
17 octobre 1961, ils frappent sur les pavés gris, ils frappent sur les murs de Paris, ce jour de pluie, cette nuit. Ils frappent le drame tombant, ils frappent les pleurs des enfants, la peur, la mort. Cet infernal, ces corps meurtris, tués, assassinés, cette vision d’horreur saisit Paris. Ils tirent, des hommes s’écroulent, ils frappent des hommes crient, des femmes et des enfants voient ce déluge de feu, de coups, cette violence assourdissante qui résonne encore dans le cœur des familles, dans le cœur de manifestantes et de manifestants ayant pu s’échapper, dans le cœur de ceux arrêtés et qui connaîtront l’horreur d’une détention brutale, d’actes de violences, de tortures et les témoignages paraissant ce jour 17 octobre, laissent 60 ans après les mots se prononcer encore pour qu’il soit une reconnaissance pleine et entière, pour qu’il soit la paix.
Les survivants, les familles endeuillées viennent sur les quais de Seine offrir une prière à ceux disparus, à ceux « mangés » par la Seine comme en témoigne dans le documentaire, « Ici, on noie les Algériens » , Ghennoudja Chabane présente le 17 octobre 1961, alors qu’elle avait 26 ans. Les larmes des témoins, des images inédites d’archives, le documentaire réalisé par Yasmina Adi transmet la parole libérée, les recherches faites pour le combat mené pour qu’il soit une reconnaissance de ce crime d’ État. Ce crime et il est d’établir les responsabilités politiques, le mécanisme des pouvoirs permettant que soit perpétré de tels crimes et mensonges faisant partie de l’Histoire politique, de la non séparation des pouvoirs et de la violence du colonialisme, de la haine dont est issu le racisme qui est ce crime contre notre humanité.
La reconnaissance nous offre à tous un avenir serein
Un pays qui ne fait pas son histoire n’a pas d’avenir. Il est temps de reconnaître la cruauté qui a été en France, les souffrances qui ont été. Il est temps de lever le voile, de refondre profondément la justice, toute une société. La paix, c’est la naissance.
Une naissance qui demande à vivre et il lui est nécessaire que nous puissions avoir le droit de notre Histoire, de notre mémoire collective, celle de notre humanité. La politique a longtemps volé l’Histoire, celle qui nous appartient à tous pour construire notre futur non avec les pierres dressant les murs brisant la liberté, mais avec celles portant son nom gravé.
Ce nécessaire de bâtir notre société devant porter pour notre avenir commun : l’accomplissement de la paix universelle. Elle sera par la reconnaissance des blessures, par l’apaisement, la réconciliation des peuples, par l’Histoire donnée dans la vérité, sans faille, pour que nous puissions tous lever notre regard vers un monde sculpté par les artisans de paix, par ceux vulnérables, par ceux en peine, par ceux se battant pour que soit une juste reconnaissance, par cette source jaillissante de la liberté sur cette route que nous traçons et qui offre la justice en don de paix. Elle s’accompagne d’elle, elles sont indissociables.
Il n’y a aucun mot à retenir pour demander pardon, pour reconnaître la mémoire de ceux humiliés, de ceux frappés, de ceux tués et jetés à la Seine. Ce sont ces hommes Algériens, c’est leur sang qui coule et ruisselle sur le sol de Paris humide des flaques de larmes des leurs pleurant un fils, un père.
17 octobre 1961, 60 ans après, Emmanuel Macron déclare dans un communiqué, ainsi que sur Twitter, « la France regarde toute son Histoire avec lucidité et reconnaît les responsabilités clairement établies. Les crimes commis la nuit du 17 octobre 1961, sous l’autorité de Maurice Papon sont inexcusables pour la République. Aux victimes, nous rendons aujourd’hui hommage ».
Puis, il poursuit par ces mots qui marqueront à nouveau notre Histoire, et laissant ceux pas dits dans les blessures, dans les regards, et nous pourrons reprendre les lettres pour les dire, les apprendre aux enfants, ces lettres de paix , de liberté, celles qui s’affirment par notre encre, le lien des uns aux autres, par cet accord et nous pouvons lire ceux de Fabrice Riceputi sur Twitter, « Et, bien sûr, le refus de reconnaître, tout autre responsabilité que celle de Maurice Papon, alors que celui-ci appliquait évidemment une politique de terreur coloniale d’État, comme l’ont démontré les historiens Einaudi, E. Blanchard et House et MacMaster ». Les historiens britanniques, House et McMaster ont déclaré que le 17 octobre 1961 fut « la plus violente répression d’État contemporaine jamais appliquée à une manifestation de rue en Europe occidentale ».
