Concours de plaidories – Le flambeau est magnifiquement porté par des jeunes venus plaider pour les droits de l’homme

© photo LiberTerra

Les droits de l’homme ont trouvé une voix sincère, celle des élèves avocats plaidant pour un monde juste, équitableL’avenir en lumière est celui de la justice en don de paix

Le Mémorial de Caen a accueilli samedi 11 mars, le concours de plaidoiries des élèves avocats sur le thème des droits de l’homme.

Ce sont 11 élèves avocats sélectionnés qui ont pu démontrer leur talent pour défendre la liberté par ce vital, les droits humains, qui sont cette flamme sur laquelle nous devons toujours veiller.

Bafoués chaque jour à travers le monde, les droits de l’homme ont besoin que chacun d’entre nous soit une voix, ce rayon d’ espérance traversant les frontières, ce jour se levant luttant avec cette patience tenace d’être à nouveau demain, combattant, brisant le silence intenable, le silence de la souffrance, de celles et ceux qui n’ont que leur regard pour crier au monde, liberté ! 

Les corps immobiles emprisonnés entre quatre murs, ses filles et femmes d’ Afghanistan, marchant quelques mètres entre le lit et la table, dessinant les rêves d’un trait imaginaire, le mur peint sans traces, ce dessin vu, son symbole lu à haute voix à travers la planète par les défenseurs des droits de l’homme rapportant la parole des femmes contraintes au silence, les absentes, que les talibans veulent effacer. Elles sont là, parmi nous leur combat, une voix s’élève pour elle, leur avocate.

© LiberTerra photo – Camille Laheurte

Camille Laheurte plaide leur cause, celle d’Amina qui rêve « de devenir médecin, ingénieur, et pourquoi pas astronaute ? ». Amina est une de ces filles interdites d’aller à l’ école, elles pourraient tout devenir si le savoir leur était autorisé.

 « Et, pourquoi pas astronaute ? « , la plaidoirie de Camille Laheurte défend le droit à l’éducation, le droit de réaliser ses choix, le droit pour « toutes et tous » d’apprendre, d’accéder à un avenir heureux, de devenir un adulte autonome.

« Les connaissances refusées », la porte de l’école fermée aux filles, les ordres des talibans imposent aux filles et aux femmes, « l’enfer ». Elles sont effacées de la société, n’ont pas d’autres choix que de devenir une épouse, une mère et se sont les mariages forcés pour des filles, c’est la pauvreté extrême qui peut impacter toute une vie et interdire à jamais aux filles d’Afghanistan de vivre. Elles survivent entre quatre murs, ces murs contre la liberté.

« Pourquoi empêcher les filles d’étudier ? » interroge Camille Laheurte. « Parce que le 15 août 2021, les talibans, fondamentalistes islamistes reprennent le pouvoir en Afghanistan. Ils fondent un gouvernement uniquement composé d’hommes qui appliquent strictement la loi de la charia », expose-t-elle, ajoutant, « À ce triste, les femmes ne sont rien, n’ont rien le droit de faire ».

Les femmes interdites de paraître, d’être dans la société, de prendre des décisions, de participer au pouvoir.

« Pourquoi », les talibans agissent-ils avec une telle violence envers les femmes, « Parce que les femmes qui réfléchissent sont dangereuses. Parce que réfléchir amène à douter, parce que le doute est le début de la remise en cause d’un système », plaide Camille Laheurte.

Des femmes en Afghanistan manifestent avec courage face aux talibans pouvant tirer à balles réelles, alors que sans armes, elles marchent en tenant des pancartes et disant ce slogan « Pain, travail, liberté ! », souligne dans sa plaidoirie Camille Laheurte.

« Toutes ces femmes, toutes ces filles sont là, comme Amina, elles attendent sans pouvoir rien dire », « le silence dans lequel elles vivent est intolérable, doit nous être intolérable », exprime Camille Laheurte qui exhorte chacun de nous d’être la voix de ces filles et de ces femmes d’Afghanistan. « Soyons leur voix, soyons leurs espoirs, portons ce combat ».

Ce combat pour la liberté, pour le respect des droits de l’homme et que nous ne pouvons pas vivre avec sincérité, si nous sommes ce silence assommant les droits de l’homme, la liberté.

Camille Laheurte, école des avocats de Lille, porte les espoirs de ces filles et femmes d’Afghanistan devant le public du Concours de plaidoiries des élèves avocats et remporte le 3ème prix.

© LiberTerra photo – Jules Mackowski

Jules Mackowski, école des avocats de Versailles, défend une enfant, Anita Licho Mbise, une petite fille de quatre ans décédée après avoir subi une excision. Jules Mackowski a vécu plusieurs mois au nord de la Tanzanie, région où de nombreuses filles sont mutilées. Il a rencontré des jeunes filles ayant subi une excision, a été confronté au silence imposé par les systèmes sociétaux. Un silence imposant une douleur supplémentaire aux femmes subissant une mutilation génitale.

