Mardi 22 septembre était l’audience au tribunal administratif de Lille à la demande d’associations et ONG représentées par Maître Patrice Spinosi, pour que soit la suspension de l’arrêté préfectoral interdisant aux associations non mandatées par l’État de donner à boire et à manger aux migrants dans le centre de Calais.
Des « troubles à l’ordre public » et le non respect des mesures sanitaires dues au Covid-19 sont évoquées pour justifier l’arrêté pris le 11 septembre et qui provoque l’indignation. Une décision qui l’emporte après une entrevue des pouvoirs publics avec Darmanin et la maire de Calais.
Le résultat de cette procédure confirme le maintien de cet arrêté et l’avocat représentant les humanitaires engagés a fait part de son intention de faire appel, selon le Monde avec l’AFP.
L’association La Vie active est mandatée par l’État pour effectuer des distributions de repas et de boissons sur deux sites. Les pouvoirs publics évoquent également la mise à disposition de 38 robinets d’eau dont 22 accessibles 7 jours /7 , selon le Monde avec l’AFP, constatant ainsi que les obligations humanitaires sont remplies. On parle alors de « prestations humanitaires »
Les associations réagissent auprès de l’AFP avec le Monde , comme Véronique Fayet, présidente du Secours catholique-Caritas France qui déclare « En interdisant l’action humanitaire des citoyens, c’est la fraternité et la solidarité (..) qui sont foulées aux pieds ». Les militants des associations évoquent également un point de rassemblement pour la distribution de repas où près de 700 migrants se trouvent alors dans l’obligation d’être présents. Tous les humanitaires s’indignent et Amnesty International marquent qu’il est près de 1 500 personnes exilés sur Calais subissant ces conditions de vie.
Il est également la problématique de devoir dormir dehors, d’avoir accès à une douche, à des toilettes, aux soins. Des personnes exilées vivant aussi l’épreuve de l’isolement, de la solitude et ne pouvant pas forcément rejoindre les points obligatoires de distribution .
La défenseuse des droits , Claire Hédon ,note quant à elle , auprès de l’AFP avec le Monde que, « en privant les exilés de l’accès à un bien , la distribution d’un repas, la mesure de police contestée est constitutive d’une discrimination fondée sur la nationalité ».
france – 21ème siècle
Faim d’humanité, de pouvoir donner librement du pain et par lui la paix .
Emmanuel Macron à la 75ème Assemblée générale de l’ONU en ces jours de septembre, fait un discours se voulant vertueux et évoque la paix et sa stabilité dans le monde, un enjeux primordial pour l’équilibre de celui-ci. Il parle du respect des devoirs humanitaires envers les plus vulnérables, et donc souligne par cette pensée le respect immanquable dû au droits fondamentaux . Vivre en paix et sécurité, sans subir la violence de la faim, du froid, et de cette absence de nourriture d’amour que l’humanisme compte aussi comme étant un droit fondamental, un droit de reconnaissance de l’humain, celui qui a besoin d’être aimé, accueilli car sans cela nous ne sommes rien. Sans solidarité, nous sommes ces sans terre, sans famille, dans une longue errance.
Le savoir inégalé qui plante le drapeau de notre 21ème siècle et que souligne Macron, cette conscience haute que nous devons posséder à l’égard des évènements, et notre capacité à les comprendre ne peuvent envisager de ne pas être responsable des conditions inhumaines que vivent celles et ceux en détresse, celles et ceux ne cherchant que la liberté par l’accueil fraternel.
Cette porte qui doit s’ouvrir et qui ne s’ouvre pas, cette permission qu’il faut obtenir pour pouvoir nourrir un de nous en souffrance, cette permission qui doit être obtenue pour pouvoir donner à son frère, ne peut être que l’odieux.
Nous ne sommes plus alors dans un discours de paix et de stabilité. Le monde ne s’équilibre pas de paroles mais d’actes, de mots engagés car on porte la souffrance au cœur, car on ressent ce désespoir en espérant au plus fort de nous vouloir lutter contre l’abandon, vouloir donner de la fraternité, ce bien-être que nous méritons tous, notre naissance étant le seul passeport valable.
