Lumière sur : AESH

Le 3 juin 2021, les accompagnants d’élèves en situation d’handicap – AESH, se mobilisent une nouvelle fois pour revendiquer le droit à un salaire digne, à un véritable statut, contre la mutualisation des moyens et pour l’abandon des PIAL
AESH un métier au plus près des enfants vulnérables
Ce sont plus de 117 000 AESH qui à travers toute la France prennent en charge les enfants qui ont besoin d’être soutenus dans leur parcours scolaire pour que le droit à l’égalité soit pleinement respecté, pour que l’école soit ce droit au savoir pour tous.
Nous avons tous compris l’importance majeure des AESH présent.es au sein des établissements scolaires. Des accompagnant.es qui sont auprès des plus vulnérables pour que notre société ne laisse personne de côté, pour que tous les enfants puissent devenir autonomes, faire leur choix et réaliser leurs rêves.
Les AESH réalisent un des objectif fondamental du développement durable : le droit à l’éducation pour tous les enfants qui implique de lutter contre tout ce qui empêche des enfants de s’épanouir de manière sereine et en toute sécurité.
La lutte contre la pauvreté est primordiale pour acquérir une amélioration des conditions de vie de chacun d’entre nous, de ne pas mettre un enfant en détresse et entraver son développement. Un enfant peut souffrir des conséquences de la précarité durant toute sa vie. Le droit à l’éducation engage donc également la lutte contre la pauvreté et les discriminations pour que chaque enfant puisse recevoir un enseignement de qualité dans des conditions d’accueil optimisée où la différence de chacun est interprétée comme une richesse et non comme un handicap pour réaliser ses rêves.
Le droit à l’éducation fait partie des cinq principes majeurs de la Convention internationale des droits de l’enfant et les articles 28 et 29 défendent ce droit pour lutter contre l’ignorance et permettre à chacun d’apprendre dans les meilleures conditions.
Dans une lettre ouverte aux enfants du monde, Henrietta Fore, Directrice générale de l’UNICEF, exprime le fait que « ce n’est pas parce qu’un enfant est scolarisé qu’il apprend ». Il est important de réunir tous les moyens pour que chaque enfant reçoive une éducation de qualité et adaptée lorsque l’élève présente une situation d’handicap qui nécessite une organisation spécifique pour l’accompagner.
Par ailleurs, Jean-Michel Blanquer, ministre de l’Éducation nationale et de la jeunesse, souligne dans le Bulletin officiel n°23 du 6 juin 2019, que l’éducation pour tous répond à « l’article 24 de la Convention des Nations Unies relative aux droits des personnes handicapées de 2006, ratifiée par la France en 2010 ». Puis, depuis 2005, « les effectifs d’élèves en situation d’handicap sont passés de 118 000 à 340 000 », précise-t-il, ainsi « Le nombre d’élèves accompagnés est passé de 26 000 en 2005 à 166 000 à la rentrée 2018 ». Ce qui nécessite pour honorer le droit au bien-être des enfants et le droit à une éducation de qualité, d’adapter les infrastructures scolaires accueillant des enfants en situation d’handicap.
L’enfant est le cœur de nos sociétés et il doit être pour qu’il soit la possibilité de lui donner le meilleur, le respect fondamental des droits humains sans les séparer les uns des autres, mais par la réalisation de chacun d’entre eux. Pas un seul droit des droits humains n’est inutile et c’est tous les droits humains qui doivent être appliqués concrètement, être une réalité pour que notre monde perdure. Ce n’est pas par une domination de l’argent que nous pourrons assurer aux enfants de vivre de manière autonome, libre et en paix.
Éducation – 1er budget de la nation
Jean Michel Blanquer souligne que depuis 2017 « le budget dédié à la scolarisation des élèves en situation de handicap a augmenté de 25 %, ce montant s’élève aujourd’hui à 2,4 milliards d’euros », ce qui paraît insuffisant malgré la somme annoncée. Ce qui laisse apparaître la réalité de la pensée de Camus « Il n’y a ni justice ni liberté possible quand l’argent est toujours roi », lorsqu’il s’impose en nerf de la guerre et non de la paix, quand il commande nos actes et l’accomplissement de notre humanité.
La vie n’a pas de prix et celle des enfants est précieuse comme celle de ceux qui les accompagnent dans leur développement, comme celle qui permet à nos sociétés de perdurer.
La France s’engage dans les droits à l’éducation en faisant du budget du ministère de l’éducation nationale et de la jeunesse : le 1er budget de la nation et l’augmentant d’un milliard d’euros en 2020 pour notamment « renforcer les moyens en faveur d’une école inclusive ». Pourtant la précarité demeure pour les ASEH et ce sont des enfants précaires parfois placés en foyer ou en famille d’accueil qui vivent un handicap en subissant la peine d’une situation familiale douloureuse, souligne des AESH.