Selon l’ONU, dans le monde ce sont au moins 200 millions de femmes qui subissent des mutilations génitales féminines. Une violence extrême qui peut tuer. Anita, âgée de 4 ans est décédée des conséquences de l’excision qu’elle a subi « dans une souffrance innommable ». Anita est partie dans une « indifférence indicible ». « Pays de silence », « Les violations des droits humains gangrènent la Tanzanie », a souligné Jules Mackowski dans sa présentation.

Jules Mackowski a porté dans sa plaidoirie la souffrance de ces filles, par les mots sincères, il a confié au public la lecture de sa mémoire, devenant notre mémoire collective. Il nous donne son témoignage, celui qui s’unit aux victimes, vies innocentes profondément blessées. Il plaide pour que la lutte contre les violations des droits humains ne s’arrête pas, mais s’amplifie, alerte les gouvernements, demande à la justice de protéger les filles. Plaider autant que cela sera nécessaire pour l’éradication des mutilations génitales féminines.

La cruauté anéantie, voir un jour l’espoir réalisé, les cultures et traditions ne transmettant plus jamais ce qui tue une enfant de 4 ans dans ce silence devenant une arme contre notre humanité, quand à travers le monde, les droits humains des enfants sont gravement bafoués.

Jules Mackowski a obtenu la 2ème place au concours de plaidoiries des élèves avocats.

© LiberTerra photo – Marjolaine Yger

La première place revient à Marjolaine Yger, école des avocats de Rennes, pour sa plaidoirie intitulée, « Jusqu’à ce que nous les trouvions ».

Le silence revient comme arme privilégiée des injustices. Faire taire, effacer, supprimer définitivement, chassant la mémoire de celles et ceux disparus, assassinés, brisés, blessés dans tout leur être par la violence extrême. C’est ce que signifie les violations des droits de l’homme, détruire.

Des femmes au silence, ces mères qui se battent avec force et abnégation jusqu’au bout, donnant leur vie pour la vérité, pour sauver leur enfant assassiné, par cet espoir de la mémoire, de ne pas laisser à l’anéantissement, comme si la vie n’avait jamais été. Elle disparaît. Il n’est plus rien, sauf ce qui est l’essentiel, l’essence même de l’existence de ces femmes, leur enfant qu’elles cherchent inlassablement.

La vie de leur enfant volée, ces disparitions forcées, ces assassinats, ce fils tué, comme sont menacés des proches. Au Mexique, « les disparitions forcées se multiplient », explique Marjolaine Yger, « et sont directement liées à la collusion entre les pouvoirs publics et les cartels de la drogue ».

L’assassinat d’une « mère chercheuse » a profondément touché Marjolaine Yger alors qu’elle était lycéenne. « Un profond sentiment d’injustices », le besoin de « mettre en lumière ces pratiques criminelles ». 

Les « Madres Buscadoras » creusent inlassablement la terre, repoussent la poussière, jour et nuit, pour chercher leur enfant disparu. Le Mexique compte plus de 100 000 disparus en 2022, « Le fléau des disparitions est une tragédie humaine aux proportions énormes », a exprimé Michelle Bachelet, Haute-Commissaire des Nations Unies.

Des disparitions remontent à 1964 et selon une étude des données, près d’un quart des personnes disparues sont des femmes, et un cinquième des disparus-es avaient moins de 18 ans lors de leur disparition.

Le HCDH a informé que seulement 35 personnes disparues ont vu les auteurs de ces faits criminels être condamnés. Rosario Ibarra de Piedra, combattant pour les droits de l’homme, figure des « mères chercheuses », son fils Jesus Piedra Ibarra victime d’une disparition forcée en 1975 à l’âge de 19 ans, a permis de retrouver vivantes environ 150 personnes disparues. Décédée en avril 2022, sa force de femme et mère, son courage au cœur, la perte de son enfant, cette peine inconsolable, elle l’a dédié au combat pour les droits de l’homme, pour la lutte des libertés politiques et sociales.

C’est la voix des « mères-courage » que Marjolaine Yger a brillamment porté, unissant sa voix aux mères repoussant le désespoir pour retrouver leur enfant, « un enfant qui n’est ni vivant, ni mort, juste absent », exprime-t-elle. « le deuil impossible »,  l’atroce de la violence criminelle , « les souffrances incommensurables ». Une mère ayant peur pour son enfant, peur de le perdre, le cœur en peine, les larmes à son visage, retenant leur souffle, et devant elles, ce mur blanc, et puis le visage de leur enfant se dessinant éternellement. 

