Dossier – Journée mondiale de la liberté de la presse – Journalisme, la voix des droits humains au cœur de nos sociétés

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Clip – Liberté de la presse by LiberTerra

Vidéo ©️ LiberTerra

La Journée mondiale de la liberté de presse 2023 est sur le thème : «Façonner un avenir des droits : La liberté d’expression, clé de voûte des droits humains»

Journalisme, voix libre pour un monde libre

Photo ©️ Unesco / Joel Sheakoski

L’UNESCO a célébré le 3 mai, le 30 ème anniversaire de la Journée mondiale de la liberté de la presse qui a été proclamée par l’Assemblée générale des Nations Unies en 1993 pour répondre à une recommandation adoptée lors de la Conférence générale de l’UNESCO en 1991.

Le journalisme, une vocation, un métier qui prend sa source au cœur de la Déclaration universelle des droits de l’homme, ce que l’appel lancé par des journalistes africains en 1991 et publiant la Déclaration de Windhoek dit en soulignant que l’information est un bien commun.

La Déclaration de Windhoek est le moteur de la Journée mondiale de la liberté de presse visant à protéger et à promouvoir la liberté d’expression, les médias libres, indépendants, pluriels dans leur diversité d’expression, et l’accès à l’information sur tous les continents.

La liberté de presse s’inscrit dans l’article 19 de la Déclaration universelle des droits de l’homme qui stipule que : « Tout individu a droit à la liberté d’opinion et d’expression, ce qui implique le droit de ne pas être inquiété pour ses opinions et celui de chercher, de recevoir et de répandre, sans considération de frontière, les informations, les informations et les idées par quelque moyen d’expression que ce soit ».

Photo UNESCO / Joel Sheakoski

Le journalisme, expression de la liberté, témoin pour être la voix des plus vulnérables, transmettre l’information par la force de la sincérité, la volonté de la vérité, être au-delà des frontières un lien des uns aux autres pour défendre les droits humains fondamentaux, pour protéger les plus fragiles, la nature, lutter pour l’égalité des genres, favoriser la solidarité, pour aimer la liberté et savoir qu’elle demande tous nos efforts.

Un monde nouveau voulant le renforcement de la démocratie, bannir les inégalités, la pauvreté, réaliser l’égalité des genres, renforcer la protection de la nature, le journalisme participe à la réalisation des objectifs de développement durable, trouver ensemble des solutions pour un changement profond et concret de nos systèmes.

Journalisme en danger, liberté menacée

Participer au bien commun ne devrait pas représenter un danger, et pourtant des journalistes prennent des risques pour informer, pour donner vie à leur vocation. Un métier prenant sa source en notre humanité, prenant tout son sens quand il est exercé avec cœur. Plus les journalistes sont investis dans leur métier, plus ils prennent le risque de subir des violences. Personne ne devrait être menacé car il exerce son métier. Nuire à la liberté de presse, c’est interdire à tous le droit d’être informé, le droit de connaître la vérité, le droit de participer aux pouvoirs, d’avoir un regard éclairé et critique.

Par ailleurs, il est aussi l’entrave à la liberté d’expression par les pressions économiques. L’ONU et l’UNESCO s’inquiètent de nombreuses fermetures de médias faute de moyens financiers. Or, la démocratie est en bonne santé lorsqu’il y a des médias diversifiés, indépendants, libres et pluriels.

Les médias indépendants sont toujours plus confrontés aux inégalités économiques s’imposant contre la liberté d’expression et les gouvernements devraient s’engager pour promouvoir et soutenir l’entrepreneuriat des journalistes, les investissements publics, privés, philanthropiques pour les médias.

Parfois, des intérêts politiques entravent la pérennisation de médias et in fine censurent la liberté de presse par des systèmes faisant de l’argent le moteur de la société.

