
L’Organisation internationale pour les migrations (OIM) alerte sur les conditions de vie qui s’annoncent très éprouvantes lors de la saison hivernale pour une population subissant une lourde crise humanitaire dans le contexte de la prise de pouvoir par les Talibans.
Le 15 août dernier faisait basculer l’Afghanistan dans le chaos par la prise de Kaboul par les Talibans. Une population saisie par la peur tentait alors de fuir en submergeant l’aéroport par son appel à l’aide. Une peur panique, dramatique, sans précédent saisit alors la population qui tentait de quitter l’Afghanistan en empruntant également les routes menant vers la frontière du Pakistan.
Une avancée des Talibans sur les différents territoires et il était depuis plusieurs semaines des femmes, dont des femmes enceintes et des enfants sur les routes en pleine chaleur d’été, cherchant à rejoindre un campement.
Une situation dramatique capable d’anéantir 20 ans d’efforts pour réaliser le développement de l’Afghanistan, pour lutter contre la crise humanitaire sévissant, laquelle est la troisième urgence humanitaire dans le monde.
C’est au cœur de ce drame que s’annonce un hiver particulièrement froid en Afghanistan.
Une crise humanitaire touchant 18 millions d’habitants qui vivent dans l’instabilité, pouvant se retrouver à tout moment dans l’obligation de fuir, et qui subissent l’extrême gravité de la violence possédant alors toutes les dimensions d’une société et interdisant l’accès aux droits humains.
L’arrivée au pouvoir des talibans a aggravé les déplacements internes de personnes vulnérables cherchant à trouver un abri, souvent de fortune, mais plus sûr par cet espoir surgissant des peurs qui frappent au cœur les plus vulnérables.
Ce sont actuellement 5,5 millions de personnes déplacées qui n’ont ni emploi, ni foyer, ni moyens de subsistance, parmi lesquels il est 670 000 personnes ayant été contraintes de tout quitter dès le début de l’année 2021. 5,5 millions de personnes, cela équivaut à un pays tel que la Finlande.
De plus, l’ONU alerte sur le fait que 60 % des déplacés internes sont des enfants. Des enfants en grande vulnérabilité ayant besoin de l’aide humanitaire pour survivre sur des territoires où les établissements de santé sont en très grande difficulté. Des soignants ont quitté l’Afghanistan et il y a une pénurie de médicaments de l’ordre de 85 %.
Pour l’OMS, le Dr Brennan a alerté au mois d’août dernier sur la situation catastrophique des établissements de santé en Afghanistan, « Il ne reste que quelques jours de fournitures médicales en Afghanistan ». En sachant que l’Afghanistan est touché par des épidémies dont celle de polio. Les Talibans ont accepté, selon l’ONU de reprendre à partir du 8 novembre, la vaccination antipolio.
Des enfants lourdement impactés par ce quotidien aux ordres des conflits ruinant leur enfance, même si leur regard marque le ciel de leurs rêves. Ils sont ce soleil qui apparaît, ce jour qui vient, ce mouvement de la vie, de la nature et ceux souffrants savent à quel point elle est importante. Des enfants également touchés par la crise climatique qui ne cesse d’assommer l’Afghanistan.
L’effondrement économique, sociétal pourrait être, le nouveau visage de l’Afghanistan si la paix et la liberté continuent à être mises en état d’abandon.
Une population fuyant, ayant tout perdu et risquant d’être bloquée par le froid de l’hiver dans le plus grand dénuement. Des mouvements de populations qui signifient que les plus vulnérables se trouvent dans une détresse alarmante et ce sont plus d’un million d’Afghans qui sont rentrés d’Iran ou du Pakistan ces dernières semaines. L’OIM explique que ces migrants et réfugiés ont été pour nombre d’entre eux, expulsés et reviennent en étant « souvent brisés, cassés ».
