
« Toute escalade ou nouveau conflit porterait un nouveau coup sérieux à l’architecture si laborieusement construite au cours des 75 dernières années pour maintenir la paix et la sécurité internationale » a déclaré Rosemary DiCarlo, Secrétaire générale adjointe aux affaires politiques et à la consolidation de la paix.
Une tension en rapports de force qui perdure depuis le conflit de 2014, bien que des réunions pour la paix sous le format Normandie, où la dernière en date s’est déroulée le 26 janvier à Paris, tentent de maintenir des relations diplomatiques aujourd’hui fortement menacées de rupture.
Une nouvelle réunion sous le format Normandie est prévue à Berlin pour le 17 février sur l’application des Accords de Minsk, et Mme Di Carlo exprime que la voie de la diplomatie est celle à prendre et souligne que, « La diplomatie peut fonctionner ». Une diplomatie à l’épreuve d’un monde politique où l’art des ententes s’accordent avec l’art des stratégies militaires et la Cheffe des affaires politiques de l’ONU a précisé que même si les efforts diplomatiques mettent un trait d’union entre les puissances, il est néanmoins que l’ONU demeure préoccupée, « par le fait que, alors même que ces efforts se poursuivent, les tensions continuent de s’intensifier dans un contexte de renforcement militaire dangereux au cœur de l’Europe ». Une alerte qui demande aux décideurs politiques « à s’abstenir de toute rhétorique et de toute action provocante afin de maximiser les chances de succès de la diplomatie », ajoute-t-elle.
Une diplomatie prise au piège de la position russe et l’Ambassadeur de Russie, Vasily Nebenzia a déclaré hier, lors d’une conférence de presse, « Nous ne comprenons tout simplement pas ce dont nous discutons ici aujourd’hui et pourquoi nous sommes effectivement ici. »
D’autre part, l’Ambassadeur remet en cause le nombre de 100 000 soldats russes mobilisés aux frontières, ainsi qu’en Biélorussie, avancé par l’OTAN. À ce propos, l’Ambassadeur demande la source de cette information, et rappelle que les mouvements des troupes à l’intérieur du territoire russe, ne sont pas une première, et ont mobilisé différents niveaux militaires en fonction des opérations d’entraînement et qu’ils n’ont auparavant « pas provoqué la moindre hystérie », ajoute-t-il.
Puis, concernant un risque d’invasion de l’Ukraine par la Russie, soulevé par l’OTAN, l’Ambassadeur a affirmé qu’« Il n’y a aucune preuve pour confirmer ces graves accusations » et précise que « Les responsables russes ont réfuté toute intention d’attaquer l’Ukraine ».

Par ailleurs, M. Nebenzia estime que la séance du 31 janvier du Conseil de sécurité réuni à la demande des Etats-Unis, a été une « provocation », et un « appel à la guerre » avant de qualifier la diplomatie des États-Unis de « haut-parleur ».
La Russie distingue deux crises, selon l’Ambassadeur, celle interne à l’Ukraine dont la solution de fin de crise réside dans « l’application intégrale des Accords de Minsk et celle actuelle que M. Nebenzia qualifie de « crise artificielle » alimentée par les États-Unis. Puis, il a affirmé que « les livraisons d’armes actuelles à l’Ukraine sont des provocations » qui contreviennent aux Accords fixés. Le Président Ukrainien à quant à lui, a lancé des appels, pour ne pas céder à la « panique ».
Puis, lors de la séance du Conseil, le délégué russe rappelle que la Russie a tant de fois été sanctionnée, « qu’elle ne les compte plus », précisant qu’une nouvelle sanction « ne restera pas sans réponse ». Une déclaration maintenant fortement les rapports de force entre la Russie et l’OTAN.
Des stratégies de pouvoirs dangereuses
L’ONU souligne que ce sont 2, 9 millions de personnes en Ukraine qui ont besoin d’une aide humanitaire et qui n’attendent que la paix . La population civile ne souhaite qu’une solution à la crise Russo-Ukrainienne, l’application des Accords de Minsk.
Par ailleurs, plus de 1, 5 million de personnes sont des déplacés internes, selon les chiffres du gouvernement ukrainien, et subissent des conditions de vie difficiles. Les conséquences économiques suite au conflit de 2014, ainsi qu’aux mesures sanitaires coupant un oxygène vital pour l’économie des plus vulnérables vivant essentiellement par la possibilité de travailler à l’étranger. Les civils, premières victimes des conflits, et Mme Di Carlo souligne qu’« il est douloureusement évident que toute nouvelle escalade en Ukraine ou autour de l’Ukraine signifierait davantage de tueries et de destructions inutiles ».
Une situation « urgente et dangereuse »
Une tension entre l’OTAN et la Russie s’est aggravée le 1er février dernier par un dialogue angoissant où chaque partie accuse l’autre de manipulations aboutissant à de graves accusations, voire de nouvelles sanctions envisagées contre la Russie, et qui pourraient justifier le déclenchement d’hostilités.
Les Jeux olympiques semblent être le moment pour la Chine de montrer son soutien à la Russie par la présence de Poutine, ainsi que sa détermination par l’absence d’officiels occidentaux, qui pourrait être comprise par les autorités chinoises comme une « provocation » supplémentaire, alors que la communauté internationale se tourne vers les manquements aux droits de l’homme, en Chine . Laquelle entend également les accusations à son encontre de génocide à l’égard des Ouïghours, ainsi que de graves manquements aux droits humains à l’égard notamment de ceux œuvrant pour le respect des droits de l’homme.