Photo ©️ UNESCO/ Joel Sheakoski

Le journalisme fait face à diverses menaces pour sa liberté

En 2021, les participants à la Conférence internationale de la Journée mondiale de la liberté de la presse ont souligné leur inquiétude pour la liberté de la presse. Ils se sont alarmés pour la sécurité des journalistes lorsqu’à travers le monde persistent des assassinats, des arrestations, des détentions arbitraires, du harcèlement en ligne ou hors ligne envers les femmes journalistes, des attaques, menaces, intimidations. Des régimes autoritaires, des organisations extrémistes, ou des personnes font régner un climat de peur à l’encontre des journalistes.

Les participants ont aussi souligné que des politiques autoritaires pouvaient provoquer des perturbations sur les réseaux Internet, des coupures de réseaux surtout lors de mouvements de contestation et d’élections. C’est une atteinte au droit d’informer alors que la majorité des médias travaillent sur internet, sont diffusés sur des plateformes numériques.

Le moyen de limiter la liberté de presse, c’est aussi en exerçant une emprise économique et politique contre les journalistes. Nombreux journalistes indépendants rencontrent des difficultés financières, ne peuvent vivre de leur métier, des médias indépendants sont contraints d’arrêter par pression des pouvoirs politiques qui sont aussi des systèmes économiques.

Une presse libre frappée par la crise économique, confrontée aux politiques sécuritaires, aux fortes inégalités. Le poids économique menace l’indépendance de la presse. Le journalisme ne doit pas devenir un produit répondant à un besoin du système, et diffusant de la propagande.

La guerre en Ukraine, les conflits armés, des régimes autoritaires comme en Russie, révèlent le poids de la désinformation, de la propagande, des menaces pesant sur les journalistes indépendants, sur des médias libres, et pour les correspondants étrangers, reporters de guerre.

Des journalistes en danger quand la démocratie est menacée. Ainsi, des lois sécuritaires, antiterroristes peuvent être détournées pour museler l’information, menacer, poursuivre des journalistes et procéder à des arrestations, gardes à vue, détentions arbitraires. Une violence politique que subissent aussi des défenseurs des droits humains, des manifestants, des opposants politiques, ceux qui défendent la liberté, les droits humains fondamentaux.

Photo ©️ UNESCO/Joel Sheakoski



Liberté de la presse sous emprise économique

La Conférence sur la liberté de la presse de 2021 a rappelé que la grave crise économique « menace l’existence des médias d’information indépendants dans le monde entier ». Il a été aussi souligné que « la viabilité économique des médias libres est une condition essentielle de leur indépendance ».

Le paragraphe 2 de la Déclaration de Windhoek de 1991 déclare que, « Par presse indépendante doit s’entendre une presse sur laquelle le pouvoir public n’exerce ni emprise politique ou contrôle du matériel et des équipements nécessaires à la production et à la diffusion de journaux, magazines et périodiques ». Pourtant, la contrainte économique entrave considérablement les libertés, les droits humains fondamentaux, dont la liberté d’expression, et impacte directement le journalisme libre qui ne bénéficie pas de financements élevés, comme les médias appartenant à des milliardaires.

La liberté d’expression, la liberté de presse, des médias indépendants étant un bien commun émanant de l’esprit humain qui est le bien commun à notre humanité, autant que les artistes peuvent être menacés car la créativité est une liberté, l’expression de notre imagination, de nos possibilités d’émancipation, de savoir fonder une civilisation à la source de toute chose donnant priorité aux vivants, la liberté.

Les systèmes dominants s’opposent à la liberté puisqu’ils définissent le verbe posséder comme être propriétaire du bien commun, alors que posséder signifie avoir la connaissance pour protéger la paix et la liberté.

Un culture des maltraitances émanant des systèmes qui s’attaquent en premier aux femmes journalistes, et la Journée mondiale de la liberté de presse met l’accent depuis plusieurs années sur la protection des femmes journalistes et demande un engagement international des gouvernements, « une attention particulière prêtée aux femmes journalistes ».

Photo ©️ UNESCO/ Joel Sheakoski

Toute la société doit s’engager pour la liberté de la presse

Les gouvernements peuvent s’engager pour améliorer la sécurité des journalistes, pour créer un environnement favorable à la liberté d’expression, donner des garanties internationales de ces droits, « y compris des médias libres, indépendants et pluralistes ». Les gouvernements doivent également s’engager dans des mesures pour l’entrepreneuriat des journalistes, « garantir l’investissement dans le journalisme, l’emploi, en respectant l’égalité des genres et en favorisant des conditions de travail décentes », a souligné la Conférence en 2021.

