
Un rapport qui sera publié à Genève le 7 octobre, dénonce le fait que des crimes contre l’humanité auraient été commis en Libye dans les prisons et contre les migrants particulièrement vulnérables comme un jeune Soudanais en a témoigné auprès de LiberTerra.
Une Mission d’enquête indépendante affirme lundi 4 octobre que depuis 2016, il pourrait être commis des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité qui auraient été perpétrés par des groupes armés libyens, des États tiers et des mercenaires.
Depuis 10 ans où s’est produit la révolution en Lybie faisant tomber Kadhafi et laissant un pays fracturé qui sera marqué par la guerre civile éclatant en 2014, il est des conditions de vie très difficiles, une grande instabilité politique, ainsi que des conflits internes et meurtriers. Le pays est divisé entre l’Est et l’Ouest et certains Libyens se sentant en danger ont dû quitter leur pays. Une année 2014 qui provoque une grave instabilité, où la violence de groupes opposés va s’intensifier et toucher nombreux civils qui tentent de rester positifs pour ne jamais abandonner l’espoir d’une paix possible.
Une forte division marque le pays et impose une extrême violence blessant gravement des civils et des migrants. Des témoignages poignants émanent de ceux ayant déjà tellement souffert du régime de Kadhafi. Des témoignages émanent également de migrants dont des mineurs, des femmes, des hommes, ainsi que des personnes LGBT exposées à de graves violences.
Des groupes extrémistes ne cessent de blesser profondément une jeunesse, des familles qui peuvent se trouver séparées du fait de la division entre les territoires de l’Est et de l’Ouest que subit le peuple Libyen. Une réconciliation qui demeure très difficile malgré un processus de paix engagé par notamment la nomination d’un gouvernement d’union nationale.
Puis, il y a une guerre qui sévit depuis 2016 touchant gravement des civils qui paient un lourd tribut notamment par les violences se déroulant de 2019 à 2020 à Tripoli alors que la pandémie de Covid aggrave la situation pour tous les civils.
« Les frappes aériennes ont tué des dizaines de familles. La destruction des installations liées à la santé et les mines antipersonnel laissées par les mercenaires dans les zones résidentielles ont tué et mutilé des civils » souligne M. Auajjar, Président de la Mission d’établissement des faits.
Ce sont des raids aériens meurtriers tuant des dizaines de familles, précise le rapport. Une mission d’enquête qui a établi également les faits de violences à l’égard de migrants, de réfugiés et de demandeurs d’asile. L’enquête interroge aussi au sujet des populations déplacées à l’intérieur du pays.
Des migrants victimes d’abus terrifiants

SOS Méditerranée est confronté à la souffrance des migrants et réfugiés fuyant la pauvreté, les conflits, les abus violents. Des personnes en grande vulnérabilité qui n’ont qu’une solution partir en pleine mer au moyen d’embarcations de fortune mettant leur vie en péril pour tenter de rejoindre une terre d’accueil. Ce sont des enfants, des bébés, des femmes enceintes, des gens terrifiés, épuisés qui traversent la mer pour une chose, la liberté !
Leur immense courage rencontre l’extrême violence leur barrant la route dans cet incompréhensible d’hommes capables de commettre les pires atrocités sur leurs propres sœurs, leurs propres frères. Les migrants et réfugiés rencontrent en Libye, une terre de tous les dangers où selon les déclarations d’un des membres de la Mission d’enquête, Chaloka Beyani, « les migrants, demandeurs d’asile et les réfugiés sont soumis à une litanie d’abus en mer, dans les centres de détention et aux mains des trafiquants ».
Les enquêtes menées révèlent, explique l’expert en droits humains que, « les violations à l’encontre des migrants sont commises à grande échelle par des acteurs étatiques et non étatiques, avec un haut niveau d’organisation et avec l’encouragement de l’État – tout cela est évocateur de crimes contre l’humanité ».
Les enquêtes ont rassemblé de nombreux documents démontrant les faits. Elles ont été menées en Libye, en Tunisie et en Italie et elles ont interrogé plus de 150 personnes.
Les prisons de l’enfer
La mission d’enquête a également établi que des personnes détenues subissaient quotidiennement des actes de torture et que leur famille était interdite de les voir.
Un autre membre de la Mission, Tracy Robinson déclare à l’ONU que « la détention arbitraire dans les prisons secrètes et les conditions de détention insupportables sont largement utilisées par l’État et les milices contre toute personne perçue comme une menace pour leurs intérêts ou leurs opinions ».
La Mission exprime que les violences commises dans les prisons sont commises de manière organisée, à une haute échelle, et qu’elles peuvent « potentiellement relever de crimes contre l’humanité »
Sans refuge, déplacées de territoires en territoires : le calvaire de population maltraitée
L’ONU attire l’attention sur le fait que des groupes ethniques tels que les Tebus, Alahall et les Tawerghas subissent des déplacements contraints depuis 2011 et ce sont des milliers de personnes qui se retrouvent sur des territoires où il n’y a aucune infrastructure pour les accueillir. Aucun espace n’est aménagé pour prendre en charge ce mouvement très important de population.
