
Hommage aux martyrs du Vel d’Hiv 16-17 juillet 1942
Nos cœurs blessés – ce matin sans retour où tout disparaît. La peur n’est plus, que les larmes qui coulent dès que la mémoire porte la voix des enfants, des femmes, des hommes partis, enlevés par la folie nazie.
Des hommes organisant la rafle du Vel d’Hiv et mon cœur pleure encore, encore, sans fin. Comment le sombre, le noir des ténèbres vient se poser sur Terre. Je ne pourrai jamais répondre à cette question. Je n’entends que, comme mon cœur qui bat, la police parisienne frapper aux portes des innocents, je n’entends que ces coups portés, cette heure sonnant au petit matin, et l’enfant endormi rêvant à des prairies quand l’horreur baptise « vent printanier » l’opération que des Français mènent contre la vie, contre notre humanité ce 17 juillet 1942.
Les silences durant de longues années, oubliant le drame absolu, interdisant à nos larmes de couler, nous interdisant toute mémoire, on ne parle pas des martyrs, et tout s’efface.
Le camp de Drancy, et l’on passe dans les rues sans se souvenir. Il faudra l’enseignement de professeurs d’histoire pour transmettre la mémoire, ne pas, ne jamais oublier. Il faudra attendre 1995 pour que la responsabilité de la France soit reconnue. Et, les larmes ne se cachent plus, elles déferlent et se retiennent. L’enfant, sa vie brisée, volée, emportée par la cruauté d’hommes fous de haine.
Ce matin blanc, une colombe est tombée morte au sol, ces enfants se retournant sur cette rue, cet au revoir en adieu, cette main les attrapant, les tirant vers la mort, ces policiers et gendarmes insensibles devenant ces bourreaux fiers d’obéir aux ordres du pouvoir. Pétain, Laval, Bousquet, Hitler, les noms de l’horreur, quand il est ceux anonymes, le nom de chaque policer ayant accompli leur macabre mission, cette France qui a été partie prenante, adhérant au régime nazi et les résistants dressant le drapeau de la paix alerteront et quelques personnes pourront échapper à la rafle.
Mais, ce jeune garçon, cette fillette n’ont pu se sauver. Ils resteront sans boire, ni manger durant plusieurs jours, parqués comme des marchandises avant de rejoindre les camps de la mort. Colombe, pourquoi ton envol ce matin-là n’a pas sauvé ces milliers d’enfants ? Où étaient les anges gardiens, où étaient les prières de la Terre pour ses enfants ? Où était le secours en miracle ?

Je ne peux répondre à ces pourquoi en douleur, mais je sais que nous pouvons dresser les drapeaux de la paix, que nous pouvons chanter les chants de résistance, et lutter pour le respect absolu des droits humains, pour notre fraternité. Je sais que la paix universelle est notre appel, notre Terre, notre refuge pour y rêver notre avenir libéré des guerres, des hommes de violence, libéré de la haine.
La violence perdure, le racisme, l’antisémitisme, la haine continue son œuvre et combien d’enfants se couchent le soir en ayant peur, faim et soif ? Combien d’enfants espèrent voir au ciel l’étoile du bonheur illuminer les jours. Combien d’enfants périssent chaque jour sous les bombes, les mines, les balles, ont leur vie volée par des politiques aiguisées par le mental d’hommes destructeurs ?
Quelle journée se rappelle leur mémoire, quelle journée se recueille pour ne pas oublier les enfants souffrant dans ce temps d’Histoire, et ce temps présent. Les enfants d’Ukraine, les enfants d’Afghanistan, du Yémen, du Sahel, les enfants autochtones et leur culture, leur langue, leurs territoires saccagés.
Quand les hommes de violence finiront-ils de faire la guerre à leur propre humanité ? Quand la Charte des Nations-Unies sera-t-elle ce bouquet de fleurs fleurissant au milieu de la table, où notre humanité réconciliée partagera le même pain ?
Pouvons-nous à force d’espérer bâtir ce monde nouveau et répondre à l’appel de notre Terre mère qui fait de ses larmes des torrents d’eau et de feu couvrant des forêts, des champs, des villages. Et, pourtant les politiques continuent à avancer sur la route de leur puissance, de leurs querelles et la paix en deuil s’éloigne au cœur d’une clairière, au cœur de sa lumière, de son silence.
Un temps, un temps, je ne veux vivre que celui où la haine meurt, fermer les yeux et les ouvrir sur ce monde naissant, les rayons du soleil ondulant les feuilles des arbres en transparence, arbre de liberté, aux racines profondes.
La pluie, l’eau pure en gouttes s’échappent des cascades fertiles aux champs semés d’amour.
Il ne sourit plus, il part, l’enfant peu vêtu. Les pas des victimes marquent toujours le sol des rues, l’empreinte de leur souffrance gravée sur le sol de France. Ce nounours ancien ne vivra plus par l’imagination. L’enfant parti, cette note frappe la touche du piano. Résonne la triste mélodie, et ce violon abandonné sur une table ne jouera plus.
Pourquoi le terrifiant, la cruauté, ces hommes en démons, voleurs de vie ? Les pleurs de souffrance, les derniers soupirs, et file le coton du drapeau blanc, je couds à l’aube en fredonnant l’air de la liberté. Une âme, une étoile à la bougie, jolie flamme d’or sans richesse que la lueur d’espérance, la survivance.
Fredonne cet air de liberté, écoute.
Fédora Hélène

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