Lutte contre les violences conjugales et sexuelles – Passer des promesses aux actes

Le Forum Génération Égalité 2021 a déclaré à Paris une volonté forte de lutter contre les violences conjugales et sexuelles sévissant dans le monde, une lutte qui ne peut qu’être internationale puisqu’à travers la volonté d’anéantir la violence à l’égard des femmes, il est l’objectif d’atteindre l’universalité de la paix. Une paix qui ne peut exister si la moitié de notre humanité est exclue, cette partie de nous-même, un membre essentiel portant notre humanité, les femmes. les violences faites aux femmes, c’est la paix constamment menacée, errant sur un fil suspendu au-dessus du vide et pouvant rompre à tout moment, cette crainte habitant notre conscience, celle qui sait l’impact terrifiant que causent les violences conjugales et sexuelles dans la vie de millions de femmes et d’enfants à travers le monde.

Les chiffres de la douleur

ONU Femmes établit ces chiffres de la douleur, ce nombre de la peine : 87 000 femmes ont été tuées en 2017, année de référence. Dans le monde, chaque jour – 137 femmes sont assassinées par un membre de leur famille. En 2019, il est établi qu’en France, une femme meurt tous les deux jours, tuée par son conjoint ou ex-conjoint.  Le 2 juillet dernier, il était en France depuis le 1er janvier : 59 féminicides.  

Une violence conjugale en inquiétante augmentation et l’ONU Femmes alerte sur le fait que durant la pandémie de Covid-19, en l’espace de quelques mois, les appels aux services d’urgence ont été multipliés par cinq dans certains pays, soit +de 60 % dans l’Union européenne. Le nombre de violences à l’égard des femmes signalées aux institutions compétentes a augmenté de 83% entre 2019 et 2020 et le nombre de violences signalées à la police a augmenté de 64%.

En 2021, les violences faites aux femmes persistent, s’intensifient dans le monde et le patriarcat en assassinant des femmes, en traumatisant la vie de plusieurs millions de femmes chaque année, assassine les droits humains.

Nous pourrions croire que la lutte contre les violences conjugales et sexuelles, sexistes est vaine , mais nous devons être ce sourire au monde qui signe que la bataille sera gagnée et que le monde exprime cette volonté d’anéantir les violences à l’égard des femmes en créant partout ces étincelles de lumière: en septembre 2020, 48 pays intégraient la prévention et la réponse à la violence à l’égard des femmes et des filles aux objectifs de lutte contre le Covid- 19 et 120 pays ont pris des mesures pour renforcer les services aux victimes subissant des violences conjugales , violences sexuelles durant les confinements et couvre-feux enfermant une victime avec son bourreau , réduisant les possibilités de se déplacer et devant également faire face à une aggravation des conditions de vie du fait d’une pauvreté toujours plus violente.

Lutter contre la pauvreté – cet essentiel

Une pauvreté contre laquelle, il est essentiel de lutter si nous voulons rendre la lutte contre les violences faites aux femmes plus efficace, visible dans le quotidien des victimes. La lutte contre la pauvreté est primordiale pour garantir la sécurité des plus fragiles, des femmes victimes de violences impactant de manière multiple la dimension de leur vie. Un tyran domestique impose souvent la précarité, l’isolement social et économique qui en résulte, pour augmenter son emprise, la détresse de ses victimes. La pauvreté est une arme redoutable entre les mains d’un partenaire violent, tant elle est souffrance supplémentaire, tant elle impacte la liberté, est une violence provoquant des traumatismes pouvant durer toute une vie, ainsi que le souligne l’ONU.

La justice doit accueillir avec sensibilité et empathie les victimes

Ces partenaires violents semant un champ de mines entourant leur proie qui alors donne toute son énergie pour survivre, protéger ses enfants , quand elle comprend que la justice ne sera pas un secours, quand elle subit des violences psychologiques graves suivis de violences physiques, sexuelles , de menaces de mort parfois avec arme, cette torture mentale qu’exercent certains conjoints prédateurs. Des actes criminels qu’ils répètent inlassablement durant des années , anéantissant alors leur proie qu’ils  maintiennent en état de choc, en état de survie.  Puis, il est de prendre conscience que des femmes victimes de cette incompréhensible cruauté envers elles, ont la force d’aller témoigner devant la police, alors que leur bourreau est toujours présent, interdit tous refuges, mets leur vie en danger, et qu’elles sont souvent ni entendues, ni protégées alors que notre société connaît le mental de ses partenaires prédateurs , leur dangerosité et combien celle-ci détruit des vies, impacte toute notre société.