Cette humanité a simplement besoin du pain de la paix qui sera quand nous saurons que ceux qui sont abandonnés à travers le monde seront accueillis.
La terre est la nôtre le temps de notre court passage et nulles frontières peuvent fixer les limites de celui-ci, seule la vie peut les définir. Être d’un pays ne donnerait pas alors la priorité d’une Terre au point de refuser d’accueillir celui abandonné. La liberté ne peut être existante que s’il est l’expression de notre langage humain sur toute la Terre dans cette solidarité internationale , dans cet humanitaire international.
Les migrants, les réfugiés en grèce, partout dans le monde vivent cet abandon de notre humanité.
Nous quantifions notre valeur à une richesse, à l’apparence d’une appartenance, d’avoir le droit d’être , mais rien de notre humanité ne peut perdurer si un raisonnement d’exclusion résonne en définition de nos politiques. Être le mur d’indifférences, être à renier notre propre liberté en reniant celle des autres, en nous enfermant dans ce que l’on croit juste et protecteur, alors qu’il est l’injuste et le destructeur.
Cette vie en survie qui est souvent ce que les pays riches oublient par leurs artifices de consommations, nous ne sommes vivant que par la liberté d’autrui et non pas la mise en souffrance de notre frère.
Pour être à un mouvement de vie, il faut lui appartenir. En accablant le plus vulnérable , on s’accable soi-même en ne portant qu’un état de survie et non de vie. Survivre, la dominance de nos sociétés où de nombreuses personnes souffrent, sont en douleur et solitude, subissent les dominants, les prédateurs, et voient leur vie volée par les possédants, par les décisions et raisonnements qui excluent, discriminent, et rapportent la vie d’une personne à ce qui la met en souffrance au lieu de la libérer.
Nous ne ferons pas face aux migrations à venir qui seront par les conflits, crises économiques et urgence climatique, nous ne ferons pas face en fermant les frontières et en portant le fait d’abandonner, le fait de devenir inhumain en solution contre le chaos.
Il faut bien d’autres évènements pour que la réconciliation soit réelle et pérenne, et nos sociétés ne commandent que ce qu’elles ont su imaginer, la guerre et la pauvreté.
La sédentarisation des peuples a mené à la possession des terres et a formé par l’oubli de partager, du droit de se déplacer, par l’oubli de la bonté : la cruauté. Il serait donc normal de comprendre que nous sommes nomades sur une Terre qui ne nous appartient pas et que ses fruits sont à recevoir pour être partagés non mis en système d’économies destructrices.
Notre imagination a conçu l’inverse et a inventé le commerce car commençant par des systèmes d’exploitation de l’homme. Le pauvre pour cultiver et le riche pour récolter et vendre un produit qui n’est pas le sien mais celui de la Terre nourricière . Un peuple est alors sous une contrainte de survie et non à pouvoir établir sa liberté, dans un esprit de consentement pour vivre et non en une lutte constante pour survivre.
Nous sommes à traverser une crise économique sans précédent et Macron se félicite d’une start-up française de e-commerce soulevant 300 millions de dollars. Plus rien n’a de sens et pendant ce temps là nous avons formé le droit, la justice à nous placer dominants et non à être juste la justice pour tous et partout.
La justice n’a pas été conçue pour être à celles et ceux en peine, mais pour protéger un pouvoir et elle est fondée par ce pouvoir et non par le peuple. La démocratie n’existe pas, nous vivons son illusion et le bien être, la liberté en deviennent la chimère. Vivre l’illusion et survivre, notre combat. Puis, quand nous nous pensons effondrés , la solidarité, la fraternité portent le drapeau aux couleurs de ceux fragiles. Le désespoir devient une espérance dans ce rêve ultime de liberté. L’humanité la vivra-t-elle un jour ? Qu’elle soit au moins un jour seulement car nous portons l’amour blessé, déchiré, le plus lourd des deuils, ses mères ayant perdu leurs fils , leurs filles dans ce destin des guerres.
« J’arborerai le drapeau noir, portant le deuil de nos morts et de nos illusions » Louise Michel
© Fédora Hélène

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