
MeToo – Libère ta liberté !
Le mouvement MeToo a ouvert les possibilités pour libérer la parole des victimes de violences sexuelles, sexistes, de violences conjugales. Un mouvement féministe qui fête ces 5 ans d’existence, fondé par Tarana Burke, militante Afro- Américaine, qui en 2006, ouvre l’association MeToo en tant que travailleuse sociale, et voulant enrayer la machine infernale des violences sexuelles que subissent des filles noires.
Tarana Burke, depuis New York, répond à une demande inspirant des femmes dans le monde entier. Libérer la parole, qui l’est déjà, mais dans un silence assourdissant, dans l’indifférence de la société et de la justice. Le mouvement MeToo reprend la nécessité de reconnaissance, de justice pour avancer vers le respect des droits humains des femmes, ne plus effacer leur vie, leur mémoire, ne plus accepter que le corps humain des femmes soit meurtri, blessé et parfois dès l’enfance.
Une fille doit grandir en paix et en sécurité, il ne peut être le droit de traumatiser sa vie, de la blesser, de lui voler sa liberté. Les violences sexuelles peuvent impacter toute une vie, provoquer de graves traumatismes, toucher la santé de la personne, provoquer des dépressions, tentatives de suicide, des cancers, des risques d’hémorragie, entre autres maladies.
Les violences sexuelles ne peuvent être banalisées, entrer dans une normalité, elles sont condamnées par le droit international humanitaire et l’ONU rappelle qu’elles ne sont que « l’incompréhensible cruauté ».
Des siècles de violences faites aux femmes, infériorisant leur vie, ont séparé profondément notre humanité, et à travers le mouvement MeToo, il est aussi d’établir une réconciliation, d’aller vers l’universalité de la paix qui ne peut se concevoir sans la moitié de l’humanité, qui ne peut vivre si la cruauté persiste et demeure dans les fondements de nos sociétés.

Le mouvement MeToo est en constante progression, évolue, se multiplie, il n’est pas figé dans une définition. La parole d’un être humain ne peut s’exprimer qu’en liberté si nous voulons qu’elle porte une libération, qu’elle soit les possibilités d’apaiser les souffrances et de prendre conscience pour la société de la dignité des filles et des femmes, la nécessité de la réalisation des engagements de développement durable, dont l’objectif de l’élimination de la violence faite aux femmes.
Les hommes violents, agresseurs doivent savoir que les systèmes d’impunité vont tomber, qu’ils n’ont pas le droit de commettre des violences sexuelles, qu’elles constituent un crime, un crime contre notre humanité. Le viol est une arme de guerre destructrice, il détruit un être humain, et sa communauté. Une arme utilisée en temps de paix par des agresseurs qui se font du bien en défoulant leurs pulsions de violences, sans considération pour leur proie, ce qu’ils font de leur victime.
Lors de la Journée internationale pour l’élimination de la violence sexuelle en temps de conflit, commémorée le 19 juin, le Chef de l’ONU, Antonio Guterres a déclaré que « Se sont les survivantes qui portent le fardeau de la stigmatisation et du traumatisme tout au long de leur vie, souvent doublement brutalisée par des normes sociales néfastes et la culpabilisation des victimes ».
C’est aussi dans l’espace civil, en temps de paix, que la brutalité des violences sexuelles saccage des vies, et la parole libérée qui se retrouve face aux murs des normes néfastes, préjugés, est une violence qui condamne toujours plus les victimes.
L’élimination des violences sexuelles est un impératif, il n’y a pas de demi-mesures possibles, elles doivent être anéanties. Un message fort doit être envoyer aux agresseurs qu’ils soient convaincus que l’impunité a pris fin, et le message de la paix s’adresse à toute la société pour que la lutte contre le fléau des violences sexuelles soit concrète, ne trouve plus aucun terreau alimentant la culture du viol, des maltraitances.
C’est une union de la communauté internationale, de l’Union européenne, qui d’une même voix, peut lutter efficacement pour éradiquer la violence sexuelle. Une violence qui est une arme de guerre, la guerre qui doit cesser partout dans le monde, et ne plus être ce souffle de mort dans les périodes de paix, où les violences sexuelles sont considérées comme une victoire sur un être humain, comme attestant d’un pouvoir en détruisant l’autre, en valorisant une capacité de destruction.
Rompre l’ordre établi, rompre définitivement avec le patriarcat, des siècles de violences faites aux femmes, et l’extrême pauvreté qui met des femmes, des filles en état de grande vulnérabilité et laisse la porte ouverte à des prédateurs qui ne trouvent rien sur leur chemin pour leur barrer la route.