En France, le Grenelle des violences conjugales ouvre la porte de l’espérance à de nombreuses victimes, permet à celles-ci de s’exprimer, de témoigner ce qui était extrêmement plus difficile auparavant. Une espérance qui ne peut être anéantie à son tour, refondre la justice serait permettre une libération pour des milliers de victimes, serait aussi un hommage aux femmes assassinées par leur conjoint ou ex-conjoint et qui n’ont pu voir le chemin de la paix naître. Les mouvements féministes , associations et collectifs féministes sont ce soutien indispensable, sont ceux et celles donnant sans compter pour servir une cause vertueuse, les droits des femmes. 

 Nous savons que nombreuses femmes tuées par leur conjoint ou ex-conjoint avaient alerté les services de secours, et pourtant autant la justice a été absente pour arrêter un bourreau, autant elle a été absente pour protéger les victimes. C’est ce que nous devons changer profondément ! 

La justice doit élever avec force une volonté d’être un don de paix pour les victimes de violences conjugales, les femmes et leurs enfants, une justice qui doit refonder ses lois pour ne plus y laisser le patriarcat y dominer d’une manière ou d’une autre, soit par les dysfonctionnements, soit par un système d’impunité, soit par la perversité des lois sur le consentement. Puis,  l’abolition des prescriptions concernant les violences conjugales et les violences sexuelles doit être réalisée.

La justice doit rétablir la confiance, et envoyer un message aux victimes pour les assurer de sa protection et non plus imposer des traumatismes supplémentaires, non être l’absente, et envoyer par ce message de paix à l’égard des victimes, un signal fort aux prédateurs. Le temps de l’impunité est fini,  les objectifs de l’ONU pour l’élimination des violences faites aux femmes doivent être respectés, dont celui demandant :  zéro tolérance pour les agresseurs.

Le principe de défense des agresseurs plaidant le bénéfice du doute, et les classements sans suite alors que la justice sait la violence d’un partenaire, constate l’effondrement de la vie qu’il a provoqué, ne doit plus être accepté. Cette impunité des agresseurs  condamne à vie l’innocence, la justice elle-même qui alors se perd et compte les chiffres de douleur, ceux de vies détruites, celles de femmes et de leurs enfants qu’il n’est plus d’oublier.

L’ONU Femmes souligne qu’à travers le monde, moins de 10 % des femmes victimes de violences demandent de l’aide à la police. La justice doit absolument établir des mesures pour que les victimes ne ressentent plus cette peur à l’égard de la justice, que les prédateurs imposent déjà avec force et cruauté, et la formation de policiers et de gendarmes aux violences conjugales, doit être suivie par la formation de l’ensemble de tous les intervenants au sein des institutions publiques, de la justice pour protéger les victimes en devenant un artisan de paix, sûr et certain, pour les plus fragiles.

 Refondre profondément la justice –  elle doit accompagner le travail de la police, comme les moyens financiers doivent être donnés, soutenir de toutes leurs forces la victime car il s’agit d’une vie fragilisée, en détresse, car il s’agit de sauver des vies, car il s’agit de bâtir une paix universelle, d’être cette universalité capable de faire perdurer notre humanité plongée au cœur d’un bouleversement sans précédent.

Justice – elle doit établir un lien de confiance garantissant aux victimes un apaisement des souffrances

Le choix de la paix est le choix de la vie, c’est un choix humain. Les violences faites aux femmes, sont ce crime contre l’humanité et l’ONU Femmes, les pays s’engageant dans la lutte contre les violences faites aux femmes, les artisans de paix, ne s’y trompent pas, c’est notre humanité que nous sauvons par le respect des droits des femmes qui sont le socle des droits humains.