Ces personnes déplacées et démunies subissent, selon le rapport, de graves abus. La Mission relève des violations du droit international car il n’est notamment pas assuré la protection des déplacés à l’intérieur du pays.
Un rapport révélateur – Des groupes et individus identifiés
L’enquête révèle le drame continuel qui se déroule en Libye pour des milliers de personnes et il établit également le recrutement d’enfants par ces hommes de violences les faisant participer directement aux hostilités.
L’enquête soulève toute l’horreur que vivent des femmes victimes de violences sexuelles, de disparition et des exécutions de femmes éminentes pourraient être sans qu’il soit de procès. Les personnes LGTB subissent également des violences. Ce sont des violations constantes et graves des droits humains.
Des témoignages de migrants et réfugiés expliquent les conditions de vie inhumaines qu’ils ont subi en Libye. La douleur lisible dans leur regard, à travers le silence qui exprime les mots de grandes souffrances. Ces mots qui ne peuvent se prononcer tant ils sont douloureux, tant il est de survivre, d’être en l’espérance, en cette résilience d’être debout chaque jour. Il faut le temps pour témoigner, le temps d’affronter de nouveau la souffrance en disant les faits de violences subies.
La Mission d’enquête est d’une importance capitale pour pouvoir agir, sauver les personnes vulnérables, les personnes en grand danger.
Les mercenaires, et les différents groupes armés savent que les traumatismes anéantissent les victimes, cette peur qui affaiblit, ce qui donne aux auteurs des violences un sentiment de puissance et d’impunité.
Recueillir les témoignages des victimes – Entendre la douleur
Pour les populations en grande vulnérabilité et victimes de graves abus, le besoin de vivre est plus fort que le besoin de parler et la parole peut se révéler insupportable pour les victimes tant elle provoque une mémoire traumatisée. Cette mémoire est extrêmement importante pour un être humain. Elle constitue le patrimoine de sa vie, et elle lui permet de construire son futur, donc ce droit de vivre.
Les réfugiés et migrants peuvent avoir leur mémoire fortement impactée par les sévissent vécus et leur vie peut s’effondrer par la douleur traumatique. Ce sont ces personnes vulnérables qui ont encore le courage de s’engager en pleine mer pour survivre. Ce sont ces personnes qui attendent de l’Europe qu’elle leur donne l’accueil auquel elles ont le droit par le simple passeport de leur humanité.
Grâce aux témoignages des victimes écoutés avec empathie par les experts des droits humains, il a pu être établi une liste confidentielle notant les acteurs libyens et étrangers qui pourraient porter la responsabilité des violations commises.
« Cette liste confidentielle le restera, jusqu’à ce que le besoin se fasse sentir de la publier ou de la partager avec d’autres mécanismes de reddition de compte » indiquent à l’ONU les enquêteurs indépendants onusiens.
Quand la promesse d’un cessez-le-feu s’éloigne
Un an avant – Le 5 octobre 2020, l’ONU copréside avec l’Allemagne une réunion concernant le conflit sévissant en Libye en une douloureuse guerre fratricide depuis 2011, chute de Kadhafi.
Depuis le mois d’août 2020, les différentes parties montraient des signes pour s’engager vers un processus politique de réconciliation devant se prouver par un acte fort : un cessez-le-feu.
Puis, la Mission d’appui des Nations Unies en Libye (MANUL) exprimait son soutien pour organiser des réunions et consultations sous la direction et la responsabilité des Libyens pour aller vers une stabilité politique en favorisant des discussions intra-libyens pour réaliser une politique inclusive pour l’avenir.
Il était pour les parties de pouvoir établir une entente durable pour répondre à des questions de sécurité urgentes, rétablir la confiance, créer une zone de protection démilitarisée et assurer la sécurité des installations pétrolières.
Il était également la condition du respect total de l’embargo sur les armes devant être appliqué de manière « intégrale et inconditionnelle », soulignait M. Guterres. Or, il fut constaté des « livraisons d’armes et d’autres soutiens militaires », alertait le Chef de l’ONU, qui soulignait que ces faits constituaient « un scandale » remettant en cause « l’engagement fondamental de paix de toutes les parties concernées »
Une paix toujours menacée et l’ONU mettait en évidence la nécessité d’instaurer le respect du droit et de mettre fin aux détentions arbitraires en mettant en place un contrôle judiciaire.
Plusieurs éléments essentiels pour l’établissement de la paix doivent converger et s’appliquer et la priorité se révélait être déjà pour les plus de 425 000 personnes déplacées fuyant leur maison en raison du conflit persistant. Comme elle se révélait être pour mettre fin au calvaire que subissent les migrants et réfugiés en Libye.
