Valérie Bacot – Le procès de l’innoncence des victimes de violences conjugales et sexuelles

« J’ai si peur », confient les victimes aux bénévoles de la Région européenne répondant sur les sites téléphoniques pour la prévention de la violence, selon l’OMS. La peur, le signal d’alerte, cette violence qu’imposent les partenaires mettant sous leur emprise leur compagne devenant leur victime sur laquelle ils exercent un abus de pouvoir, menacent constamment leur vie, prenant ce droit de vie et de mort sur un être humain qu’ils emprisonnent.

Des prédateurs qui enferment leur victime, procèdent à un isolement méthodique privant leur proie de toutes libertés, maintenant celle-ci dans un état de détresse, dans un état de choc permanent par le harcèlement des violences multidimensionnelles qu’ils commettent conscients et responsables.

Les victimes « isolées et craignant une personne qui est censée les aimer et se soucier d’elles, elles marchent sur des œufs, effrayées par la moindre bagatelle qui pourrait déclencher la prochaine attaque » explique avec justesse l’OMS.

Le mode opératoire des prédateurs est identifié et pourtant en France depuis des décennies, les institutions, l’environnement font comme s’ils ne savaient pas. « Tout le monde savait » ce que nous pouvons lire dans l’histoire tragique de Valérie Bacot dont le procès s’est ouvert le 21 juin aux assises de Saône et Loire. 

« Tout le monde savait », le livre de Valérie Bacot –  nombreux étaient  informés et pourtant personne ne viendra à son secours.

De nombreuses victimes de violences conjugales, ainsi que les enfants victimes de ces « pères » de violences, revivent à travers le témoignage de Valérie Bacot, ce qu’ils ont vécu de manière différente, mais la trame, les actes criminels des partenaires violents ont des similitudes indéniables comme l’indifférence de l’environnement.

Ce sont des victimes de violences conjugales et sexuelles à travers le monde, y compris en France 

Comment en France, un homme peut martyriser sa conjointe, ses enfants en toute impunité, être le « bon » copain pour certains qui pourtant savent sa violence à l’égard de sa famille, mais n’y attachent pas d’importance car ils ne sont pas personnellement touchés.

Tout devient si inhumain quand le fléau de la violence s’abat sur une femme et des enfants. Le terrifiant aussi : les prédateurs font souffrir leurs enfants en agressant, en injuriant, en menaçant leur mère sous leurs yeux, comme ils détruisent une mère qui voient ses enfants souffrir. C’est cette autre victime suppliant les policiers d’emmener le bourreau en leur disant que celui-ci traumatise les enfants. Ce sont ces mots, ceux des policiers, qui s’entendent des années après les faits, et qui laissent le bourreau chez lui, en répondant « mais, non, ils vont très bien vos enfants ! », ajoutant « Il a le droit de crier, de boire, il est chez lui ». Le bourreau est chez lui, propriétaire du terrain et des êtres humains qui s’y trouvent. Puis après tout, il y a la rue, partir en catastrophe, abandonner tout, y compris l’école des enfants –  à la victime de se débrouiller.

Ce long calvaire, et le « mari » violent se venge sur la victime du passage des policiers. Pour la victime, c’est toujours subir, sans le droit de faire ses choix,  et noyée dans une culpabilisation qu’impose la société et le prédateur.

C’est partir sans rien en pleine nuit pour fuir les violences et ce rien, n’être pas secourue. La victime est niée, effacée. Des victimes en grande vulnérabilité, sans rien. Et,  lorsque la victime a réussi à partir,  un prédateur est ce manipulateur qui  revient chercher ses otages et les renferme de nouveau en leur promettant de s’engager à être ce « bon » père et conjoint tant espérer, puis brisant cet espoir impossible une seconde plus tard par les coups incessants de sa violence.

Les victimes sont humiliées, abandonnées par un système patriarcal ancré dans la culture française et tout le monde sait, « tous savaient ». Des violences qui peuvent commencer dès l’enfance comme ce qu’a subi Valérie Bacot, agressée par ce beau-père qui devient le « mari ». Ces mariages qui font de la femme la propriété du mari, qui a le droit de vie ou de mort sur sa conjointe, qui ne sera pas celle aimée, respectée, mais celle « achetée » légalement.

Le mariage garde dans la culture patriarcale, cette connotation de posséder une personne. Le mari devient le chef dont on prend le nom, que l’on suit, pour lequel on s’efface. Les partenaires prédateurs vont user du droit de possession qu’il s’invente, jusqu’à briser tous les rêves, toute autonomie, droit à se déplacer. Ils brisent également  la liberté de penser de leur victime, leur interdisent de réfléchir sans peine de violences, ne supportant pas d’être contredit, remis en cause . Selon eux,  la  victime doit être bloquée, ne pas pouvoir émettre une analyse de leurs comportements, de leur nocivité, ainsi que de la revendiquer pour se libérer du prédateur.  Ils imposent une souffrance incommensurable, ils détruisent la vie d’un être humain.

Usant d’une fragilité ayant marqué l’enfance et parfois les mères des victimes peuvent être celles apportant la première trahison. Un enfant qui adulte attendra toute sa vie d’avoir une mère qui ne sera jamais autre que celle confiant son enfant à son bourreau. La fille devenue victime sera toujours celle qui a tort, qui est coupable, celle que le parent ne reconnaîtra jamais, jusqu’à l’obscénité d’accuser la victime d’être coupable des violences qu’elle subit. C’est la renvoyer à son malheur en la plongeant constamment dans un état de vulnérabilité que reprend en duo le prédateur. La violence se fait écho, il n’est alors plus aucun refuge pour la victime, tout appartient au prédateur légitimer par  l’indifférence,  l’acceptation de la société, des institutions publiques, des décideurs politiques. Tous laissent faire, et combien de victimes sont en prison, condamnées, combien de victimes vivent aujourd’hui des violences cruelles, combien de plaintes en souffrance et des prédateurs qui continuent de nuire sans que personne ne souhaite véritablement les arrêter.

