France – Violences policières – Mots interdits ?

Le quinquennat d’Emmanuel Macron s’est-il arrêté le jour où la France comptait des personnes grièvement blessées et des personnes mutilées lors de manifestations ?

Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789. L’article 10 souligne : «Nul ne doit être inquiété pour ses opinions, même religieuses, pourvu que leur manifestation ne trouble pas l’ordre public établi par la loi.»

Art 431-1 «Le fait d’entraver, d’une manière concertée et à l’aide de menaces, l’exercice de la liberté d’expression, du travail, d’association, de réunion ou de manifestation» est interdit.

L’article 431-1 précise que «Le fait d’entraver, d’une manière concertée et à l’aide de coups, violences, voies de fait, destructions ou dégradations au sens du présent code, l’exercice d’une des libertés visées à l’alinéa précédent » est interdit.

Quant à l’expression « Trouble à l’ordre public », elle est pour un pouvoir politique la possibilité de justifier l’interdiction de manifester pour un oui ou pour un non ! Nous étions en 1789 ! Inscrivons clairement le droit de manifester dans la constitution d’une nouvelle République au 21 ème siècle.

Depuis près de dix ans des rapports demandent l’interdiction de l’usage du LBD, dénoncent des violences policières, recommandent que l’usage de la force ne soit pas « excessif et violent » comme le déclare le 6 mars 2019 Michelle Bachelet, Haut-commissaire aux droits de l’homme à l’ONU, «Nous demandons urgemment une enquête approfondie sur tous les cas rapportés d’usage excessif de la force »

la France est rappelée à l’ordre par des demandes précises concernant les violences policières .

Amnesty International, le Défenseur des droits, la Haut-commissaire aux droits de l’homme à L’ONU, la Commissaire aux droits de l’homme au Conseil de l’Europe rappellent à la France le droit de manifester, recommandent de respecter ce droit et de retirer des pratiques et usages tel que le LBD.

Concernant les déclarations de Michelle Bachelet, Édouard Philippe répond sur BFMTV «Il faudra expliquer à Madame le Haut-commissaire l’ensemble des faits d’extrême violence»

La France se justifiera auprès de L’ONU un mois après la demande d’une « enquête approfondie ». Selon le document obtenu par Le Monde, il est justifié par les autorités des attroupements et non le mot manifestation.

Le 4 février 2019, le ministère de l’intérieur compte l’usage de 12 122 tirs de LBD, 4 942 tirs de grenades de désencerclement, 1428 tirs de grenades lacrymogènes.

Dunja Mijatovic, Commissaire aux droits de l’homme au Conseil de l’Europe publiait le mardi 26 février un mémorandum adressé aux autorités françaises concernant l’usage de la force lors des manifestations des Gilets Jaunes.

Très critique, elle demandait de « suspendre l’usage du lanceur de balle de défense » comme nombreux rapports l’ont sollicité.

Par ailleurs, la CGT et la Ligue des droits de l’homme saisissaient le Conseil d’État pour obtenir l’interdiction de l’usage du LBD, lequel rejetait la demande le 1 er février en justifiant que le risque de violences lors des manifestations des Gilets Jaunes exigeait « nécessaire de permettre aux forces de l’ordre de recourir à ces armes » (Le Monde-AFP)

Il est à rappeler que des blessures très graves ne sont pas uniquement sur des manifestants-es

8 décembre 2018 – Maria 19 ans grièvement blessée par des policiers à Marseille. Elle a été rouée de coups par des forces de l’ordre et son cerveau a été endommagé, comme l’indique Médiapart. Une enquête préliminaire à été ouverte pour « violences aggravées par personnes dépositaires de l’autorité publique, en réunion ».

Concernant cette affaire, les révélations de Médiapart, indique que les policiers « n’ont toujours pas été entendus plus de dix mois après les faits« 

L’avocat de la jeune femme déclare à la presse en novembre 2019 , « l’IGPN n’est pas allée au bout des choses, n’a pas posé les questions qui fâchent»

Violences policières et violences de la justice, la population a-t-elle le droit en France de poser des questions, de témoigner des violences subies, des traumatismes, des failles graves du système en pouvoir absolu ?

Le goût de la liberté, Emmanuel Macron semble oublié les victimes, les morts du coronavirus dans des EHPADS, à leur domicile, les personnes sans abris et demeurant à la rue lors de la pandémie, dans des campements, des squats dont des familles avec enfants alors que sont des logements vides et que les réquisitions de ceux-ci n’ont visiblement pas eu lieu, alors que 500 milliards d’euros étaient sortis pour l’économie marchande et en serions-nous redevables au gouvernement au point d’observer une soumission à toutes ses décisions et choix ?

Les manifestations resteront «très encadrées » déclare-t-il du fait de la « propagation du virus » selon Macron ; alors qu’il permet à près de 12 millions d’enfants de rejoindre les établissements scolaires – donc transports pour les enfants les utilisant pour se rendre à l’école – le 22 juin. Tout cela pour 10 jours d’école ! La distanciation sociale d’un mètre dans des classes de petite superficie où nombreux élèves prennent place et où l’étude de l’Université de Kyoto a démontré que le coronavirus se propage au delà de 1 mètre d’autant dans une salle fermée telle qu’une classe, est-elle réellement possible ?

Donc si des enfants, qui sont le plus précieux, peuvent retourner à l’école, pourquoi les manifestations qu’elles soient culturelles ou sociales doivent être «très encadrées».

Dans le même temps, Macron nomme de manière arbitraire les « séparatistes » qui nuiraient par cette nécessité de les nommer à sa volonté d’union.

Rappelons que l’union est une volonté commune sous la forme première de liberté de l’accepter ou de la refuser et non un ordre de se plier à un unique pouvoir politique.

Pouvoir unique et union sont deux termes très différents et la manipulation par le langage ne fera jamais la solidarité sincère et volontaire.

Une opposition forte est et chacun est en droit de refuser l’union avec Emmanuel Macron et les sbires de son gouvernement.

Violences policières – Les policiers savent qu’ils sont au 21 ème siècle et qu’il peut être réfléchi la désobéissance aux ordres lors de manifestations, s’ ils jugent en leur âme et conscience ceux-ci comment étant un usage «excessif et violent» de la force.

Poser les casques et boucliers à terre, c’est possible.

Nous nous rappelons tous des soignants manifestant et recevant des gaz lacrymogènes notamment.

Les déclarations d’Emmanuel Macron et la présence de Castaner ne résouderont en rien les souffrances vécues par une partie de la population.

Le goût de la liberté exige une reconnaissance des victimes. Le contraire s’appelle l’injustice et non l’union.

Pour une reconnaissance des victimes de violences policières, de la justice et des violences politiques et économiques.

Il ne sera jamais de nier les victimes, de les oublier. La peur face à des autorités ne l’emportera pas sur la force de la liberté.

Tous humains, tous frères

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Maria 19 ans

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