La Représentante de la MANUL, Stéphanie Williams, déclarait en 2020 lors d’un message vidéo diffusé au moment du Débat, « Nous continuons à recevoir des rapports de détention arbitraire ou illégale, de torture, de disparitions forcées, d’exécutions extrajudiciaires et des violences sexuelles dans tous les lieux de détention ».

La MANUL annonçait en 2020 qu’au moins 3 291 migrants et réfugiés, dont des enfants et des femmes, sont détenus dans l’ouest de la Libye.
Les Nations Unies rapportaient qu’il était alors 371 migrants et réfugiés emprisonnés dans la partie orientale. La Haute représentante de l’ONU déclarant, « Beaucoup périssent en mer en tentant de faire le périlleux voyage vers l’Europe. Bien que la Libye ne soit pas un port sûr pour le retour des migrants et des demandeurs d’asile, ceux qui survivent continuent d’être renvoyés en Libye où ils sont arrêtés à leur arrivée ou disparaissent tout simplement ».
Le terrifiant qui persiste de longue date et les viols et harcèlements sexuels dans les prisons libyennes viennent alourdir les nombreux rapports faisant état de graves abus. Les migrantes et demandeuses d’asile sont victimes aussi bien des passeurs que des trafiquants, et sont également relatés des abus sexuels commis par des fonctionnaires et des hommes armés.
La peur, les mesures d’intimidations, les menaces et les chocs traumatiques font que peu d’actes de violences sexuelles sont signalés, explique l’ONU. Il apparaissait donc essentiel de mettre en place des outils et structures efficaces pour garantir la sécurité des femmes et recueillir des témoignages de survivantes. La MANUL instaurant un suivi par des systèmes de surveillance, souligne que celui-ci a mis en évidence « les violences sexuelles liées au conflit, y compris le viol d’enfants, aux mains des milices ont augmenté ». Une insécurité toujours augmentée impacte les plus fragiles abandonnés aux mains d’hommes capables de commettre des atrocités.
La MANUAL a souligné également que des milliers de réfugiés interceptés en mer étaient soit dans des infrastructures surveillées sous le contrôle en théorie des ministères libyens de la défense et de l’intérieur, soit dans des installations commandées par des groupes armés. Lesquels groupes sont liés au trafic de migrants et à des réseaux criminels extorquant de l’argent aux migrants et réfugiés en grande détresse.
Mme Williams affirmant à l’ONU, « Il faut y mettre fin, les migrants et les demandeurs d’asile doivent être protégés et les responsables de violations des droits de l’homme doivent être traduits en justice ».
La Mission d’enquête établie un an plus tard permet grâce aux témoignages d’inscrire le nom d’auteurs des violences commises. Il est de rappeler la Liste de la honte créée par l’ONU pour y inscrire le nom des agresseurs usant des violences sexuelles comme arme de guerre. La barbarie a un nom : des hommes deviennent des loups, quittent toute fraternité pour n’être que l’expression de la haine et de la violence.
La justice est ce phare qui éclaire la paix et partout dans le monde, les auteurs de violences sexuelles qui constituent des crimes à l’égard des plus vulnérables, des femmes et des enfants, doivent être traduits en justice, comme condition impérieuse à l’établissement de la paix universelle.

Poursuivre la Mission pour sauver des vies
Le rapport demande au Conseil des droits de l’homme de prolonger la Mission durant un an. Il est une priorité : faire cesser toute violation des droits humains. La paix est la seule solution possible et pour elle, il doit y avoir une justice répondant efficacement contre les auteurs de violences, actes de torture.
« Il est plus que jamais nécessaire de garantir l’obligation de rendre des comptes pour les violations flagrantes des droits humains et les crimes internationaux commis dans le pays afin de dissuader de nouvelles violations et de promouvoir la paix et la réconciliation à long terme ».
Un rapport dont le but est de soutenir l’urgence de la paix, de pouvoir la rendre durable et de garantir la sécurité pour les populations fortement touchées par les violences. Un rapport qui doit également réveiller la conscience de la communauté internationale. Laquelle doit venir en soutien pour l’établissement de la paix en Libye. Une paix qui ne peut être sans justice, et la Mission recommande que, « la communauté internationale continue à apporter son soutien aux autorités judiciaires libyennes ».
La problématique de l’urgence de sauver des vies
La Mission d’enquête permet d’établir les éléments probants pour mettre en lumière l’urgence humanitaire dont les migrants, réfugiés, les personnes LCBT, ainsi que les déplacés ont terriblement besoin. Protéger, garantir la sécurité aux plus vulnérables est la condition impérative pour que la paix soit concrète dans le quotidien des réfugiés et migrants.
Qu’il ne soit pas encore un long chemin à parcourir pour garantir la paix et la sécurité des plus vulnérables, qu’il soit un sursaut pour la paix dans toute la communauté internationale et l’accueil des migrants et réfugiés qui subissent un autre calvaire en arrivant dans certains pays, y compris en Europe.
©Fédora Hélène
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