Les associations humanitaires, d’aides aux migrants et réfugiés, dont la Cimade et le Collectif Citoyen/ne/s en Lutte Ouistreham – attaché à Utopia 56, alertent par notamment le biais d’une pétition complétée par un envoi automatique d’une lettre adressée au préfet du Calvados pour l’alerter et lui demander d’annuler l’explusion d’Idriss jusqu’à l’examen de sa demande d’asile par la Cour nationale du droit d’asile, ainsi que par le biais d’une conférence de presse ayant lieu ce jeudi 29 juillet devant la préfecture de Caen, sur le danger qu’en cours Idriss*, jeune Soudanais majeur, si l’expulsion demandée à son encontre par le préfet du Calvados est mise à exécution. Il est à l’heure actuelle plus de 1 000 soutiens sur la pétition pour le jeune Soudanais – pétition en lien sur le site de La Cimade.
Les policiers du centre de rétention de Rouen-Oissel, où Idriss est retenu, lui ont annoncé la programmation d’un vol en destination du Soudan en vue de son expulsion.
Le communiqué de la Cimade rappelle que ce jeune Soudanais a quitté son pays en 2014 pour fuir les persécutions qu’il subissait, les conflits qui y sévissent. Il était au Soudan en 2013, le déclenchement d’une guerre civile, de conflits intercommunautaires brisant les espoirs de paix et d’une vie meilleure pour des millions de civils.
En 2021, le Soudan est frappé par une crise humanitaire s’aggravant de manière inquiétante et portant à 8,3 millions, le nombre de personnes en urgence humanitaire, ayant besoin d’une aide alimentaire pour survivre. Une crise humanitaire persistante depuis plus d’une décennie et qui met en danger la vie d’enfants, de toute une population en grande vulnérabilité. Une crise climatique s’ajoute en valeur exponentielle rendant toujours plus difficiles les conditions de vie et contraignant plus de 2 millions de personnes à quitter le Soudan dans des conditions extrêmes.
Ce que Idriss a été contraint de faire pour sauver sa vie en payant le prix fort des violences que subissent les migrants démunis, fragilisés, sans protection. Le désespoir vécu par Idriss après avoir quitté le Soudan, ce sont d’autres violences, la continuité des souffrances par les tortures et l’emprisonnement qu’il subit en traversant le Tchad et la Lybie, souligne le communiqué. Puis, Idriss traversera toujours l’épreuve des déplacements car l’absence d’accueil. Il passe par Malte, l’Italie, la France et depuis un an, il essaye de gagner l’Angleterre pour « y trouver refuge », précise le communiqué.
L’espérance de regagner le Royaume-Uni est semée de ces violences récurrentes marquant des années de vie de ces jeunes Soudanais réfugiés
Ouistreham, deux jeunes Soudanais tentent le mercredi 9 juin de se cacher dans un camion pour réussir à embarquer sur un ferry se rendant au Royaume-Uni. La presse se fait alors l’écho de l’altercation qui s’ensuivit avec le chauffeur routier qui aurait été légèrement blessé , indique la presse. Le jeune Soudanais sera alors conduit dans un centre de rétention, alerte les associations qui déclarent dans le communiqué « Si le juge ne l’a pas envoyé en prison, le préfet, lui, l’a envoyé en rétention en vue de son expulsion ».
Arrivé au centre de rétention, Idriss dépose une demande d’asile « qui a été refusée en seulement quelques jours par l’OFPRA » indique le communiqué qui précise que le jeune Soudanais a déposé un recours pour que sa demande « soit examinée par la Cour nationale du droit d’asile ». Sans attendre que cette demande faite par le jeune réfugié aboutisse, le préfet du Calvados « a transmis sa décision d’expulsion aux autorités soudanaises », annoncent les associations .
Expulsion vers le Soudan – Une vie mise en danger
Une expulsion signifie pour ce jeune migrant d’avoir alors sa vie mise en danger, affirment les associations dont La Cimade. Des demandes d’expulsion ont déjà été faites à l’égard de Soudanais en 2017 et 2019. La Cimade alertant sur « l’aveuglement des autorités françaises à l’encontre de ce personnes bloquées à la frontière franco-britannique en quête d’une protection internationale »
Le communiqué qui rappelle également que les Soudanais ont été en 2018 et 2019, la première nationalité à obtenir le statut de réfugié devant l’OFPRA, alors qu’en 2020, il y a eu 4 expulsions de réfugiés Soudanais.
Jeune Soudanais sous le coup d’une demande d’expulsion qui aggrave son état de santé psychologique
Le communiqué précise qu’Idriss se trouve dans un état de santé psychologique particulièrement fragile du fait de « l’acharnement du préfet du Calvados à son encontre », selon le communiqué, comme les aidants en témoignent auprès de LiberTerra.
Il est également souligné la situation dramatique que la famille d’Idriss rencontre au Soudan, puisque depuis début juillet, « plusieurs membres de sa famille ont disparu, morts ou en fuite » informe le communiqué. Comme de nombreux migrants Soudanais, Idriss n’a plus de nouvelles de sa famille, ni de son frère qui serait « actuellement en Lybie ».
La crise humanitaire et climatique, les affrontements, les déplacements contraints imposés aux populations totalement démunies, l’absence de famille pouvant prendre en charge l’un des leurs – une situation de violences graves et complexes font qu’une mesure d’expulsion peut se révéler être très dangereuse pour la personne la subissant sans possibilité de justice, surtout arrivé au Soudan.
La justice véritable est un don de paix qui permet d’apaiser les souffrances, de ne pas provoquer des traumatismes supplémentaires pouvant faire subir aux victimes de crises humanitaires – des personnes fragiles en situation de grande précarité – une souffrance incommensurable. La peur de perdre la vie, le pire qu’un être humain puisse subir, cette menace permanente de savoir sa vie en danger, plongeant alors la personne dans une peine sans secours. La justice est là pour empêcher de telles souffrances d’être et de les empêcher de perdurer quand elles ont lieu.
Idriss, est un de ces jeunes Soudanais ayant traversé tant de violences pour espérer la liberté, que son nom ne peut qu’être porté haut et fort, et qu’il soit la suspension des mesures de demande d’expulsion vers le Soudan à l’encontre de ce jeune Soudanais dans l’attente de sa demande déposée devant le Cour nationale du droit d’asile. C’est l’espérance que nous formulons.
© Fédora Hélène
*Prénom d’emprunt

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