Leur enfant qu’elles attendent avec douceur et confiance, cette lumière brisant la pire angoisse, et l’obscurité des hommes basculant dans le crime, elles attendent de serrer fort contre elle, leur enfant. L’espoir encore, quand le drame est sans appel, que leur enfant est décédé, lui rendre hommage, lui rendre sa dignité et pouvoir lui donner une sépulture, être en deuil. Mais, les recherches peuvent s’arrêter avant que leur enfant ne soit retrouvé. Cet enfant disparu à jamais, ce deuil impossible pour une mère, il est de ne jamais les oublier, de savoir que la vie est fragile et si forte, que son refuge est l’amour d’une mère, que son refuge est notre humanité faisant le vœu de bâtir l’universalité de la paix – briser à jamais le silence pour réaliser l’espoir.

Le deuil interminable, ces jours perdus sans cet être cher, cet enfant aimé. Une mère a peur, dépasse, creuse la terre, et espère que « les outils juridiques » ignorés par « les autorités locales », malgré leur haute qualité, mettent fin un jour, au calvaire. Des lois au Mexique qui depuis 2017 tentent de mettre fin aux disparitions forcées.

« Au Mexique, l’espoir te tient autant qu’il te tue », a plaidé Marjolaine Yger. « Assassinée pour avoir trop cherché, assassinée pour avoir défendu sa quête de vérité, c’est de cette manière que le combat de Rosario Lilian Rodriguez Barraza pour retrouver son fils, a pris fin l’été dernier ».

Mères chercheuses, « des mères qui ne vont plus chercher leur enfant à l’école, mais dans le désert munies de pelles et de pioches, elles creusent désespérément pour trouver les trésors que par le passé elles ont mis au monde ».  Marjolaine Yger.

Être la voix des silences

© LiberTerra photo

Le silence ne doit plus être, l’obscurité ne peut être dissipée que par la volonté sincère, ressentir la vie pour combattre les injustices, lui offrir la force des actes émanant du cœur. Elle fera tomber le silence, cet état de choc qu’impose la violence. Puis, ce silence en arme des oppresseurs couvrant des pouvoirs politiques revêtant les apparences de la vertu, quand maltraiter est le langage envers le peuple.

Des filles, des femmes, des mères martyrisées dans un silence lourd abattant les conventions internationales luttant pour un monde plus juste, les traités de paix reniés, les barbelés écorchant le corps de réfugiés près à donner leur vie pour trouver un refuge, la liberté.

2023, le silence des grandes souffrances, le rire des enfants disparus sous le feu des bombardements, des conflits armés, du Sahel à l’Ukraine, les regards enfantins fixent le ciel bleu et attendent qu’un ange y pose ce nuage blanc, la paix ne touchant plus terre pour qu’aucun homme ne la blesse, et gardant des femmes, des filles, des garçons à l’abri de la folie des hommes. La haine qu’ils ont apprise et nos cultures se sont bâties en posant une à une les pierres de silence, à chaque guerre, à chaque abandon de la solidarité, à chaque drame où un père oublie son enfant, abandonne, trahit le plus précieux, une mère cherche le nom de ce qui a saccagé la sérénité, cette lueur éclairant doucement les maisons, faisant du foyer la première paix, le premier lieu où les droits humains devraient être respectés, ce refuge pour l’intime.

Mais des hommes ont cassé la porte ouvrant sur les possibilités, les promesses d’avenir fécond. Ils ont semé la misère, enfermant des femmes et des filles, séparant l’humanité en une perpétuelle dualité. La femme et l’homme, tous deux sont des êtres humains, sont vivants et pourtant, il est debout dans la pièce cet homme qui ne verra rien de la beauté et qui d’un cri de rage tue l’humain en maltraitant une femme.

Au-dehors, dans les rues, les systèmes seront toujours cette veine reliant l’homme à la violence qu’il a apprise des guerres surgissant ainsi dans l’incompréhensible de détruire, quand nous savons aimer.

Richard Malka, avocat et président du jury a confié aux élèves avocats ce don de plaider avec sincérité, d’y mettre son cœur et ses tripes. Défendre la vie d’autrui, la liberté qui est la mère des droits de l’homme, pouvoir dire, être la voix du silence , c’est un privilège. Il mérite le meilleur et aussi la joie, car c’est la vie qui doit triompher et elle paraît à travers des milliers de noms, de victimes de violences à la dimension d’un foyer, d’un régime autoritaire, d’organisations criminelles, de systèmes politiques, sociétaux, la violence est la violence. Elle n’a d’autres définitions que celle de la cruauté, incompréhensible, créant le désespoir. Et, les voix s’élevant des silences forment plus que l’espoir se nichant comme une lueur au creux des souffrances, la réalité par nos actes pour anéantir la violence, pour anéantir ce qui brise le cœur, le cœur d’une mère, la liberté. 

Fédora Hélène

Richard Malka – Avocat – Président du jury

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