
Un anniversaire pour la paix
Lundi 27 septembre célèbre le 25ème anniversaire du Traité d’interdiction complète des armes nucléaires. Un Traité, souligne l’OTICE, qui a été adopté de manière « quasi universelle », précisant qu’il « a créé et maintenu une norme contre les essais nucléaires si puissante, que moins d’une douzaine d’essais ont été effectués depuis son adoption, et qu’un seul pays l’a violé ce millénaire ».
Un traité négocié à partir de 1994 et qui sera ouvert à la signature le 24 septembre 1996. Le TICE a été signé par 185 États et ratifié par 170 d’entre eux à la date du 22 février 2021. Un traité qui a la particularité de n’être toujours entré en vigueur puisque huit pays dotés d’activités nucléaires n’ont toujours pas ratifié le TICE, tel que la Chine, les États-Unis, l’Inde, le Pakistan, Israël, l’Iran, l’Égypte et la Corée du Nord. D’autre part, l’Inde et le Pakistan en 1998, ainsi que la Corée du Nord au cours des années de 2006 à 2017, sont les seuls pays à avoir procédé à des essais nucléaires depuis l’adoption du TICE.
Une surveillance internationale en « clé de voûte »
C’est depuis Vienne qu’à partir de 1997, le Secrétariat technique provisoire de la Commission préparatoire de l’OTICE prépare l’entrée en vigueur du Traité, ainsi que les opérations de surveillance et vérification des explosions nucléaires qui pourraient être dans le monde.
Le système de surveillance internationale (IMS), s’est constitué depuis de 321 stations de surveillance, ainsi que de 16 laboratoires effectuant un travail des mesures sismiques et qui peuvent par ailleurs prévenir des tsunamis, ainsi qu’apporter des informations précieuses sur le changement climatique. Jean-Yves Le Drian déclare à ce propos lors de son intervention du 24 septembre dernier, qu’ « Alors que les catastrophes naturelles se multiplient, le système de surveillance de l’OTICE participe de façon notable à la lutte contre les effets du changement climatique, notamment à travers le système d’alerte tsunami que la France soutient sans réserve. »
Des analyses effectuées en temps réel sur également la problématique de l’hydro-acoustique, des infrasons et radionucléides. Des informations dont disposent les États signataires, dont des bulletins d’analyse associés, pour que les différents gouvernements puissent définir, en pleine souveraineté, souligne l’OTICE, la nature des évènements enregistrés. Un système de surveillance internationale reconnu comme étant « la clé de voûte » pour maintenir un système de vérification performant en soutien aux espoirs de construire un avenir d’équilibre et de paix. Un réseau de surveillance qui en 2021, après des efforts constants, est opérationnel à 90 %.
Le Traité a pu éviter l’impact pour la nature et la santé humaine qu’aurait eu pour conséquence grave les essais nucléaires qui chaque année faisait exploser près de 1 000 bombes d’Hiroshima.
Une élimination des armes nucléaires est-elle possible ?
Rien ne peut être sans une volonté d’établir une réconciliation par un acte premier : un cessez-le-feu mondial prouvant la capacité des décideurs politiques de savoir s’unir, de savoir prendre ce qui les rassemble et non ce qui les oppose. Le changement climatique, la pauvreté, les violences faites aux femmes et aux enfants, sont des droits humains rassembleurs comme les droits à la santé universelle se révélant être une priorité depuis la pandémie.
Nous devons être une voix pour la paix et non des voix en désaccord, des voix conflictuelles qui ne font qu’aggraver les conflits générés par tout un ensemble d’évènements s’opposant à la progression harmonieuse de notre humanité en alliance avec la Terre mère. La Terre est un point commun à tous les êtres humains et pourtant elle devient sous le feu des affrontements politiques, l’objet de toutes les convoitises, de toutes les guerres contre notre propre humanité et contre la nature. Le TICE est un élément essentiel pour l’équilibre de la paix et doit être renforcé pour amener à un désarmement de notre monde.
La paix universelle demande le retrait universel des armes nucléaires. Cette condition impérieuse s’éloigne de nous par le progrès technologique élaborant des armes très perfectionnées, des armes qui possèdent pour la première fois de notre humanité, une puissance inégalée par l’énergie nucléaire.
Une force qui a pour but non seulement de s’imposer dans la communauté internationale, déterminant ainsi les pays dominants, mais également dans un avenir interplanétaire tel que le conçoivent les projets scientifiques soutenus par les gouvernements et propulsant notre humanité vers une nouvelle civilisation qui établira de nouveaux territoires d’exploration et d’exploitation d’autres systèmes planétaires d’ici 2050.
Des armes nucléaires qui s’imposent donc d’autant plus par la conception des programmes militaires tel que Red Team qui envisage les scénarios futuristes possibles à l’horizon 2030-2060 qui pourraient se produire en guerre intelligente par l’utilisation de l’IA, d’armes autonomes pouvant être utilisées dans diverses formations comme des attaques par essaim de drones, particulièrement redoutables.
Une force nucléaire demeure donc active en force de dissuasion, d’innovation dans le domaine de la défense et il ne peut être envisagé qu’un gouvernement décide de désarmer de façon unilatérale, puisque la sécurité du territoire prime, et que des attaques potentielles sont envisagées au cours de différents scénarios possibles. Ce futurisme militaire engage le monde entier, et les puissances politiques imposent une compétitivité qui ne laisse pas place à la transparence des uns envers les autres concernant en premier le domaine de la défense.