L’ONU alertait avant le Forum Génération Égalité, qu’il faudrait encore plus de 100 ans pour que les droits des femmes soient respectés au rythme des mesures prises par les gouvernements. Pouvons-nous donner un tel héritage de violences aux enfants et générations futures ? Les filles qui seront les femmes de demain ne doivent pas vivre ce terrifiant des prédateurs, ne doivent pas subir la violence du patriarcat, elles doivent être certaines que nous bâtissons aujourd’hui les possibilités pour que leur vie soit libre, qu’elles puissent vivre le bonheur de la paix. 

Sauver des vies

Un chiffre : 641 millions de femmes sont victimes de violences sexuelles par leur partenaire. Des violences provoquant de graves conséquences pour la santé des victimes, et l’ONU constate les grossesses non désirées, les avortements, la transmission du VIH, les maladies graves comme les AVC, cancers, les hémorragies, taux de dépression,qui sont plus élevés chez les femmes ayant subi des violences physiques et/ou sexuelles de la part de leur partenaire intime, par rapport aux femmes n’ayant pas subi ces violences.

Monde – 15 millions d’adolescentes victimes de violences sexuelles

Des violences sexuelles qui sont parfois subies dès l’adolescence et ce sont au moins 15 millions d’adolescentes dans le monde qui entre 15 et 19 ans ont été forcées, ont subi des violences sexuelles de la part d’un agresseur étant un proche. Une liberté volée, saccagée et la force de vivre de toutes ces jeunes femmes, qui parfois seront victimes de plusieurs agressions sexuelles durant leur vie, émanant souvent de leur conjoint, ou d’un agresseur qu’elles connaissent. Des adolescentes traumatisées, qui ne peuvent parfois réussir à parler et ce sont seulement 1% d’entre elles qui se sont tournées vers les services de secours professionnels, précise ONU Femmes.

Justice – Solidarité internationale

Il est alors impératif de souhaiter que la justice soit accessible aux plus fragiles, que l’accès à l’information, aux numéros d’urgence, aux associations, services de police, pouvoir aussi se confier aux personnels des établissements d’enseignement, soient facilités, que la communication des contacts de secours professionnels soit efficace et concrète.

S’inspirer des autres pays où des mesures pour lutter contre les violences conjugales et sexuelles  fonctionnent, concevoir une solidarité internationale, donner des moyens renforcés pour la police pour arrêter des agresseurs, pour protéger des victimes , c’est ce que l’ONU Femmes a élaboré lors du Forum Génération Égalité et dont Marlène Schiappa fait référence pour qu’il puisse exister des échanges, un soutien international entre les polices de différents pays pour agir concrètement et toujours protéger plus les victimes.

 Avancer efficacement, et la justice doit hisser cette conscience, faire cesser le patriarcat que certains prennent un malin plaisir à entretenir. Dire à ceux soutenant le patriarcat, la culture du viol et encourageant, accréditant ainsi des prédateurs, mettant de facto par ce soutien, des victimes en danger, que le silence n’est plus de mise. Rendre invisible les victimes, nier leur existence, inférioriser leur vie, cela est également combattu.

Un patriarcat féroce qui s’implante dans toutes nos sociétés, et 82 % des femmes parlementaires ont signalé avoir subi une forme de violence psychologique au cours de leur mandat. Une violence par des commentaires, gestes et images à caractère sexiste, des humiliations à caractère sexuelle, des menaces, intimidations parfois collectives, précise ONU Femmes.

Des élues ont témoigné des violences sexuelles, sexistes qu’elles ont subi, les agresseurs demeurant souvent impunis – C’est ce qui doit cesser, ce système d’impunité qui dès la prise de la plainte met la victime en souffrance. Cette incompréhensible injustice ne pourra pas élire un pays comme celui étant libre et en paix en abandonnant des milliers de femmes à la violence d’hommes destructeurs.

Les décideurs politiques doivent respecter les droits des femmes

L’ONU Femmes entend bien que les décideurs politiques sont un élément décisif pour que la lutte contre les violences conjugales et sexuelles, soit pour anéantir le patriarcat, arrêter les agresseurs, reconnaître les victimes et leur donner le droit de vivre en paix et sécurité, le droit au bien-être qui sont des droits humains. Antonio Guterres a déclaré à l’ouverture du Forum Génération Égalité à Paris que face à l’inquiétante augmentation des violences à l’égard des femmes, y mettre fin, fin à toutes les violences contre les femmes doit être « un élément central de toutes les politiques et de tous nos objectifs ».

