui appelle aujourd’hui contre les politiques semant de nouveau un grave déséquilibre , la haine , le mensonge par leurs manipulations, leur pouvoir en despotes pensant encore trahir le monde.
Le Sakura devrait être à l’honneur dans le monde entier en ce printemps de 2021 qui s’approche de nous et que nous devrions vivre en fraternité et liberté, nous rappelant que notre vie est éphémère et que durant le temps de la beauté de la vie, nous devrions admirer le bonheur qu’elle nous offre aussi simplement que l’air se couvre de rose, étincelle en nuances, en émotions , en paix.
Les mesures sanitaires peuvent s’amplifier et restreindre la liberté , n’oublions jamais que l’homme a depuis des siècles la culture d’un pouvoir surdimensionné et que la liberté lui fait peur. Les politiques ont peur de la liberté, ont peur des mouvements populaires et peuvent par leur crainte de perdre leur pouvoir, briser les fleurs du printemps.
La voix de la liberté n’est pas une arme puissante, elle est aussi simple, belle et fragile qu’une fleur de cerisier.
©Fédora Hélène

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