Une histoire longtemps occultée, une mémoire effacée, le silence imposé, on ne parle pas, on ne sait pas et nombreuses personnes aujourd’hui comme la diaspora algérienne le demande : le voile doit être levé et les archives aussi bien d’Algérie que de France devraient être toutes accessibles pour la vérité, pour que ce droit de savoir soit respecté.
Une manifestation pacifique marche ce dimanche 17 octobre en retraçant sur une banderole le slogan d’alors, « Paix en Algérie ». Les manifestants venus rendre hommage aux Algériens tués, noyés ont revêtu une tenue reflétant 1961 : les costumes noirs, une chemise blanche ornée d’une cravate noire, un chapeau, une casquette, puis marqué au dos de la veste sur une page blanche : NOYÉS.
Les silhouettes des victimes sont présentes pour que l’Histoire le soit – les rescapés, les familles des manifestants pacifiques disparus, la diaspora algérienne, des manifestants-es marchent pacifiquement pour être cette mémoire vivante. Des manifestestants rassemblés en mémoire des dizaines de morts venus 60 ans plus tôt manifester pacifiquement contre le couvre-feu injustement imposé aux Algériens. Ce dimanche 2021, les manifestants pacifiques scandent « 17 octobre, crime d’État ». Une banderole inscrit, « Pour la reconnaissance d’un crime d’État ».
La Seine prend ce reflet des âmes, ce reflet du ciel et des roses, celui du deuil et cette résistance pour mettre fin aux obstacles ne permettant pas une reconnaissance de grande ampleur des victimes tant l’ombre obstinée des murs contre la paix marque toujours notre Histoire.
Reconnaître les victimes, ce n’est pas diviser – c’est permettre d’assurer à tous que rien ne laissera le mouvement du recommencement qui annonce les drames que portent notre humanité par les guerres, par la violence politique capable du pire, par cette division profondément injuste qu’a provoqué le colonialisme, se produire de nouveau.
C’est nous permettre d’écrire la paix par le meilleur de nos possibilités, par le respect des droits humains pour solution, par l’anéantissement du racisme, des discriminations qui continuent à abîmer nos sociétés, à marquer notre mémoire collective par les actes de violences que ce mur dressé nous impose.
Une rose symbolique offerte aux victimes pour leur dire que leur vie, leur mémoire, le drame de leur mort ne seront pas oubliés, pour leur dire qu’ils sont vivants dans notre cœur et que les actes l’inscrivant est dans la libération de notre Histoire, en laissant notre mémoire connaître la société dans laquelle nous évoluons pour la faire progresser. Ce n’est pas l’ignorance, l’évitement, l’effacement, l’indifférence qui peuvent nous mener vers la prospérité de notre monde. Pour l’atteindre, il faut saisir telle une chance la main qu’elle nous tend, la générosité.
Reconnaître notre Histoire pour ne plus faire des événements ceux détruisant des vies. Avancer vers une ère nouvelle où il n’est pas ce mépris, ce froid endoctrinant les pensées, les ancrant dans ce qui blesse l’humain.
Il n’y a pas de perdants, personne n’est laissé de côté, il n’y a que des gagnants dans une société libérée de la haine. Pourquoi ne saisirons- nous pas cette chance de réconciliation ? La paix était ce qui le 17 octobre 1961 mobilisaient plus de 25 000 femmes, enfants et hommes . Ils voulaient vivre la liberté de la paix . Des dizaines d’ Algériens sont morts pour elle, la paix libre !
© Fédora Hélène
Archives INA :
https://www.ina.fr/ina-eclaire-actu/video/s1108193_001/17-octobre-1961-un-massacre-longtemps-oublie
Copyright © LiberTerra 2021 – Tous droits réservés – Tous droits de production et de diffusion réervés