Un monde en conflit, en rapports de force toujours plus complexes entre les puissances économiques et les États. Une confiance fragile établit des liens entre les uns et les autres ; il est donc particulièrement difficile dans ce contexte de penser qu’un désarmement universel peut se produire durant la décennie en cours.
Emmanuel Macron a déclaré en février 2020, lors de son discours à l’école militaire, « La dissuasion nucléaire a joué un rôle fondamental dans la préservation de la paix et de la sécurité internationale, notamment en Europe. Je suis intimement persuadé que notre stratégie de dissuasion conserve toutes ses vertus stabilisatrices, et demeure un atout particulièrement précieux dans le monde de compétition des puissances, de désinhibition des comportements et d’érosion des normes qui aujourd’hui se dessine sous nos yeux »
Les pacifistes regrettent cette position de rapport de force qui persiste de manière internationale et qui n’envisage pas véritablement un désarmement de notre monde.
Ce sont 13 400 armes nucléaires dans le monde à ce jour et Mme Nakamitsu, Haut-Représentante des Nations Unies, s’adressant aux membres du Conseil de sécurité, souligne qu’il y a « une tendance inquiétante à la modernisation et à l’expansion des arsenaux nucléaires ». Puis, elle précise que « Alors que le régime mondial de contrôle des armements s’est effondré, la diplomatie multilatérale du désarmement nucléaire s’est atrophiée. Alors que les relations continuent de se dégrader entre les États qui possèdent des armes nucléaires, nous ne pouvons pas tenir pour acquis la norme contre les essais nucléaires sera maintenue ».
Les essais nucléaires ont permis des améliorations « quantitatives et qualitatives des armes nucléaires » souligne Mme Nakamitsu, amenant leur production en compétitivité et dotant de nouveaux pays de l’arme nucléaire. Des essais qui ont facilité « une croissance dangereuse » de l’arsenal nucléaire, rappelle la Haut-Représentante de l’ONU, en plus de leur impact négatif pour la nature causant « Des dommages durables aux environnements vierges, à la santé humaine et à certaines des communautés les plus vulnérables », rappelle Mme Nakamitsu.
L’espoir d’un monde nouveau sans l’arme nucléaire
C’est une espérance de paix universelle que toute une jeunesse peut bâtir en sortant d’une logique de puissances s’opposant et visant des objectifs de possession des territoires en puissance économique dominante qui pourrait en expansion devenir les nouvelles alliances pour conquérir des territoires interplanétaires.
Ce sont huit milliards d’êtres humains qui dépendent de décisions politiques majeures dans le contexte d’un bouleversement climatique et existentiel majeur qui nous fait face. De plus, celui-ci évolue très rapidement. Cette accélération pouvant dépasser les capacités d’adaptation de l’être humain, de prises de décisions alors que l’IA peut envisager, analyser et décider plus rapidement qu’un être humain. L’IA, ennemie ou alliée – tout s’inscrit dans cette dualité que nos systèmes ordonnent de manière immuable.
La France confirme son engagement pour le TICE
Au cours de sa déclaration le 24 septembre dernier, Jean-Yves Le Drian rappelle que la France a été un des premiers pays a ratifié le Traité et qu’en 1998, « la France a démantelé de manière définitive et transparente son site d’expérimentations nucléaires en Polynésie française en partenariat avec l’AIEA et l’OTICE ». Puis, le ministre de l’Europe et des affaires étrangères souligne que la France a réduit son « arsenal nucléaire et arrêté définitivement la production de plutonium et d’uranium à des fins militaires. »
La France qui contribue de manière concrète au système de surveillance en possédant sur son territoire 16 stations, huit stations situées à l’étranger et un laboratoire radionucléaire certifié par l’OTICE, rappelle Jean-Yves Le Drian, « qui sont opérés par la France ». Puis ajoute le ministre, « avec la certification de la station IS25, à la Guadeloupe en 2021, la France remplit désormais tous ses engagements au titre du traité ».
Par ailleurs, le ministre précise que « de graves menaces pour la paix et la sécurité internationale » persistent du fait notamment de « l’annonce unilatérale par la République populaire démocratique de Corée de la fin de son moratoire sur les essais ». Tout rappelle l’urgence d’actes forts et concrets pour renforcer la paix dans le monde.Dans l’article publié par LiberTerra le 24 septembre dernier, il est souligné que le Chef de l’ONU appelle les huit pays n’ayant toujours pas rejoint le TICE, à « le faire sans délai ». Un traité quasiment universel, mais il manque à l’appel ces huit pays clé pour que le Traité entre en vigueur.
Le 27 septembre, il est rappelé que depuis l’adoption du Traité, un seul état, la Corée du Nord a procédé à des essais nucléaires au 21ème siècle. Puis, Nicolas de Rivière, Représentant permanent de la France auprès des Nations Unies, souligne que « la résolution 2310 adoptée par ce Conseil il y a cinq ans, et coparrainée par la France, exhortait l’ensemble des États qui ne l’ont pas encore fait à signer et à ratifier le TICE ». La paix n’attend pas et Nicolas de Rivière affirme que « Cet appel fort et univoque du Conseil de sécurité doit-être entendu ».
Notre monde a besoin de paix pour perdurer et de ce temps de sérénité pour lutter efficacement pour la réalisation des objectifs du développement durable d’ici 2030. Un temps précieux quand il est une accélération du bouleversement. Un temps que des conflits mettraient en péril.
© Fédora Hélène
Copyright © LiberTerra 2021 – Tous droits réservés – Tous droits de production et de diffusion réservés