Casser les codes de la violence, « Il est temps de dépasser les approches réactives et de s’attaquer aux causes sous-jacentes et aux moteurs invisibles de la violence sexuelle, … ainsi qu’aux normes sociales néfastes liées à l’honneur, à la honte et à la culpabilisation des victimes », a affirmé en juin dernier dans une déclaration commune, Pramila Patten, Représentante spéciale auprès du Chef de l’ONU, chargée de la question des violences sexuelles en temps de conflit et de Josep Borrell, Haut représentant de l’Union Européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité.
Puis, il est une éducation brutale transmettant la brutalité, il est important de se défaire de la transmission de la violence, souvent comprise comme une puissance. La violence est un pouvoir destructeur et aujourd’hui, les crises mondiales sont les conséquences visibles.

2022 – L’augmentation de la violence faite aux femmes
MeToo a apporté un réveil des consciences et la société ne peut plus rendre invisible la violence faite aux femmes, même si tout peine à véritablement changer, et que trop souvent la parole libérée reçoit l’indifférence. Des femmes craignent encore de parler, ont peur de représailles. Puis, il est le désespoir effondrant le courage de témoigner, car l’indifférence est ce mépris de l’humain.
En France, il y a encore beaucoup à faire, et ce qui peut choquer, avoir attendu si longtemps, et constater l’augmentation des violences, la persistante des viols. En France, une femme est victime de viol ou de tentative de viol toutes les 6 minutes, selon la Fondation des femmes, un temps qui était en 2021 de 7 minutes.
MeToo, la France ne peut continuer à être le pays qui accepte la violence faite aux femmes, la société ne peut rester sourde aux efforts faits par les associations et collectifs féministes, et indifférente à la cause nationale de lutter contre le fléau des violences faites aux femmes, laquelle n’a pas su approfondir, n’a pas su s’attaquer aux « moteurs invisibles » qui propulsent la violence, aux normes sociales néfastes et à la pauvreté qui fragilise toujours plus des femmes.
Même si des efforts ont été faits, ils restent insuffisants et ils ont tenté de rattraper un immense retard pour le respect des droits humains des femmes, des Conventions internationales, mais n’ont pas été innovants, n’ont pas abattu le patriarcat.
Les graves lacunes de la justice sont toujours présentes, ainsi que la perversité des lois, même si une écoute peut être plus empathique, plus dans la compréhension, mais la victime est toujours soumise à la violence du système judiciaire, qui peut être par une mise en doute de la parole, une attente pouvant atteindre des années de silence, puis des années de procédures. Une justice qui décourage les victimes, les humilie, les abandonne. C’est d’une violence inouïe, et il est bien inutile de briser des femmes qui ont déjà tant souffert, qui ont eu le courage de témoigner, ce qui est une douleur sans commune mesure car c’est aussi plonger dans la mémoire traumatique, parler du plus précieux : sa vie, son corps humain.
Témoigner d’un viol, être soumise à des années de procédures, pour parfois avoir un classement sans suite, un non-lieu pour l’agresseur – c’est inhumain. En France, c’est 70 % des plaintes classées et 80 % des plaintes pour violences conjugales qui sont aussi classées sans suite. Et il est les viols conjugaux, qui sont des viols, et parfois une femme est enceinte après un viol commis par son partenaire intime. Ce sont aussi ces grossesses forcées, ces grossesses subissant des maltraitances et violences sexuelles, et la justice est l’absente, et elle est celle sur traumatisante.
La France doit profondément refondre sa justice et les États Généraux de la Justice ont été un éveil, mais n’ont pas permis de refondre la justice pour qu’elle soit un don de paix. L’excellent travail de M. Sauvé et de son équipe, doit nous conduire à véritablement révolutionner la justice, à faire table rase des lois napoléoniennes, du patriarcat que porte la justice, car elle est issue de ce pouvoir politique qui l’a conçue.
La justice peine à se défaire de sa filiation avec le système de la royauté, puis des ordres de l’empire, pour évoluer vers une modernité qui ne sera que des chaînes supplémentaires par un 19 -ème siècle misogyne, où la pauvreté est grave, où les femmes pauvres ont des conditions de vie extrêmement difficiles, où l’ordre bourgeois s’instaure dans toutes les arcanes de la société, institutions publiques, culturelles, politiques et économiques.
Les deux grandes guerres vont ralentir les progrès sociaux, les libertés des femmes, et sont gagnées tardivement des batailles, comme le droit de vote, le droit humain à un avortement sécurisé. Cependant, il demeure de fortes inégalités, qui laissent dans un carcan, un emprisonnement.
Le pouvoir masculin a cédé un peu et l’égalité retrouve un point mort qui sera aggravé par les violences économiques. Ce sont les femmes pauvres, les mères isolées et le terme définit bien l’exclusion des plus fragiles, les femmes SDF, les femmes migrantes et réfugiées, qui subiront de plein fouet une société qui prend l’argent, les titres, réseaux et intérêts, corruptions pour moteur et ne place pas l’humain en son cœur.
