Le Groupe aéronautique européen Airbus a annoncé le 19 février dernier son plan de restructuration d’Airbus Defence and Space pour compenser d’une part la baisse des exportations de l’A400M, avion de transport militaire, et d’autre part un ralentissement sur le marché des satellites, selon le Groupe Airbus.
Ce sont 2 362 emplois qui seront supprimés d’ici juillet 2020 jusqu’ à la fin de 2021. Le Groupe Airbus prévoit ce projet en le répartissant sur plusieurs sites du Groupe. La France accusera la perte de 404 emplois, l’Allemagne quant à elle subira le plus fort taux de suppressions avec la perte de 829 emplois, suivie par l’Espagne qui accusera la perte de 630 emplois. Le Royaume-Uni sera également impacté à hauteur de 357 emplois, l’Espagne perdra 630 emplois, et 142 suppressions auront lieu dans les autres pays.
La suppression de ces emplois interviendra sur la base du volontariat et du non renouvellement des départs à la retraite. Mais, un point d’interrogation reste entier quant à l’organisation de ces suppressions qui pourront toucher plusieurs secteurs d’activités de l’entreprise Airbus DS, ainsi que différents sites. Le porte-parole du groupe confiant à Usine Nouvelle que le plan retenu «ne sera pas focalisé sur une activité plutôt qu’une autre». Les différentes réflexions du Groupe pour choisir les sites et postes d’activités qui subiront les pertes d’emplois, se poursuivront en visant les objectifs d’ opportunités économiques dans le but de rentabilité et compétitivité toujours plus actif .
France – Les salariés d’Airbus DS concernés par les pertes d’emplois
En ce qui concerne la France, Airbus DS emploie 7 200 salariés et possèdent deux sites, l’un situé à Toulouse (Haute Garonne) où quelques 5 000 salariés travaillent et l’autre site étant à Élancourt employant près de 2 000 salariés. Les emplois supprimés seront là aussi sur la base du volontariat et des départs à la retraire qui ne seront pas remplacés.
Par ailleurs, Airbus Defence and Space engage dès à présent les premières négociations avec les syndicats allemands. Concernant la mise en œuvre de plan de suppressions d’emplois en France, un comité central organisé devrait se dérouler le 27 février 2020, selon les informations d’ Usine Nouvelle.
En France, le syndicat CGT réagit
En France la CGT réagit et son représentant, Michel Moselin déclare à Usine Nouvelle que «lorsqu’on regarde les résultats financiers opérationnels du groupe, il n’y a pas de problème.» Puis, il ajoute que «la direction a beaucoup de mal à nous convaincre de la justification de ces suppressions d’emplois en France, car ces derniers n’ont pas d’impact sur l’A400M et l’Eurofighter.»
LiberTerra a interrogé la CGT Toulouse Airbus DS qui déclare «contester la suppression des emplois qui intervient alors que la situation d’Airbus DS ne le nécessite nullement.» d’autant précise le délégué CGT «qu’il y a une augmentation des prises de commandes. Nous avons trois années de carnet de commandes pour Airbus DS et dix années pour Airbus civil.» Cette annonce de suppression d’emplois surprend d’autant plus qu’ «Emmanuel Macron avait déclaré soutenir le travail dans le domaine spatial.» ajoute la CGT Toulouse.
Selon la CGT, le contraire serait à réaliser, «On est pour le développement de l’industrie et des emplois» surtout que les besoins pour assurer des conditions de travail favorables le nécessitent. Il est d’éviter une surcharge physique et psychologique pour les salariés confronter à une politique renforcée de rentabilité. Le délégué CGT Toulouse le confirme à LiberTerra «Personne ne se tourne les pouces sur le site. Faire plus de boulot avec moins de personnes cela augmente les risques psycho-sociaux.»
Un coup qu’accuseront les salariés qui devront encore une fois assumer la charge des politiques économiques s’axant principalement dans un but constant de profits, de politiques de compétitivité dans un domaine où s’inscrit l’opacité des ventes d’armes dénoncées par plusieurs ONG, dont Amnesty International par sa campagne, «Silence on arme». Des politiques d’armement qui confirment l’augmentation de leur production et qui effectivement auront du mal dans le même temps à expliquer la suppression d’emplois qui seraient liés à une perte de valeur concernant ces commandes dans le domaine militaire et de l’Espace. Un domaine en constante progression, qui est un des enjeux majeurs des différents États
Quels enjeux pour Airbus DS ?
Des mesures de suppressions d’emplois qui semblent répondre à la volonté d’Airbus d’acquérir un programme de rentabilité renforcée et devant assurer plus de compétitivité dans la vision d’une stratégie d’avenir pour le Groupe Airbus DS.
D’autre part, Dirk Hoke, Directeur général de la division Airbus Defence and Space, lors d’une rencontre de son comité d’entreprise à Taufkirchen en Allemagne, a annoncé ces mesures en déclarant « fournir des précisions sur ses intentions et à poursuivre un dialogue constructif « .
Quant aux résultats financiers réalisés, Airbus enregistrait un bénéfice de 3 milliards en 2018 et déclarait à l’exercice 2019, une perte nette consolidée de 1,4 milliards d’euros lors de la présentation faite le jeudi 13 février dernier à Toulouse. Une contradiction au sujet des performances du Groupe Airbus qui pourrait être une conséquence des soupçons de corruption présumée qui pèsent sur le Groupe après l’auto-dénonciation en 2016 effectuée par le patron d’alors, Tom Enders.
Il était à cet effet signé le mardi 28 janvier, un accord de principe visant à ce qu’Airbus puisse payer les amendes pour éviter des poursuites à son encontre qui pourraient émaner de la France, du Royaume-Uni et des États-Unis, après que le 31 décembre, les enquêtes dans les différents pays aient rendu leurs rapports. Un accord de principe qui vient fortement soulagé Airbus qui aurait pu affronter de lourdes et longues procédures. D’autre part, pour assumer ses amendes, le Groupe Airbus a provisionné la somme de 3,6 milliards d’euros.
©Fédora Hélène

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