
Urgence – La nécessité de la paix.
J’ai pu rencontrer de jeunes soudanais réfugiés en France et attendant de pouvoir passer la frontière de la mer pour rejoindre le Royaume Uni. Ce sont des rencontres qui invitent à écouter. Et, en réalité le reportage, les interviews sont cette écoute pleine et entière, dans un esprit de sincérité et de partage. Écouter la parole de l’autre et ses silences. Écouter par un dialogue de confiance et de savoir apprendre. Et, souvent ceux s’opposant à l’écoute observent une attitude de retrait, de non-réponse, ou se contentent de celle de circonstance, celle qui ferme la porte. Or notre humanité est un dialogue car elle est un mouvement et les ruptures, les propos en rapports de force constants, en menaces vers l’autre provoquent invariablement un mouvement de violence se traduisant par des catastrophes humanitaires.
Aujourd’hui, le Soudan est pris dans le piège d’un conflit armé faisant des victimes civiles et jeudi 20 avril, Antonio Guterres, Chef de l’ONU a appelé à un cessez-le-feu immédiat de 3 jours pour les fêtes de l’Aïd pour permettre aux « civils piégés dans les zones de conflit de s’échapper et de se faire soigner, de recevoir de la nourriture « , soulignant que tous les efforts seront pour aboutir à un cessez-le-feu complet.
Je voudrais qu’ici en France, on revienne au respect absolu des droits humains fondamentaux, pour la protection des migrants et réfugiés pour œuvrer durablement pour la paix bien au-delà de nos frontières. Ce mouvement en actes concrets est bénéfique pour instaurer la force de la paix face à la toxicité de la géopolitique et renverser la donne avec des points d’ancrage de confiance, surtout dans le contexte des menaces nucléaires renouvelées par la Russie.
Notre pays doit être la voix de la paix. Aimer son pays, c’est lui donner cette chance par des efforts en actes concrets.
Soudan – La paix brisée à bout portant
Antonio Guterres, Chef de l’ONU a déclaré lors d’une conférence de presse jeudi 20 avril, « Je me suis personnellement engagé à faire tout mon possible pour que la sécession des hostilités. Laquelle doit être suivie d’un dialogue sérieux permettant une transition réussie à partir de la nomination d’un gouvernement civil ». Le Chef de l’ONU se dit très préoccupé par le risque d’escalade, alors que les civils subissent une situation humanitaire catastrophique, et que des centaines de civils ont été tués et blessés lors d’affrontements particulièrement dangereux dans les zones urbaines.
Le Directeur de l’OMS a condamné « toute perte de vie » à cause de l’embrasement du conflit au Soudan, ajoutant lors d’une conférence de presse, « nous sommes solidaires avec nos frères et sœurs du Soudan ». L’OMS a enregistré au 18 avril le dramatique bilan de 270 personnes tuées et plus de 2 600 blessés. Par ailleurs, trois employés du Programme Alimentaire Mondial (PAM) ont été tués.
Une insécurité grave entrave l’aide humanitaire et l’OMS a été contrainte de limiter les déplacements pour cette raison. D’autre part, les soignants, ainsi que les ambulances rencontrent de grandes difficultés pour rejoindre les centres de soins, ce qui met davantage de vies en danger.
Soudan – Hôpitaux en grande détresse à Khartoum et au Darfour
L’OMS indique que les combats les plus violents se situent à Khartoum, et que les hôpitaux de la ville ont signalé une pénurie de personnel médical, ainsi que de médicaments, de fournitures médicales vitales.
Chaque jour, le nombre de personnes blessées augmente et l’accueil des patients est extrêmement difficile à gérer du fait de la crise qui sévit dans le domaine de la santé et qui impacte tous les services nécessaires au fonctionnement d’un hôpital qui aujourd’hui manque de tout. Ce sont des pénuries de carburant pour les générateurs des hôpitaux, comme ils souffrent de coupure d’électricité, d’eau. Ce sont aussi des pénuries de sang, de matériel de transfusion, de liquides intraveineux et d’autres produits vitaux.
Les établissements de santé subissent également des pillages, sont occupés par des forces militaires. Les conséquences sont dramatiques pour les patients qui ont besoin en urgence de soins, des hôpitaux ferment à la suite d’attaques et par manque de tout. L’OMS signale que des hôpitaux ont déjà fermé, et que d’autres sont sur le point de faire de même.
Les centres de soins sont pris pour cible, ainsi que le personnel soignant qui ne peut travailler en sécurité et l’OMS rappelle que les services de soins sont primordiaux pour sauver la vie de personnes démunies et se trouvant victimes civiles du conflit.
Le Directeur de l’OMS a déclaré, « Je veux être très clair, toutes les parties doivent garantir un accès illimité et sûr aux établissements de santé pour les personnes blessées et toute personne ayant besoin de soins médicaux ». Les équipes de l’OMS restent présentes sur le terrain en collaboration avec les partenaires et les autorités sanitaires. Une situation épouvantable accable les civils, des femmes et des enfants en souffrance, traumatisés, leurs droits humains bafoués.