Puis, on ne peut pas bâtir une société de paix sans amour. Il faut aimer notre humanité, aimer nos semblables, avoir la sensibilité de ressentir les souffrances des plus fragiles pour accéder à la réalisation d’un monde juste, équitable, capable d’éliminer la violence faite aux femmes et aux enfants.
Il est également de ne pas oublier que les violences sexuelles détruisent des vies innocentes, mais traumatisent aussi les enfants qui voient leur mère souffrir, qui ressentent l’immense chagrin. Des femmes brisées qui ne comptent que sur elles-mêmes tant les infrastructures de résilience sont rares, tant la justice demeure la terrible absente.

MeToo – une espérance
Le mouvement MeToo porte une espérance, elle doit être gagnante, et nous ne dirons jamais assez les paroles de Nelson Mandela, « Cela semble toujours impossible, jusqu’à ce qu’on le fasse ».
Le leadership jeune est un formidable élan pour réaliser les possibles, l’espoir. Une jeunesse courageuse qui porte d’immenses défis dans un monde bouleversé par des crises majeures, par la crise climatique, et qui fonde l’innovation, donne une générosité à des sociétés qui ont oublié que l’abondance est celle du partage, de l’entraide, de la considération portée aux autres, aux plus fragiles.
Il est bien la preuve que la société doit aimer sa jeunesse pour avoir un avenir. La détresse morale, financière de la jeunesse, est un mal être qui risque de coûter cher à toute la construction de l’avenir. Les décideurs politiques, les sociétés doivent donner toute leur place aux jeunes. Ils sont source de bonheur, ils sont l’assurance que notre monde peut changer pour devenir meilleur, et avoir des futurs en paix.
En 2016, une jeune femme, Ronelle King, militante de la justice du genre, a créé un sanctuaire virtuel où les femmes victimes de violences sexuelles peuvent s’exprimer par l’hashtag #LifeInLeggings, qu’elle a fondé à la suite d’une agression qu’elle a subi à la Barbade dont elle est issue. Cela déclenche un mouvement pour lutter contre la violence à l’égard des femmes, sur l’échelle des Caraïbes. Et, dire par l’hashtag relatant les leggings, qu’une femme ne peut pas être agressée, violée, tuée pour sa tenue vestimentaire.
Le récent mouvement de libération en Iran est porté par des femmes courageuses luttant pour leurs libertés, le droit de vivre et de ne pas mourir pour une tenue vestimentaire. Les foulards brûlés pour anéantir l’obligation qui est faite aux femmes de se vêtir selon des normes néfastes. La liberté lutte contre les violences religieuses et politiques qui maintiennent le patriarcat en place par le mensonge et la brutalité.
D’autre part, le lien #LifeInLeggings sur les réseaux sociaux a donné naissance à une organisation communautaire, à un foyer de solidarité encourageant les femmes à témoigner, les victimes à partager leur expérience sur les réseaux sociaux.
Ronelle King a également été une militante engagée dans la marche de solidarité des femmes « Reclaim Our Streets » et « Pink Parliament » visant l’égalité au sein des pouvoirs, la participation des femmes aux décisions politiques. Pour ces initiatives, elle a reçu le prix Nelson Mandela-Graça Machel Innovation Award 2021 dans la catégorie « Démocratisation des processus et des systèmes de gouvernance ».
Ronelle King recevra d’autres prix, dont le Queen’s Young Leader Award 2018 de la reine Elizabeth II au palais de Buckingham.
La France doit se mettre en mouvement pour l’élimination des violences à l’égard des femmes
La France doit s’ouvrir au monde, doit véritablement libérer la parole des femmes victimes de violences sexuelles, sexites, conjugales et elle doit véritablement promouvoir le leadership jeune, et faire de la justice celle portant la générosité, la paix et l’accueil des victimes, de leur reconnaissance et du droit humain qui est la condamnation de leur agresseur.
En France, en 2019, 1 % des violeurs sont condamnés après des années de procédures éprouvantes et coûteuses pour les victimes qui portent sur leurs épaules les graves lacunes de la justice.
L’espoir est vivant, il est urgent de le réaliser, urgent d’éradiquer les violences sexuelles, les violences faites à l’égard des femmes et des filles. Les réseaux sociaux sont porteurs de la parole libérée, la rendre visible, être ce sanctuaire pour les femmes ayant subi des violences sexuelles, conjugales, être ce support accueillant les témoignages .
Témoigner est force de justice, la parole libérée est notre bien commun par l’esprit humain, reconnaissons le cœur de notre humanité.
Fédora Hélène

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