Protéger la vie, le patriarcat blesse notre humanité et la nature. Nous vivons aujourd’hui les conséquences de décennies de politique axées sur le profit, la cupidité, l’orgueil, sur un ancien régime, un archaïsme nuisant à notre présent et avenir. Aujourd’hui, il doit être une ère nouvelle, réparatrice, ne laissant personne de côté, n’acceptant plus la cruauté envers les femmes comme une valeur de pouvoir s’alimentant de la perversité de prédateurs.

Les femmes doivent être parties prenantes de la construction de notre avenir et Audrey Azoulay, Cheffe de l’UNESCO, a appelé les femmes du monde entier, selon l’ONU à « prendre le contrôle et un leadership total dans tous les aspects de la vie et dans tous les domaines de la société afin de reconstruire un avenir meilleur pour tous ».

Investir pour la liberté des femmes

Il doit être une égalité sociale et économique, les femmes ne doivent plus subir la société, mais combattre les fortes inégalités, discriminations dont elles sont victimes. Un investissement pour également promouvoir un enseignement de qualité à toutes les filles, et l’ONU s’engage à soutenir l’éducation des filles leur donnant une autonomie, un avenir où elles pourront faire leurs choix, être indépendantes. Une ambition entreprise pour 28 millions d’apprenants dans plus de 80 pays, annonce l’ONU.

Agir – des moyens financiers à la hauteur

De son côté Angela Merkel a annoncé au Forum Génération Égalité, « 140 millions d’euros supplémentaires, soit un total d’environ 240 millions d’euros dans la Coalition d’action internationale » pour être « activement impliqué dans la Coalition d’action pour la justice et les droits économiques ». La Fondation Bill et Melinda Gates a annoncé un investissement de 2,1 milliards de dollars pour faire progresser l’égalité des sexes dans le monde, indique l’ONU.

Une lutte qui se réalise aussi par un investissement concret et « passer le stade des promesses » comme le souligne Phumzile Mlambo-Ngcuka, à des actes forts, précisant que les États Membres, le secteur privé et autres, ont pris 1 000 engagements pour changer notre monde, en commençant par changer la vie des femmes, par changer les politiques à l’égard des femmes.

« Le combat doit encore se poursuivre », souligne-t-elle en ajoutant « Nous devons constamment pousser vers le haut, afin qu’il y ait une course vers le sommet ». Les femmes doivent réussir si nous voulons un avenir –  une réponse claire.

Le combat pour les droits des femmes commence

Lutter contre un système patriarcal , brutal qui chaque jour met des vies en péril, ça commence par anéantir l’indifférence, ça commence par regarder en face ceux soutenant le patriarcat, la culture du viol, les agresseurs, ça commence par dire aux agresseurs et leur dire haut et fort que les Conventions internationales, ONU Femmes, les États Membres, les artisans de paix, toute une jeunesse de tous les continents, les associations humanitaires, une police mondiale, nous tous unis, chacun d’entre nous, nous voulons bâtir un monde meilleur et ça commence par l’élimination des violences faites aux femmes, et zéro tolérance pour les agresseurs.

Bâtir un chemin de paix pour nous conduire à un avenir serein

Il est un douloureux chemin à parcourir pour les victimes de violences conjugales pour souhaiter que la justice soit un don de paix. Cette universalité de la paix, des droits humains dont les droits des femmes sont le socle, affirmons-le.

Ce chemin qui par la force de vivre des victimes se construit aujourd’hui. « Je suis féministe », a déclaré Emmanuel Macron lors du Forum Génération Égalité – pour des milliers de victimes les larmes couleront encore, mais il est de savoir qu’elles ne sont pas vaines, car humaines, car sincères, et qu’elles entendront un jour, la justice s’accorder à l’universalité de la paix, aux engagements pris par les organismes onusiens, par tous les artisans de paix, et dire à son tour, « Je suis féministe » car c’est être humain.

L’accord, ce sont les droits humains, c’est ce qui constitue la possibilité de dire, ensemble. 

©Fédora Hélène

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