
Un séisme de magnitude de 5,1 a touché la Roumanie jeudi 3 novembre. À Bucarest, de nombreux bâtiments anciens et vétustes augmentent la vunérabilité de la population en cas de séisme majeur
Jeudi 3 novembre est survenu à 06 :50, heure de Bucarest, un tremblement de terre de magnitude de 5,1 à 5,5 en Roumanie dont l’épicentre se situe à 51 kilomètres nord-ouest de Buzau, Roumanie. Aucun blessé n’est à déplorer ni effondrement de bâtiments.
Des habitants de Bucarest ont pu être réveillés par la secousse, qui remet au centre des discussions les conditions de sécurité pour la population, notamment dans la capitale qui contient de nombreux bâtiments anciens, dont certains sont vétustes et présentes de précédentes fissures sismiques.
Un rapport d’évaluation des risques établi par le Comité municipal de Bucarest pour les situations d’urgence, alerte sur le fait qu’environ 23 000 immeubles à Bucarest pourraient être « gravement endommagés » au cours d’un tremblement de terre important, dont 1000 pourraient totalement s’effondrer.

L’énergie dégagée lors d’un séisme de plus d’un degré de magnitude peut comporter des risques considérables pour la sécurité des personnes, et provoquer des difficultés d’accès pour secourir la population.
Pour mesurer la puissance des séismes, des études prennent pour référence le séisme de magnitude 7 à Haïti le 12 janvier 2010. À partir de cette base, les équations démontrent que le séisme du Sichuan de mai 2008, de magnitude 7,9 est 22,4 fois plus énergétique que celui d’Haïti. Par cette mesure, le séisme du 27 février 2010 au Chili de magnitude 8,8 l’est 500 fois plus. Sans oublier le séisme record de 1960 au Chili de magnitude 9,5 qui a été 5600 fois plus énergétique que le séisme du 27 février 2010.
Ce qui démontre la dangerosité d’un séisme majeur s’il survenait en Roumanie, ainsi que la vulnérabilité de la population face au risque sismique.
Le séisme du 3 novembre se produisant en Roumanie, ressenti en Bulgarie près de la frontière et sur une partie de la Serbie, est une alerte rappelant l’urgence d’établir une sécurisation de la population, des plans de secours efficaces, des infrastructures d’accueil et de soins par une politique de santé renforçant les moyens de l’hôpital public et engageant des réformes innovantes et concrètes pour sauver un hôpital en détresse.
Par ailleurs, une rénovation des bâtiments de Bucarest semble être une nécessité première, ainsi que la réalisation des normes de sécurité lors de constructions, et d’aménagement des bâtiments anciens en prenant en compte le constat du rapport du Comité des situations d’urgence.

Celui-ci établit une estimation alarmante indiquant que près de 6 500 personnes pourraient être tuées et 16 000 pourraient être blessées lors d’un tremblement de terre de 1 à 2 degrés supérieur à celui se produisant le 3 novembre dernier.
L’augmentation de la population de Bucarest augmente le risque de personnes qui pourraient être touchées par un séisme, d’où l’importance d’une politique des risques efficace et sûre. Le rapport cité par G4 média, informe que Bucarest « concentre environ 10 % de la population du pays et plus de 15 % de la production industrielle », ainsi que des infrastructures administratives et politiques.
Concernant les industries, il s’agit d’évaluer les risques liés à l’industrie chimique et celles à risque élevé pour l’homme et l’environnement, ainsi que leurs moyens de sécurisation en cas de séisme.
Parmi les bâtiments à risque, le rapport indique qu’il est près de 400 immeubles comprenant au moins 8 étages construits entre 1925 et 1940 qui sont en état de grande fragilité en cas de séisme.
D’autre part, il est à prendre en considération les quelque 900 kilomètres de conduites en acier qui seraient menacées, ce qui mettrait en grande difficulté l’approvisionnement en eau potable et en moyen de chauffage.
Ce triste bilan n’épargne pas le métro qui pourrait alors subir des dommages importants.
Risque sismique et protection de la population : des solutions
Le gouvernement roumain lance un nouveau programme de consolidation antisismique
Lors d’une conférence de presse, le ministre du développement, des travaux publics et de l’administration, Attila Cseke, a informé que le gouvernement avait mis au point un nouveau programme d’investissements concernant le projet législatif sur les mesures relatives à la réduction des risques sismiques en Roumanie. Le ministre a rappelé que la Roumanie fait partie « des 10 premiers pays au monde en termes d’exposition aux tremblements de terre par zone bâtie ». Ce qui signifie, précise-t-il, que « les deux tiers de la surface de la Roumanie sont exposés à des risques sismiques à des degrés divers ».
Concernant le bâti, les données émanant du ministère du Développement, estiment qu’il est aujourd’hui, un total de 2 687 bâtiments en risque sismique 1et 2. C’est-à-dire à risque élevé. Sans omettre les bâtiments qui entre temps auraient subi des dégradations du fait de l’usure, et des conditions d’entretien du bien.