Les médias indépendants participent à la vie démocratique, les étouffer, les mettre sous une emprise économique et politique, c’est dégrader la démocratie pour tous. La bonne santé d’un pays se mesure à son respect pour les droits humains fondamentaux et la presse est un des cœurs essentiels, ce cœur vital pour la liberté.

Photo ©️ UNESCO/ Joel Sheakoski

Démocratie, une source vivifiante pour les droits humains

Photo ©️ UNESCO/ Joel Sheakoski


Inquiétante hausse des violences – Journalistes menacés, assassinés

En 2022, 86 journalistes ont été tués dans le monde, soit un journaliste tous les 4 jours, selon l’UNESCO. Un bilan en hausse de 50 % par rapport aux années de 2019 à 2021. « Les autorités doivent redoubler d’efforts pour mettre fin à ces crimes et veiller à ce que les auteurs soient condamnés, car l’indifférence est un facteur important de ce climat de violence », a souligné Audrey Azoulay.

L’indifférence envers les violences faites aux journalistes, augmentent les risques, comme elle fait l’impunité des auteurs.

D’autre part, Mme Azoulay souligne qu’en 2022 «trois quarts des journalistes tués, l’ont été hors des zones de conflit, souvent à leur domicile, souvent devant leur famille». Ce sont aussi des centaines de journalistes qui sont harcelés, attaqués, et pouvant être emprisonnés pour l’unique fait de faire leur travail.

Reporters sans frontières (RSF) a enregistré en 2022 : 533 journalistes en détention. Une augmentation de 13,4 % par rapport à 2021. Un bilan qui n’a jamais enregistré autant de femmes journalistes emprisonnées. Elles sont 78 à subir un emprisonnement, soit une hausse de 30 % par rapport à 2021. Parmi les journalistes détenus, les femmes représentent près de 15 %, quand il y a 5 ans, ce chiffre était de – 7 %.

La Chine compte 110 journalistes détenus, selon RSF. Le pays applique une surveillance et censure extrêmes, et détient au monde le record de journalistes incarcérés.

La République islamiste d’Iran a enregistré en 2022, 47 journalistes détenus, et devient le 3ème pays où des journalistes sont en prison, selon RSF. Christophe Deloire, secrétaire général de RSF a alors déclaré, «Les régimes dictatoriaux et autoritaires effectuent un remplissage accéléré de leurs prisons en incarcérant des journalistes. Ce nouveau record du nombre de journalistes détenus confirme l’impérieuse et urgente nécessité de résister à ces pouvoirs sans scrupules et d’exercer notre solidarité active avec tous ceux qui portent l’idéal de liberté, d’indépendance et de pluralisme de l’information».

«C’est inacceptable et nous pensons aujourd’hui à chacun d’entre eux » déclare Audrey Azoulay. L’impunité des crimes envers les journalistes, des violences qu’ils subissent, « envoie un message mortifère et persistant», ajoute-t-elle.

«La sécurité des journalistes, c’est l’affaire de la société tout entière», dit Audrey Azoulay.

L’UNESCO rappelle les actions menées pour permettre aux journalistes de travailler sur des territoires en guerre. En Ukraine, l’UNESCO a fourni aux journalistes des équipements de protection, des formations et des lieux pour travailler en sécurité.


Des actions ont aussi été menées en Afghanistan pour soutenir, en partenariat avec l’Union européenne, 12 organisations de médias et pour aider des femmes journalistes afghanes à pouvoir continuer d’exercer leur métier. Aujourd’hui, en Afghanistan, 90% des femmes journalistes sont privées de leur métier.

Pour que la sécurité des journalistes soit plus performante, l’UNESCO forme des professionnels de justice, et ce sont plus de 25 000 magistrats et 11 000 personnels de justice qui ont été formés en 10 ans dans 150 pays.