Le Directeur régional de l’OMS pour la Méditerranée orientale, Dr Ahmed Al-Mandhari, a informé de la situation dramatique qui éreinte les centres de soins et le personnel soignant subissant des attaques incessantes en violation avec le droit international. Ce sont des actes de violences multiples, comme des frappes militaires sur les centres de soins, le détournement d’ambulances, même si des patients et des ambulanciers se trouvent à l’intérieur.
Au 18 avril, l’OMS a annoncé que 16 hôpitaux, dont 9 à Khartoum, seraient dans l’impossibilité de fonctionner en raison d’attaques. Par ailleurs, 16 hôpitaux à Khartoum et se situant dans d’autres états, ainsi qu’au Darfour pourraient être amenés à fermer pour manque de personnel, de matériel médical essentiel, de médicaments.
La guerre de la faim
Le Soudan du Sud souffre d’une grave crise alimentaire et en juin 2022, le PAM a informé que 1,7 million de personnes risquent de mourir de faim et qu’il était un manque criant de moyens financiers pour répondre à l’urgence de la faim et sauver des vies. Les opérations du PAM ont été momentanément suspendues alors que sévit une grave crise alimentaire au cœur d’un déséquilibre climatique, de conflits et que plus de 60 % de la population était déjà en insécurité alimentaire grave.
Les sécheresses, les inondations, la guerre en Ukraine provoquant une flambée des prix des denrées alimentaires, et l’approvisionnement des produits alimentaires, comme cela se produit dans le monde entier, ont accablé les populations vulnérables, ont multiplié les facteurs risques pour les civils, dont les enfants exposés au conflit.
En juin 2022, le PAM a lancé un appel aux dons de toute urgence pour atteindre 426 millions de dollars manquant pour répondre aux besoins alimentaires de 6 millions de personnes. La situation est tellement critique, le manque de moyens financiers dont souffre le PAM, a conduit en 2021, la réduction de moitié des rations alimentaires. Des familles en grande détresse alimentaire, et ce seront aussi 178 000 écoliers privés d’un repas scolaire quotidien, souvent seul repas de la journée.
En 2023, ce sont 15,8 millions de personnes qui sont en situation d’insécurité alimentaire au Soudan, alerte le PAM. Il est la conjugaison des crises qui sont les maillons de la même chaîne et l’aggravation de l’une d’entre elles provoque un choc humanitaire immédiat.
La paix sauve des vies – Le monde a besoin d’elle pour vivre
La paix est seule capable de sauver efficacement des vies en rétablissant les possibilités d’accès aux soins, à l’aide humanitaire. Elle permet également la possibilité de déployer tous les efforts pour arriver au respect absolu des droits humains, du droit de vivre à travers le monde entier. Il est aussi à prendre en compte l’urgence climatique et les chocs climatiques seront d’autant plus redoutables pour les populations en grande vulnérabilité, les politiques pour le climat étant rompues en plein conflit.
Notre monde est aux prises d’un bouleversement planétaire majeur qui entraîne la multitude des guerres, l’accélération des crises mondiales, l’aggravation des conflits à travers la planète. Les dirigeants doivent en urgence œuvrer pour la paix en établissant une profonde refonte de nos systèmes économiques, mais aussi géopolitiques. Partout dans le monde, les politiques doivent prendre soin des plus vulnérables, et établir des politiques d’accueil, de construction nouvelle du partage des territoires car il est déjà l’augmentation des déplacés internes et hors frontières. Des populations contraintes de fuir pour sauver leur vie. Il est urgent de protéger les enfants aujourd’hui, et leur garantir des futurs durables, une Terre viable.
Le conflit en Ukraine risque de s’aggraver d’ici cet été et les conséquences pourraient être pour le monde entier. La situation est déjà à un niveau très élevé d’insécurité pour les plus fragiles, populations subissant des conflits armés, et les populations subissant une crise démocratique forte au sein de leur pays, avec le poids des crises mondiales s’imposant.
La communauté internationale doit plus que jamais être solidaire et partager les possibilités, connaissances, moyens pour faire de l’espoir de la résilience en réalité.
Des défis colossaux et la jeunesse représente un leadership de première importance. Son courage, investissement pour la cause climatique, humanitaire et pour la paix, son engagement pour créer une société juste, équitable sont des éléments précieux pour tous et il est d’encourager les dirigeants à écouter et à inviter les jeunes à prendre part aux décisions qui engagent leur avenir. Ils ne peuvent être exclus de ce qui construit leur société.
De même, les populations ne peuvent être laissées sur le bord de la route et doivent participer au pouvoir décidant de l’avenir de tous. Chacun est engagé alors que se déroule un profond bouleversement civilisationnel et chaque vie en est impactée. Personne ne peut être abandonné, et ainsi que le Chef de l’OMS l’a également évoqué, nous sommes cette terre de frères et de sœurs et au Soudan, c’est notre humanité qui est blessée.
Fédora Hélène

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