Une hiver rigoureux s’annonce
Les températures froides de l’hiver qui s’annonce, commencent à rendre les nuits difficiles pour les plus fragiles et l’ONU indique faire du « porte à porte » pour apporter des couvertures, des vêtements chauds et de l’argent pour le carburant et le chauffage.
L’ONU confirme sa présence sur le terrain, ainsi que les organismes onusiens pour répondre au plus près des plus vulnérables à l’urgence humanitaire. L’ONU indique étendre l’aide hivernale à toutes les provinces du pays dans l’objectif d’atteindre 200 000 personnes en détresse.
Une détresse issue de problématiques fondamentales qui touchent l’Afghanistan qui se trouve « au bord de l’effondrement », alerte l’OIM. À la pandémie de Covid qui continue de circuler, s’ajoute une économie en chute libre, une crise climatique imposant une sécheresse depuis plusieurs années, une malnutrition atteignant des « niveaux dramatiques », précise l’OIM et touchant en premier de nombreux enfants. « L’OIM est profondément inquiète pour l’avenir », a déclaré dans un communiqué de presse le Directeur de l’OIM, Antonio Vitorino, après une visite de deux jours en Afghanistan.
Un pays où l’OIM estime qu’il est près de 70 % de la population touchée par la sécheresse et les inondations impactant en dans ce mouvement dramatique les récoltes. M. Vitorino explique que « Les mauvaises récoltes sont une réalité, et un effondrement économique serait dévastateur ».
Quant à l’OMS, l’Organisme soulignait fin septembre que concernant la pandémie de Covid, il était au total avant le mois d’août 2021, 2,2 millions de personnes vaccinées contre la Covid-19, et que la vaccination se trouvait être stoppée durant le mois de septembre alors qu’il était 1,8 million de doses de vaccin qui risquent d’être perdues. Pourtant la circulation du virus restait active avec 154 712 cas confirmés et plus de 7 000 décès. Alertant également sur le fait que sur les 37 hôpitaux prenant en charge les malades du coronavirus, 9 avaient été fermés et qu’il n’était plus aucune politique de tests ni de vaccination.
L’OIM assure que pour sauver des vies, et ne pas faire de l’hiver qui vient la saison d’une catastrophe humanitaire, il est nécessaire de mettre en place, « Des mesures globales et inclusives ». Qu’il est la priorité de « promouvoir les moyens de subsistance en particulier ceux des femmes afghanes – de de garantir l’accès aux services essentiels pour les communautés touchées par le conflit dans tout le pays ».
ONU – Apporter l’aide humanitaire au plus près des plus pauvres
Le 2 novembre, un avion transportant des tonnes de matériel d’urgence pour l’hiver, provenant de Dubaï via les stocks mondiaux de l’ONU et décollant de Sharjah, se posait dans l’après-midi à Kaboul.
C’est le premier vol humanitaire qui se pose à Kaboul depuis l’arrivée au pouvoir des talibans. Une initiative aboutissant avec succès grâce au Haut-Commissariat de l’ONU. Ce sont 33 tonnes de kits d’hivernage qui arrivaient ainsi pour les Afghans déplacés. Deux autres vols humanitaires sont prévus, l’un se déroulant hier 4 novembre et un autre le 7 novembre prochain.
Des kits conséquents pesant chacun 25 kg et renfermant des moyens de construction et d’isolation et autres éléments venant renforcer l’isolation des tentes. Il est une priorité : répondre à la mise à l’abri de familles ne possédant pas de refuge avant un hiver durant lequel les températures peuvent descendre jusqu’à –25°c. Des kits humanitaires apportent également des denrées alimentaires, des couvertures, des ustensiles de cuisine, des lampes solaires, des panneaux solaires, de l’argent liquide pour les plus pauvres.
Le HCR lance un appel urgent à la communauté internationale pour que proviennent des contributions financières soutenant les actions mettant à l’abri les plus vulnérables avant la saison hivernale.
© Fédora Hélène
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