Syrie – Ahmad Joudeh danse pour vivre, pour la liberté – Mouvement de vie au cœur de « l’insaisissable » paix

Lumière sur

SyrieJanvier 2021 – Dix ans de conflit – La paix demeure en souffrance

ONU – 12 mars 2020 – « La paix reste encore trop insaisissable » Antonio Guterres, Secrétaire général de l’ONU

Une paix qui s’enfuit et le peuple syrien abandonné par cette sœur libératrice, lutte pour survivre , lutte pour être, être en vie. Une existence qui s’enfuit , une mémoire en deuil, se souvient des visages de ceux qui ne sont plus , ils ont été tués, la guerre n’est que cela, la victoire de ce qui blesse, anéantit la vie.

Syrie, plus de la moitié de la population a été contrainte de fuir, fuir pour sauver sa vie, celle de sa famille, fuir la faim, une maison bombardée, un quartier en ruine, fuir pour travailler ailleurs et envoyer de l’argent pour permettre à ceux restés au pays de manger.

La guerre , c’est ce simple et nécessaire quotidien qui n’est plus. On ne peut plus se nourrir, on ne peut plus dormir, on ne peut plus marcher sans crainte, avoir peur est quotidien. La guerre, c’est quitter ceux que l’on aime, voir la mort devenir le quotidien, voir des êtres chers disparaître dans les brumes des longs cauchemars qui ne s’enfuient pas. La guerre, c’est l’enfant blessé qui ne pleure plus. La guerre et loin d’elle, se sauvant au milieu de sa ruine, les yeux fermés s’élancer en un mouvement de liberté, vivre en un geste de la main, le corps bascule sur une autre terre, la danse l’emporte où il n’est pas la cruauté, ceux voulant détruire notre humanité.

« Danse ou meurs » Ahmad Joudeh a inscrit sur sa nuque cette phrase en Indien. Danse ou meurs, le corps meurtri, battu reprend vie. Il est cette flamme d’un cierge qui ondule en une prière de paix . Cet éphémère du mouvement, l’énergie de vie dessine l’air, entre en soi, le regard pleure en une émotion, il trace la ligne invisible de l’amour qui signe la paix sur cette feuille de liberté à l’azur du ciel. En plein air, parmi les pierres à terre, les murs effondrés, ce qui reste du quotidien d’une famille, de passants, d’un quartier, d’habitants, d’une photo perdue à jamais parmis les débris, cette poupée abandonnée , à jamais orpheline , et la petite fille ne sert plus dans sa main le jour de sa naissance, sa mère s’en est allée et Ahmad danse pour vivre, lutte contre l’horreur pour survivre et se donner le droit de sourire entre les larmes, d’être heureux entre les instants de désespoir, ceux forts , mais la danse traduit l’intelligence de la mémoire, de l’émotion , de l’amour en un mot, un son, un silence, une courbe, une clarté illuminant l’espace pris par la guerre, pour dire que la vie est plus forte que tout.

Danse et la mémoire porte la silhouette d’Ahmad qui d’un saut s’envole et franchit l’enfer en un élan de paix. Vaincre la mort, comme si nous pouvions être le printemps qui renaît et donne une chance à l’enfant tombé, à une mère partie dans ce toujours qui effondre nos mots, et le silence danse. Ahmad, écrit le livre de la guerre, de la Syrie belle de notre civilisation, berceau de nos cultures, sa terre d’ocre est un peu la nôtre.

Neuf années de conflits, « Le conflit brutal a entraîné un coût humain inacceptable a provoqué une crise humanitaire d’une ampleur monumentale » déclare en mars 2020, Antonio Guterres

La faim, 11 millions de Syriens ont besoin de l’aide humanitaire pour survivre, alerte l’ONU. L’organisme onusien et ses partenaires ont réussi à apporter un soutien à 6 millions de personnes chaque mois en 2019 .

La guerre, c’est manquer de tout. C’est être dans ce vide, plus de commerces, des ruines, plus de maisons, des ruines, plus d’école, des ruines, des hôpitaux touchés par des bombardements . L’aide humanitaire achemine en 2019 des fournitures médicales pour un demi-million de personnes. De plus, 1, 4 million de personnes recevront une aide alimentaire.

