1er mai – Hommage aux ouvrières de la résistance luttant pour les droits humains – Yvonne, une femme courage

Photo /@liberterradaily

Ces gosses pauvres traversent les champs du Nord. Enfants loin de l’école et pourtant connaissant la vie par l’intelligence de leur cœur,  cet élan d’espoir. Ceux marchand sans jamais arrêter leurs pas. Filent les bois, ces étendues de nature avant que ne viennent les usines se dressant dans la plaine.

Yvonne, elle avait 12 ans, et elle partait travailler sans relâche. Avancer en laissant le froid des guerres et les mains blessées à l’ouvrage, écouter cette dernière sonate éloigner les sonneries d’usines. Retrouver les sourires, la jeunesse, les visages, les camarades, la mémoire défilant en notes au bruit des machines, des copeaux de métal s’envolant libres en lettres capitales marquant les noms disparus.

Yvonne, petite du Nord, récitant les poésies et rêvant de paix quand la faim venait frapper les nuits. C’était jadis dans une France de misère. Le peuple en galère qui partait s’enivrer dans les bals populaires, tomber amoureux de la Commune, et penser à l’espoir de revoir une dernière fois, les camarades sur les barricades défiant les princes et les États avant que ne s’effondrent les corps et près des tombes, elle pense à jadis, à ce bouquet de mai.

Mais, elle n’aura pas le temps de revoir ces tissus rouges aux fenêtres, ces colombes au sang des peines, et chanter la fraternité disant à l’utopie, te voilà réalité ! Elle n’aura pas le temps la petite de Fourmies de voir le monde faire table rase des pouvoirs ordonnant le monde sans jamais aller sur les champs de bataille où ils sèment la mort, ces vies abattues pour la gloire des États. Elle n’aura pas eu le temps de vivre une Commune nouvelle et assise, la vieillesse prenant sa part, elle raconte la force des femmes combattant pour la liberté.

Tout vaincre, battre les interdits ! Et, la cour de l’usine devenait un instant ce paradis de la lutte pour ce féminisme qui ne se prononçait pas encore. Mais, il se vivait, résistait, était debout face au patriarcat. Il lui tenait tête et Yvonne conduisait de son pas sûr ancré dans le sol, les valses tournoyant à en perdre la tête ! Piaf en écho des refrains résonnait dans les logements vétustes où la folie tourne, tourne aux verres d’alcool des pauvres perdus, laissant l’épuisement vaincre leur corps. Yvonne, elle, elle marchait fière. Elle voulait inventer une langue universelle, la fraternité ! Elle s’éloignait du noir de l’usine en écoutant les mots en poésie dans les débats politiques de quelques compagnons réunis dans ce secret des grands rêves, des luttes quotidiennes, des os cassés à travailler depuis l’enfance. Yvonne resta debout jusqu’au dernier instant, que le cœur à bout d’effort s’accordant le repos à la lumière de l’âme.

Elle nous laisse son combat, ce flambeau parcourant les villes, tous les chemins et se faisant la lueur fidèle quand la violence tente de tout éteindre, quand la guerre pose de nouveau son cauchemar dans le ciel de l’Europe. Dans un petit coin de paradis, ce 1er mai, Yvonne s’adresse à nous tous,  insiste, pose son regard sur nous et nous dit doucement, « Battez-vous pour la paix, pour la nature! Reprenez le flambeau, ne restez pas assis, levez-vous ! » Comment pourrait-elle comprendre que nous regardons la nature et la paix être en danger, sans agir ?  Faire que notre monde perdure est un acte précieux. Elle racontait comment les arbres étaient coupés pour assurer la pérennité de la forêt et s’attristait de voir tant d’espaces naturels être mis en péril pour le « Dieu pognon ». Elle voyait arriver une élite cupide et une armée de citoyens obéissants, laissant faire, « Voilà ce que le système fabrique. Il est en train de tout détruire! »

Yvonne est partie au loin, elle lit les mots en poésie s’inscrivant par l’imaginaire dans la spirale des escaliers descendant si vite. Jadis, quelle course folle ! Elle s’échappait des immeubles de pierre noire au charbon des villes. Aux dimanches du 1er mai, où le joli muguet en porte-bonheur s’accrochait dans les cheveux. En robe blanche, en drapeau de paix, elle distribuait la fleur, elle donnait un jour de plus à l’usine cachée derrière la lourde porte. Au jardin des rues, les passants tendent la pièce vers le bonheur embaumant les jours heureux. Cette échappée belle dans les campagnes des dimanches, au bord des rivières que l’on découvrait après avoir imaginé à travers les pages des livres, la joie en vague jaillissante et les yeux fermés, on pouvait la peindre, cette après-midi merveilleuse.