Il est alors la nécessité d’agir en associant les besoins humains fondamentaux et non en les séparant. « Au niveau des institutions comme les écoles, une approche holistique est essentielle pour réduire la stigmatisation et la discrimination et soutenir une véritable inclusion », déclare Henrietta Fore.
Réunir les compétences, être dans une action pluridisciplinaire pour former une école inclusive de haute qualité, c’est penser donner à ceux étant au plus près des enfants, quotidiennement, les ressources nécessaires pour que le projet soit efficace.
La création du « Pôle de ressources » invitant les professions médico-social à travailler de concert avec l’équipe enseignante et les AESH répond-il à une volonté de bien-être global pour tous ? Conçoit-il de pouvoir réunir les personnes alors que les AESH ont déjà un temps limité et très occupé auprès des enfants ?
Pour travailler ensemble de manière efficace, les intervenants auprès des enfants vulnérables doivent bénéficier du droit de travailler avec sérénité, sans crainte du lendemain, et bénéficier d’une reconnaissance légitime alors que leurs compétences augmentent. Seulement le salaire des AESH demeure l’oublié, ainsi que leur statut pour pouvoir exercer leur métier dans de bonnes conditions.
La précarité – L’échec du système
Pour répondre à une nécessité d’équilibre, il faut que l’ensemble des personnels de l’éducation, les enfants, ainsi que les parents puissent vivre paisiblement sans être contraint par des difficultés évitables et provoquant un épuisement physique et psychologique.
Or, les AESH se mobilisent depuis plusieurs années pour alerter les différents gouvernements sur les difficultés rencontrées, la précarité continuelle que les accompagnants subissent, des salaires de misère, l’absence de statuts – des personnels non-titulaires ne bénéficiant pas de règles d’affectation transparentes et explicites, comme le souligne le syndicat Sud. Des revendications légitimes telles qu’une revalorisation des salaires et la possibilité de contrats à temps complet pour permettre aux AESH de vivre dignement de leur travail, ainsi que le déclare les syndicats soutenant la mobilisation – FO, F.S.U, la CGT, le SncL et Sud- Solidaires.
Le salaire net est actuellement de 760 euros par mois pour 24 heures de travail hebdomadaires, soit sous le seuil de pauvreté, ainsi qu’alerte les AESH.
Un salaire de misère qui, en pleine crise économique et pandémie de Covid impose toujours plus d’inquiétudes concernant l’avenir et la difficulté de pouvoir s’y projeter alors que leurs conditions de travail ne voient venir aucune amélioration. Au contraire, le système des PIAL (pôles inclusifs d’accompagnement localisés) mis en place par le gouvernement depuis 2019 provoquent, selon les syndicats, une dégradation des conditions de travail.
Une mise en place du dispositif PIAL depuis la rentrée 2019 et qui doit couvrir 80 % du territoire national en 2022.
Dans le Calvados, en Normandie, son application entrera en vigueur à la rentrée 2021. Une arrivée du dispositif PIAL qui inquiète fortement les AESH, qui par la connaissance approfondie de leur métier, comprennent que tout ne sera pas aussi parfait que présenté par le gouvernement.
Des AESH expliquent à LiberTerra être « démuni.es », dans « L’inquiétude » et ne pas être « informé.es » de manière concrète sur le déploiement de ce dispositif. Les AESH s’inquiètent également pour les enfants qui risquent de vivre en réalité un manque d’heures d’accompagnement, en cause notamment les conditions d’affectations qui pourraient s’effectuer dans différents établissements en même temps sur une zone géographique étendue.
Des élèves vulnérables qui ont besoin de stabilité, de repères et surtout de la présence rassurante, bienveillante des AESH

Les AESH font également part d’enfants vulnérables qui pourraient être en souffrance face à un apprentissage qui n’est pas adapté et qui pourrait alors les mettre en situation d’échec ou les décourager à poursuivre des études supérieures. Une situation d’isolement peut être également face à un apprentissage qui n’est pas en osmose avec les besoins fondamentaux des enfants vulnérables.
Une inquiétude également pour les enfants qui subissent une structuration technocratique qui n’oublie pas que notre système économique s’alimente d’une volonté constante de profits et que l’humain en paie directement les conséquences, ce qui est antinomique à la déclaration qui présente les PIAL « Vecteur d’un meilleur accompagnement des élèves en situation d’handicap ».
Les AESH du calvados soulignent également qu’il est en 2020 +9 % de notifications MDPH dans le 1er degré et +16 % dans le secondaire, ce qui nécessite un recrutement des personnels accompagnant.