La paix , neuf ans la guerre la bat , elle ne peut paraître, alors Ahmad danse pour elle, pour consoler le chagrin éternel. Le danseur syrien a perdu cinq membres de sa famille, sa maison et son quartier ont été bombardés, il ne reste que la pierre à terre au milieu de la poussière. Les rires, les fêtes et sa famille qui l’écoutait chanter , ces assemblées de joie ne sont plus et Ahmad ne cède pas , et pas à pas ,il danse , redonne sa dimension à la liberté, à ce petit garçon qu’il était . Celui , innocent, qui ne savait pas le bruit de la guerre, celui qui apprenait de belles mélodies , et Ahmad décida de danser, à perdre la vie pour la gagner et la guerre souriait, haïssant la liberté que Ahmad portait en une voile blanche au-dessus des tempêtes de haines.

Danser, l’art est interdit, et Ahmad reçoit les coups, ceux qui veulent lui briser la jambe pour qu’il ne danse plus, ceux voulant tuer son rêve, ce qu’il est, la liberté.

On peut te tuer si tu danses

« Ils m’ont dit qu’ils allaient tirer dans mes jambes juste pour que je perde ma capacité de danser, car ils savent que je suis danseur. Ils n’arrêtent pas de me lancer des messages comme quoi ils me tueraient si je restais ou si je continuais à donner des cours aux enfants », explosent le danseur syrien lors d’un reportage réalisé en 2016 par le journaliste Roozbeh Kaboly pour la chaîne néerlandaise Nieuwsuur. Ahmad avait 26 ans. Puis, les coups et son père se fait cette porte fermée qui ne veut pas qu’il danse et les blessures brisent.

Le danseur syrien si émouvant, si sincère, si merveilleux , et les larmes coulent en découvrant le magnifique reportage réalisé par Arte, « Dance or Die », du nom du tatouage que Ahmad a gravé en mémoire de son combat pour danser, vivre et pour la paix.

Sa mère le soutient, elle est fière de son fils, si magnifique de paix. Son père lui n’a jamais souhaité le voir danser. La danse est interdite aux garçons, Ahmed danse et risque de mourir . Il est l’oiseau à qui son père veut confisquer les ailes. Il ne viendra jamais voir Ahmad danser. Mais Ahmad, c’est la bonté de la paix , du mouvement de la danse , symbole de fraternité, de pardons, de ses silences de la souffrance au langage limpide, le regard et il pleut des larmes , la douleur, l’hiver traverse le sable d’or de Syrie et Ahmad danse au théâtre antique de Palmyre.

Palmyre, l’antique cité blessée par Daesh 

Palmyre aux mains de Daesh, l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH) explique qu’il fut le 27 mai 2015, l’exécution d’une vingtaine de combattants du régime , mise en scène dans le théâtre antique.

Le 18 août 2015, l’ancien directeur des Antiquités de Palmyre, Khaled al-Asaad, âgé de 82 ans, un des plus éminents experts du monde antique, est décapité par Daesh.

Le site antique de Palmyre , classé au patrimoine mondial de l’UNESCO subit la destruction qu’impose l’État islamique et une partie de son patrimoine sera vandalisé par les Jihadistes. Le Lion d’Al- Lât, vieux de 2000 ans, chef d’œuvre unique découvert en 1977 par une mission archéologique polonaise et qui ornait l’entrée du Musée de Palmyre est endommagé par Daesh. Le plan de sauvegarde d’urgence du patrimoine culturel syrien permet de le restaurer. Sa renaissance sera début octobre 2017. « La restauration du Lion d’Al-lât est une grande réussite de dimension symbolique » déclare en 2017 à l’UNESCO, Hamed Al Hammami, Directeur du Bureau régional de l’UNESCO, représentant de l’UNESCO au Liban et en République arabe syrienne.

Le site de Palmyre ayant été aussi miné par Daesh , les experts de l’UNESCO s’y rendant pour dresser un premier bilan des destructions en avril 2016, ne peuvent alors s’approcher du Temple de Bel vandalisé , mais constatent la destruction du cœur de notre humanité que la haine a voulu entreprendre. Des statues sont décapitées, les pierres cassées des monuments jonchent le sol, « L’arc de triomphe détruit, l’agora et les ruines pulvérisées du Temple de Baal Shamin » témoignent les experts de l’UNESCO. Une destruction de l’humain, c’est cela le terrorisme, et la mission de l’UNESCO observe une minute de silence en mémoire aux victimes tuées sur le site de l’Amphithéâtre.