La classification des risques selon la législation roumaine établit un ordre de grandeur de 1 à 4. Le degré 1 étant le risque le plus élevé et le degré 4 le moins élevé. Évaluation faite pour les bâtiments neufs respectant les normes sismiques en vigueur.
La mairie de chaque département roumain et la mairie de Bucarest enregistrent les bâtiments selon leur risque sismique et le ministère roumain du Développement tient une liste au niveau national. Ainsi, le ministère inscrit sur une liste les bâtiments prioritaires dans le cadre de travaux de consolidation.
Un nouveau programme en remplacement de celui datant de 1994, et paraissant obsolète du fait également du changement climatique qui peut modifier les structures et fondations de différents bâtiments et par rapport aux nouvelles normes de sécurité en vigueur dans l’Union européenne.
Il s’agit de rénover également des bâtiments publics accueillant des services essentiels comme les écoles, les hôpitaux, et qui seront éligibles à la rénovation, a annoncé le ministre Attila Cseke. La pandémie de Covid-19 a révélé les défaillances importantes dans les politiques de santé, et l’état de vétusté de certaines structures de santé.
De plus, le centre historique de Bucarest devrait bénéficier d’une consolidation des bâtiments s’y trouvant qu’ils soient de bien privé ou public. Ce sont aussi de grands hôtels qui peuvent entrer dans le programme de rénovation aux normes antisismiques.
Le financement du programme de rénovation pourrait provenir du budget de l’État, du Plan National de Redressement et de Résilience (PNRR). Les fonds européens ouvrant des possibilités de développement et depuis le 10 octobre le ministère roumain des Fonds européens a lancé la campagne de communication intitulée : Banii europeni sunt pentru tine ! (L’argent européen est pour vous !) sur les propositions d’appels à projets dans divers domaines.
Le projet antisismique de l’ONG ARCEN
L’ONG ARCEN, Association Roumaine pour la culture, l’éducation et la normalité, a mis en place une initiative faisant partie du projet District 40, lancé en 2018, et visant la réhabilitation par la culture et l’éducation du quartier de Grandinii Icoanei, également appelée District 40. Une zone de Bucarest comprenant 209 bâtiments à risque sismique I, soit risque élevé.
Un projet en collaboration avec Re :Rise, association pour la réduction du risque sismique et élaborant des campagnes d’information des habitants, et mettant en lien par le dialogue les présidents d’associations, les propriétaires, les habitants et les commerçants du quartier. Il est aussi de faciliter le dialogue avec les institutions par notamment l’organisation d’évènements publics sur le thème de la vulnérabilité sismique. Collectivités, institutions publiques et entreprises privées sont invitées au dialogue.
Ce sont aussi des actions de prévention par des conseils pratiques visant à réduire la vulnérabilité des habitants face à un risque sismique, ainsi que le recueillement de données par l’expérience et les compétences de Re :Rise dans ce domaine.
Des réunions publiques ont lieu et il existe un guide de préparation au risque sismique pour chaque résident, ainsi que le kit de survie après-sismique.
Par ailleurs, dans le cadre du projet ACEN a été identifiés 176 bâtiments supplémentaires à la liste officielle de la mairie de Bucarest. Il s’agit d’immeubles de plus de 50 ans, sans expertise technique, et représentant des fissures sismiques.
Contribuer par la solidarité à informer, à protéger, à encourager la consolidation des bâtiments par le respect des normes antisismiques. Une rénovation essentielle et de grande ampleur doit faire de Bucarest une ville durable et sûre pour tous.
Fédora Hélène

Copyright © LiberTerra 2022 – Tous droits réservés – Tous droits de production et de diffusion réservés