Par ailleurs, le gouvernement annonce avoir créé 8 000 postes supplémentaires d’AESH en 2020, un nombre qui semble toujours insuffisant selon les revendications des syndicats.
Le dispositif PIAL et l’évanouissement des promesses
Les AESH aiment leur métier, et veulent donner aux enfants qu’elles ont en charge tout ce qui est possible pour leur permettre d’aller bien, d’être heureux et d’avoir en main les clés pour être autonomes et poursuivre leurs études.
Les PIAL ne peuvent tenir leurs promesses de servir le bien-être des enfants et de leurs familles, s’ils imposent aux AESH des conditions d’affectation complexes parfois distantes de plusieurs kilomètres d’une école à une autre, s’il leur est demandé de prendre en charge plus d’enfants dans un temps restreint. En sachant que les AESH peuvent être affecté.es sur plusieurs écoles, collèges, lycées en même temps sans pouvoir du fait de leur statut bénéficier de frais de déplacement n’étant pas rattaché.es administrativement à un établissement scolaire.
Les solutions pour améliorer les conditions de vie des AESH sont possibles s’il est une volonté d’honorer le droit à une éducation sereine et de qualité pour tous, ainsi que la volonté de lutter contre la précarité pour que soit le droit à l’égalité qui est un droit humain.
Les fortes inégalités entre un salaire sous le seuil de pauvreté et celui des patrons de grandes entreprises établissent un écart de plus de 320 fois supérieur à celui perçu par les AESH.
La volonté politique des États-Unis par l’élection de Joe Biden, même s’il demeure une volonté capitaliste, est de mettre en œuvre les solutions arrêtant un tel déséquilibre qui ne crée que de fortes injustices nuisant à la paix, ainsi qu’aux droits humains.
Il serait alors d’autant plus incompréhensible que le gouvernement français s’éloigne d’objectifs permettant de tenir les engagements pris dans le cadre du développement durable.
Les solutions – Les syndicats soutenant les AESH démontrent leur réalité
C’est possible et la manifestation du 3 juin dernier a tenté de le démontrer aux décideurs politiques par les revendications argumentées des AESH. Il est primordial d’établir une revalorisation des salaires, ainsi que la création d’un statut reconnaissant la haute qualité professionnelle des AESH.
Le syndicat Sud recommande la création d’un nouveau métier d’éducateur. trice scolaire spécialisé.e, ainsi qu’une titularisation sans condition demandée par l’ensemble des syndicats pour que les accompagnants puissent enfin sortir de la précarité, de l’incertitude permanente.
En 2019, le gouvernement a une action envers les AESH : remplacer les 6 CDD réalisés habituellement pour les AESH par un CDD de trois ans renouvelable une seule fois pour simplification administrative.
Un vrai métier exige un vrai statut et un salaire décent permettant de vivre et non de survivre. Ce n’est pas une économie restrictive à l’égard de l’humain qui sera source d’avenir. Elle risque d’être uniquement une source de conflits et de souffrances à venir.
Les PIAL sur le terrain – Les syndicats demandent leur retrait définitif
Sur le terrain les objectifs du PIAL ne trouvent pas le même écho qu’annoncé par le gouvernement qui stipule que ce système permet une amélioration des conditions d’accompagnement « défini au plus près des besoins de chaque élève » indique le site du gouvernement, ainsi que « plus de réactivité et plus de flexibilité dans l’organisation de l’accompagnement humain dans les établissements scolaires » et soulignant d’autre part apporter « une professionnalisation des accompagnants et une amélioration de leurs conditions de travail ».
Une idée de départ qui paraît formidable mais qui s’applique dans un contexte de précarité, de manque de moyens et il s’agit d’un objectif reposant fortement sur les épaules des ASEH qui ont déjà une lourde charge à porter.
Trouver le bon interlocuteur – Le parcours du combattant
Par ailleurs, les AESH soulignent à LiberTerra la complexité de communication avec les différents interlocuteurs intervenant dans l’élaboration des PIAL. Lesquels se trouvent multipliés par les différentes interactions s’imposant. Les AESH précisent qu’il y aurait également des démissions de personnels au sein de l’éducation nationale ce qui complique la communication puisque le changement d’interlocuteur devient fréquent et que les situations ne sont pas alors suivies de manière optimum et il est difficile d’établir un climat de confiance dans ces conditions. Briser le lien social par le stress ou le changement permanent imposé aux AESH ne peut être favorable à personne ! Comment réaliser une bonne prise en charge d’enfants vulnérables quand leurs accompagnants ne sont pas respectés ?