Ahmad danse sur le site de l’Amphithéâtre en hommage à ceux qui sont morts. La douleur est présente, tous ceux rassemblés autour du danseur vivent les pas de danse, la puissance de l’art, du corps exprimant en mouvement le son des mots de souffrances garder secrets. Le corps libre exprime par l’art ce lien entre ceux brutalement disparus, qui ne verront jamais la paix éclore et vivre de nouveau, avec ceux survivants créant l’immense espoir de la paix. Il sera toujours ce rayon de lumière de la vie. Il paraît invisible, mais il est là , persistant à chaque seconde où notre humanité avance, où elle crée son cœur plus puissant que toutes les armes, que tous les crimes que les haines portées par des hommes s’appliquent à tenter de dévaster. Ce cœur, c’est l’énergie de la vie, la lumière qui habite notre univers.

Ahmad danse au milieu des ruines, il crée le beau , la force, le courage de ces hommes magnifiques , il libère la liberté, redonne espoir, et ce sont ces hommes qui portent la véritable valeur de notre humanité. Ahmad dépasse chaque jour la souffrance physique qui l’assaille. Il lutte et la joie de vivre se fait par la danse, contemplation. 

Ce sont eux qu’il faut regarder, aimer et en chaîne de l’espoir, savoir que nous sommes toutes et tous cette onde en mouvement de la paix, la danse de la liberté.

2 Janvier 2021, une voiture piégée explose à Ras al-Ain dans un marché situé au bord d’une route principale. Deux enfants sont tués et leur mère blessée. Une deuxième attaque a lieu ce même jour, à Jinderis au nord-ouest de la zone rurale d’Alep. Plusieurs civils auraient été blessés dont deux enfants et un civil aurait été tué.

« Nous avons neuf ans d’atrocités horribles, y compris des crimes de guerre. Neuf ans de violations des droits de l’homme à une échelle massive et systématique, érodant les normes internationales à de nouvelles profondeurs de cruauté et de souffrance » déclare M. Guterres, en mars 2020 à l’ONU. Des milliers de morts, de blessés, des milliers de personnes disparues, détenues et subissant la torture, rappelle l’ONU.

« Nous ne pouvons pas laisser la dixième année se traduire par le même carnage, le même mépris des droits de l’homme et du droit international humanitaire, la même inhumanité » déclare le Secrétaire général de l’ONU, en mars 2020. Un cessz-le feu, et un processus de paix à l’échelle nationale est l’absolu priorité. « Les parties doivent revenir au processus politique facilité par les Nations Unies , mandaté par la résolution 2254 (2015), qui reste la seule voie viable pour mettre fin au conflit et offrir une paix durable au peuple syrien » recommande M.Guterres.

Le terrifiant, l’horreur, nous devons chacun de nous lutter pour faire naître une humanité en paix, anéantir la violence, la cruauté.

Aucun gouvernement à travers le monde n’a véritablement encore répondu à cette volonté de paix universelle, de respect profond des droits humains. Et, durant la pandémie de covid, des migrants, réfugiés vivent l’inhumanité par l’absence de l’accueil , de la volonté de recevoir car avant de donner, il faut savoir recevoir. 

L’horreur, des hommes la commettent en laissant dehors ceux vulnérables, ceux sans-abri. La cruauté, des hommes l’exercent dans leur foyer, brisent.  C’est à nos sociétés de ne pas accepter qu’un homme puisse être cruel et violent, détruire la vie de femmes, d’enfants , d’hommes beaux de liberté. 

Dehors, la guerre saisit, la guerre se fait notre ombre, notre humanité refusant d’aimer la clarté , les différences, la tolérance, le respect d’autrui et chérir l’avenir. Ne pas laisser des hommes être cruels, ceux faisant verser les larmes de sang en semences dans le sillon de notre humanité, berceau de notre futur.

Aux petits princes de la terre, semeurs d’espoir , de paix, de liberté et dansent les rayons du soleil !

©Fédora Hélène

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