Un élan vers le bonheur, elle était là, enfant de la pauvreté, cultivant les roses et les printemps. Elle donnait son cœur pur, ses sourires clairs pour nous, elle combattait et avait si peur de cet avenir qui revient se perdre dans les guerres, et les brouillards, la pauvreté. Les puissants en Dieu, une auréole posée au-dessus de leurs têtes couronnées et non élues par ce peuple qui oublie la liberté ! Elles les a tant combattus ces despotes alignant au front sa vie en soldat sans enfance trimant pour un morceau de pain. Elle était cette guerrière au mois de mai des résistants, qui d’un trait de courage chassaient les peines, l’horreur de la guerre, les hommes de violences. Yvonne donnait ce sourire radieux, criant à la volée, « Un brin de muguet pour les camarades !».

Des usines de la Courneuve, il ne reste dans les rues que les cicatrices en traits blancs marquant de leur sillage les murs du capital qui chaque jour tue un enfant d’un coup de foudre des orages capitalistes s’abattant sur Terre. La retraite à jamais, et cet âge 65 ans, que les hommes de violences reprennent en chœur dans les chapelles d’argent, où l’eau meurt enfermée en signe de croix sur nos cœurs qui prient au détour des drames. Les consolations et manifestations, quand la fleur blanche à l’hiver perce les murs des élites en bourgeois se faisant roi. La France s’écroule toujours à compter  les rangs des traites courtisant le néo-libéralisme qui saccage sans remords  les luttes des vaillants soldats, les Va-nu-pieds des campagnes crevant de faim.

Pour un morceau de pain, je donne ma vie puisqu’elle n’est rien. Rien que le labeur, un salaire pour maigre nourriture , comptant la joie sur le bout des doigts avant que le chagrin prenne place. Les pauvres meurent sur le seuil des maisons ouvrières où de simples rideaux voilent la prison que les riches ont dressée au cœur de notre humanité et depuis ces siècles, ils regardent indifférents ces défilés du 1er mai, où le salaire est pour une vie donnée, déchirée, volée.

L’argent pour raison de vivre, les riches masquent leur misère humaine par leur fortune, achètent leur liberté à la puissance des corruptions, dissertent au Conseils des ministres, divisent leur haine, prennent des cabinets de Conseils pour façonner leur monde et à la fin, il ne restera que le sable, que l’oubli. Les puissants effacent la mémoire des guerrières, rompant les barreaux et ouvrant grand le chemin de la liberté pour les générations futures.

Revenir sur les chemins pavés de pauvreté, Emmanuel Macron dévoué à l’endoctrinement capitaliste ne crée pas une société nouvelle, il laboure les champs d’un 19ème siècle industriel, aux patrons enchaînant les plus fragiles, trahit les libertaires, et remet la peine à l’honneur. Les Français regardent ce monde qui s’en va. Alors, revenir vers ceux qui ont donné leur force pour vaincre l’épreuve, se faire la résistance et ils nous ont laissé en héritage, les droits humains. Ceux qu’Emmanuel Macron, sa cour, et le peuple aisé saccagent encore une fois. Demain, reprenant le flambeau des luttes, on dressera les tables dans la rue et on criera « Un brin de muguet pour les camarades ! »

À ce jour charmant, ce mois de mai , où la guerre en Ukraine peut faire craindre le pire,  Yvonne, ouvrière et résistante, cueille les roses pour les poser en un bouquet sur la table de la salle à manger offrant à la jeunesse une pétale en symbole de paix. Quand une société de violences martèle l’avenir à coups de désespoirs  contre notre humanité.  Mais, la paix voit en premier le jour, et ainsi,  Yvonne laissait sa porte ouverte, attendait chaque matin les jeunes partant pour le lycée et elle leur offrait son écoute bienveillante, son affection. Elle était ce rayon de soleil les jours gris, et ceux d’été aussi tombaient sous son charme. Et un, deux pas de valse, la cour de sa maison s’anime toujours de celle virevoltant dans les bals populaires.

Yvonne, quittant l’usine, partit seule découvrir le monde, apprit à conduire, fit le tour de France, et voyagea au-delà des mers. En solitaire, découvrant d’autres pays, cultures, elle se baladait dans les petites ruelles endormies des grandes villes à cinq heures du matin – La sonnerie de l’usine marqua toute sa vie de ce rythme de peu de sommeil, mais de tant de rêves. 

© Fédora Hélène

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