« Il y en a des milliers comme lui », une phrase entendue dans le bureau d’un commissariat, signifiant en réalité à la victime que le bourreau ne sera pas arrêté. Les dysfonctionnements de la justice et le système d’impunité qui perdurent, les procédures durant des années, et avant le Grenelle des violences conjugales, les victimes de violences conjugales et sexuelles n’avaient pratiquement aucune possibilité de porter plainte surtout quand le prédateur était qualifié par le système de « malin ». C’est -à -dire anéantissant sa victime en commettant un nombre incalculable de violences récurrentes et s’assurant son impunité par sa cruauté . Un prédateur calcule toujours en premier son impunité et manipule avec la complicité d’un système patriarcal qu’il connaît, sachant très bien ce qu’il fait, les actes criminels qu’il commet. Il prémédite, calcule , contrairement à la victime qui vit dans la peur, qui est terrorisée et qui se retrouve seule face à un psychopathe expérimenté.  Des victimes qui ne sont pas entendues malgré leur courage de témoigner et qui  ne reçoivent pas une protection immédiate . Parfois,  il y a une mesure d’éloignement , une condamnation de l’agresseur , mais un prédateur recommence, revient vers sa proie et maintient une emprise par les traumatismes graves qu’il provoque, et  en utilisant à son intérêt une société tournant le dos aux victimes en ne fondant pas notamment des structures pluridisciplinaires ayant pour but de respecter le droit à la résilience, dont toutes les victimes devraient bénéficier. 

Nous sommes au 21ème siècle, soit un quart de siècle après les Conventions internationales pour mettre fin aux violences à l’égard des femmes, et jamais les droits des femmes n’ont été véritablement respectés. Quoique la victime fasse, elle est coupable. Coupable de témoigner, coupable de ne pouvoir parler, coupable de partir sans moyens, sans solution pérenne, coupable de rester, coupable de ses larmes, et de son sourire qui signifie : « Je suis un être humain ». Un être humain qu’un conjoint-bourreau traque, chasse, attaque quand bon lui semble, au gré de sa haine, de ses explosions de violences où il se fait du bien. En alimentant sa perversité, un homme violent cultive son bien-être et ne ressent aucune souffrance, ce qui lui permet de se penser puissant, au-dessus de tous, et surtout de sa proie qui elle est en souffrance. Il prend plaisir à le savoir, et plus il mettra sa proie en détresse, plus il sera satisfait.

Il n’a pas de limite, les a toutes dépasser en prenant le corps d’une femme en otage, en lui imposant des grossesses durant lesquelles il accentuera ses violences. Être cette mère violée, cette mère qui aime ses enfants par-dessus tout, cette douleur extrême de comprendre qu’un prédateur fait des enfants pour exercer une emprise extrême sur sa conjointe, posséder toujours plus sa victime qui est alors brisée dans toutes les dimensions de sa vie, jusqu’à l’amour immense qu’elle a pour ses enfants.

Tout appartient au prédateur. Puis, il dépossède une femme de sa sexualité qui devient à ses yeux: une poupée de chiffon entre ses mains.  Un prédateur est la négation de toute manifestation de la liberté, du droit au bien-être. Il bafoue, renie les droits humains jusqu’aux plus fondamentaux.

Et, il est ce miracle de la vie, de l’amour, la mère et les enfants forment une famille magnifique, ce rayon de soleil qui dit que la force de vivre, d’aimer gagne toujours, est ce sens précieux de la vie résistant au néant des criminalités masculines, de ces hommes de violences ne respectant rien, ni la beauté de leurs enfants, leur vie.

Les institutions publiques oublient qu’un être humain, une femme,  donne toutes ses forces pour survivre, pour ne pas mourir de manière brutale par la main d’un conjoint violent. Pour garder également son humanité, sa dignité humaine en elle, celle qu’un prédateur tente de saccager en étant celui qui s’impose quotidiennement dans la vie de sa proie sans lui laisser le droit de reprendre son souffle. Puis, pouvant l’abandonner et revenir maltraiter sa victime démunie, devant assurer le quotidien de ses enfants en ne comptant que sur elle-même . Il est aussi la responsabilité  d’un système économique qui laisse de côté ceux vulnérables, ne donne aucune chance de résilience à une mère, comme il ne la donne pas à notre Terre mère.

Le patriarcat est destructeur pour un être humain, comme il l’est pour la nature car il pense la destruction de la vie. C’est cela un homme qui se fait l’ennemi, qui fait le choix de devenir un prédateur: il détruit la vie.

Valérie Bacot est cette magnifique innocence, celle qui résiste, ainsi que celle des victimes de violences conjugales et sexuelles qui nous crient : « Je veux vivre ! »

Valérie Bacot victime d’un prédateur et d’une société qui ne pourra construire un avenir serein en acceptant qu’un homme cruel puisse martyriser une femme, sans avoir la volonté de protéger, de sauver la vie de celle innocente.  

Ce sont des victimes et la justice ne pourra exister tant qu’elle abandonnera des victimes à leur bourreau, tant que les prescriptions seront ce droit à détruire, ce tant pis pour la vie ! 

©Fédora Hélène

Rappel : Une autre victime – 21 mois d’une plainte pour viols et violences , entre autres contre un ex-mari-bourreau, manipulateur pervers, escroc et faussaire multirécidiviste. « Tous savaient – la lâcheté de la société : il a brisé une vie, attaquant sa femme enceinte devenue invisible « .

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