Un système qui se complexifie et où de plus en plus de professionnels doivent intervenir sur une même structure mais en élargissant pas les moyens et en ne créant pas une nouvelle infrastructure accueillant les enfants et les accompagnants.
Les syndicats estiment que « ces services partagés demandant plus d’adaptabilité et de flexibilité, nuisent à la qualité de l’accompagnement, conduisant au saupoudrage ». Le gouvernement se repose sur le travail des AESH, mais sans le reconnaître à sa juste valeur et leur demande plus sans que soit de réelles infrastructures adaptées et de sérénité par les travailleur.es.
PIAL – Formation des AESH
Depuis la rentrée 2019, la plateforme Cap École Inclusive est ouverte aux enseignants ainsi qu’aux AESH et propose des ressources pédagogiques et permet de contacter des professeurs ressources accompagnant à la mise en place d’adaptations et d’aménagements pédagogiques, notamment pour les élèves ayant des troubles du spectre de l’autisme (TSA), indique le site du gouvernement.
Des formations peuvent être mises en place dans les académies et les départements pour les enseignants et les AESH pour une formation d’un volume horaire minimum de 3 heures.
Les AESH soulignent le fait qu’il n’est pas d’aide pour acquérir du matériel informatique pour avoir accès à la plateforme Cap École Inclusive et les syndicats demandent qu’il soit une formation tout autre, initiale et continue.
Sans les AESH, l’école inclusive ne peut exister
Les AESH sont un soutien primordial pour des élèves vulnérables. Les accompagnants ne sont pas de simples scribes copiant les leçons. Les AESH donnent sans compter aux enfants accompagnés et n’hésitent pas à passer plus de temps auprès d’eux si nécessaire. Les accompagnants sont ce lien social et de confiance essentiel pour les enfants. Les AESH protègent l’enfant dans ses déplacements, et dans toutes situations où cela s’impose. Les accompagnants encouragent également l’élève dans ces moments de doute, de fatigue et savent écouter avec empathie et sincérité.
C’est un travail qui sollicite beaucoup d’énergie physique et psychologique et les AESH ne peuvent bénéficier d’une vie paisible avec un salaire sous le seuil de pauvreté, et des conditions de travail éprouvantes. Les AESH alertent sur l’épuisement, le sentiment d’abandon ressenti, et expriment une souffrance qu’ils et elles dépassent pour être présents auprès des enfants et mener à bien leur mission auprès des plus vulnérables.
Le gouvernement affirme dans le Bulletin officiel du 6 juin 2019 que « Dans chaque académie et dans chaque département sera institué un service public de l’École Inclusive afin de ne laisser aucun élève au bord du chemin ». Cela n’est possible que par l’humain, par le partage dont font acte les AESH depuis des années sans recevoir une juste reconnaissance. Le gouvernement émet des effets d’annonce en étant dans ce contre sens d’affirmer tenir les engagements contre les discriminations et le droit à l’école pour tous, les droits des personnes handicapées et il est cette souffrance qui émane des personnes précaires pourtant au service des plus vulnérables et respectant sans attendre les PIAL, les enfants et leurs droits à l’éducation, à l’épanouissement, à un avenir paisible car ils seront autonomes et feront leurs choix.
Les AESH ne demandent qu’une chose: vivre leur passion pour leur métier et continuer à donner aux enfants vulnérables toutes les chances de réussite. La chance se construit par l’accueil, la solidarité et le respect.
Le 8 avril dernier, les AESH se mobilisent pour dire non aux PIAL et exiger un vrai salaire, un vrai statut pour un vrai métier au cœur de l’humain.
Le 3 juin 2021, la mobilisation revenait sur le terrain et se sont des milliers de personnes qui revendiquent leurs droits et l’abandon des PIAL. L’engagement militant des AESH est un espoir pour les droits humains, et cela nous concerne tous pour l’avenir de nos enfants. Une société inclusive qui ne laisse personne sur le bord du chemin, lutte pour le premier engagement du développement durable : Pas de pauvreté.
« Ce qui me donne le plus d’espoir, c’est que vous, les enfants et les jeunes d’aujourd’hui, prenez les choses en main en réclamant la mise en place de mesures immédiates et en vous donnant les moyens de découvrir et de façonner le monde qui vous entoure. Vous prenez position et nous vous écoutons. » Henrietta de Fore.
Les adultes ouvrent le chemin pour les enfants – la mobilisation des AESH à ce sens de manifester, de revendiquer et leur courage doit être écouté. Puis, si nous respectons les aspirations d’espoir de l’UNICEF, il doit être mis en place des mesures immédiates pour le bien-être des enfants vulnérables et leurs accompagnants.
©Fédora Hélène
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