Une menace de guerre pèse sur le monde
L’OTAN, la Russie l’accuse d’être « une menace » dans la région de la Baltique et considère la sécurité antimissile de l’OTAN comme représentant une menace pour la sécurité russe.
Dans ce renvoi persistant d’accusations des uns envers les autres, l’OTAN répond avoir « Pris des mesures défensives et proportionnées pour faire face à l’évolution de l’environnement sécurisé » et souligne que ce sont 4 500 soldats européens et nord-américains qui sont déployés depuis 2016 et chargés d’assurer une « présence avancée rehaussée ». L’OTAN affirme que « L’Alliance ne cherche pas la confrontation et ne représente aucune menace pour la Russie » et ajoute que « Nous ne cherchons pas la confrontation, mais nous ne pouvons pas laisser la Russie enfreindre les règles internationales et compromettre notre stabilité et notre sécurité ».
Puis, l’OTAN rappelle que le déploiement de soldats ne représente pas une menace pour la Russie forte d’une armée d’un million d’hommes. Et, souligne que la voie diplomatique est privilégiée. Jens Stoltenberg a invité, à ce propos, tous les membres du Conseil OTAN-Russie à une série de réunions concernant la sécurité en Europe, la situation en Ukraine et alentour.
L’OTAN rappelle également la nécessité de respecter la non-prolifération des armements nucléaires et la priorité donnée pour discuter de la sécurité internationale.
Autant la paix instaurée depuis 75 ans semble aujourd’hui menacée, autant l’ensemble important des Accords internationaux en faveur de la paix semblent également dans une situation instable et dangereuse, pouvant signifier le risque d’un basculement dans un conflit majeur. Ainsi, l’OTAN rappelle également les traités mettant fin à la guerre froide qui en réalité est toujours restée latente. L’architecture de paix inclusive pour l’Europe à laquelle « la Russie a souscrit, et qu’elle se doit de respecter », précise l’OTAN, doit marquer la force de la paix.
De son côté, Linda Thomas-Greenfield, la Représentante des États-Unis auprès des Nations-Unies, a indiqué lors du Conseil que la situation actuelle est « dangereuse » et représente « une urgence » car elle constitue « une menace pour la paix et la sécurité aussi claire et conséquente que quiconque puisse imaginer ». Des mots lourds de sens quand elle souligne que les positions de la Russie « ne menacent pas seulement l’Ukraine« , mais qu’ « elles menacent l’Europe et l’ordre international ». Une réunion du Conseil de haute importance quand il s’agit du maintien de la paix qui se fragilise et provoque une inquiétude internationale.
Un défi majeur et Linda Thomas-Greenfield précise que « Si la Russie envahit de nouveau l’Ukraine, aucun d’entre nous ne pourra dire qu’il ne l’a pas vu venir et les conséquences seront horribles, c’est pourquoi cette réunion est si importante aujourd’hui ». Une réunion du Conseil se soldant par un échec tant les oppositions sont fortes entre la Russie, l’OTAN et les États-Unis. Une pression lourde de sens révélant « La plus grande mobilisation de troupes en Europe depuis des décennies » a déclaré Mme Thomas-Greenfield.
La Russie joue la position d’attente, d’autant plus par le déroulement prochain des Jeux olympiques. Une tension qui risque de devenir insupportable aux yeux de l’Alliance, et la réunion prévue la deuxième semaine de février à Berlin sera certainement décisive et montant les rapports de force d’un cran.
Mme Thomas-Greenfield précise à cet effet que la communauté internationale, « ne peut pas attendre et voir », et pourtant il semblerait que c’est le risque que prend aujourd’hui la Russie.
La guerre de l’usure, la Russie semant le doute et soutenant qu’elle n’a pas l’intention d’envahir l’Ukraine. Par le système d’inversion, la position russe démontre qu’au contraire de la Russie, l’OTAN est une « menace ». Un jeu particulièrement dangereux, une stratégie de guerre et non de paix qui peut faire basculer le monde dans le pire.
Le Traité non-prolifération des armes nucléaires pourrait-il être remis en cause
Tout s’oppose dangereusement à tout et la Déclaration P5 pour l’élimination des armes nucléaires et publiée en janvier dernier, apparaît aujourd’hui instable et pourrait ne pas être suivie d’actes concrets.
L’Otan rappelle avoir toujours été en conformité avec le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) et souligne que le TNP « joue un rôle essentiel pour la paix et la sécurité au niveau international ».
L’Otan souligne que depuis des décennies, « Les États-Unis stationnent des armes nucléaires sur le territoire de certains Alliés européens dans le cadre des capacités de dissuasion et de défense de l’OTAN » et affirme dans un communiqué que « La Russie utilise ses armes nucléaires comme moyen d’intimidation », et ajoute que « La Russie tient un discours irresponsable sur le nucléaire et a intensifié ses exercices dans ce domaine ». Puis, contrairement aux enjeux majeurs du TNP, l’OTAN précise que la Russie « développe en outre ses capacités nucléaires en investissant dans des armes innovantes et déstabilisatrices ».
Des armes nucléaires redoutables dotée de l’innovation IA et qui peuvent particulièrement assombrir le futur par leur dangerosité. Aujourd’hui, la paix devient la priorité absolue. Un bouleversement qui confirme son mouvement accéléré dans un contexte mondial très instable.
Des Jeux olympiques où le cœur n’y est pas, et qui risquent de ne pas représenter une éclaircie, mais un leurre dangereux. Les droits humains sont primordiaux et il apparaît alors que les futures médailles d’or ne feront que pâle figure face à la souffrance endurée par les populations vulnérables, qui elles ne veulent qu’une paix véritable en espérance de survie.
© Fédora Hélène
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