Par ailleurs, en 2020, l’UNESCO a lancé en collaboration avec l’association internationale des procureurs un cours en ligne pour former des procureurs, ce qui a permis à 1 500 procureurs dans 90 pays de recevoir une formation.

Se former aux nouvelles menaces subies par les journalistes par le biais du numérique. En 2021, un rapport de l’UNESCO a identifié que 3 femmes journalistes sur 4 ont été victimes de harcèlement en ligne.

photo ©️ UNESCO / Joel Sheakoski

Le journalisme est issu des droits humains, il est leur voix

Antonio Guterres a déclaré pour ce 30ème anniversaire «Toutes nos libertés dépendent de cette liberté. La liberté de presse est la base pour la démocratie», ajoutant que le journalisme, «est nécessaire pour former les opinions et pour parler avec force au pouvoir».

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Journalisme – défendre les droits humains, « parler avec force au pouvoir »


Les journalistes ne doivent pas s’auto-censurer pour être assurés de pouvoir continuer à travailler, pour ne pas être menacés, intimidés, attaqués. Et, l’information doit circuler avec transparence et ne pas être accessible qu’à une minorité.

L’opacité de gouvernements, restreindre l’accès à l’information, c’est instaurer des politiques séparant la fraternité, et tirant leur puissance par l’affaiblissement des droits humains qui se traduit par une presse indépendante en grande difficulté, menacer car elle ne se fait pas l’écho du pouvoir, mais des droits humains bafoués.

Comment donner naissance à l’universalité de la paix si au sein même de pays, il est la division entre ceux qui détiennent l’information et qui la confisquent et ceux infériorisés car ils ne sont pas dans les secrets des Dieux. Être informé est un droit humain. Lorsque des politiques excluent l’information pour tous, la démocratie a peu de chance d’exister véritablement, car la volonté des systèmes est de maintenir leur pouvoir et non de le partager.

La démocratie serait alors la dissolution des systèmes politiques dans cette eau vivifiante et limpide, coulant de source, la liberté. L’information est la singularité, ne faire qu’un entre le pouvoir et le peuple, puisque le peuple est le pouvoir.

Le journalisme ne peut que s’émanciper, devenir non pas l’exclusivité d’un système, mais une voie libre empruntée par cette passion pour les droits humains, pour le partage, et la vérité n’est possible que lorsqu’elle est libérée du cloître des puissances.

«La liberté de la presse est un révélateur impitoyable de l’état de nos sociétés, quand elle régresse se sont tous les droits qui régressent avec elle» a déclaré Audrey Azoulay, Directrice générale de l’UNESCO, lors du 30ème anniversaire de la Journée mondiale de la liberté de la presse.

La vie démocratique est en danger quand la liberté d’expression, des débats, d’informer est entravée. Audrey Azoulay souligne également les risques pour la démocratie que représentent les thèses conspirationnistes, et l’importance du travail des journalistes pour établir des liens de confiance, des articles fiables. La pandémie de Covid 19 a révélé l’influence que pouvait avoir la remise en cause des « vérités scientifiques » par des « thèses conspirationnistes », a-t-elle souligné.

Photo ©️ UNESCO / Joel Sheakoski

Liberté de presse et nouvelles technologies

La Directrice de l’UNESCO évoque la prix Nobel de la Paix et journaliste, Maria Ressa, et la cite « Sans faits, il n’y a pas de vérité, sans vérité, il n’y a pas de confiance ». L’information fait face aujourd’hui à un outil récent, les réseaux sociaux et où une fausse information peut se diffuser comme une traînée de poudre et devenir virale, embraser la toile.

Notre monde est confronté à sa propre illusion par le système même de notre économie. La virtualité de l’argent est le premier élément de propagande, des inégalités, injustices, des puissances ne manquent pas alors de se servir des plateformes numériques pour introduire leur propagande, influencer des élections, manipuler des personnes, faire croire comme le ferait un prestidigitateur.

Convaincre l’autre à tout prix, les investissements en millions dans certains médias donnent de facto cette dimension de retour sur investissement, de profits concevant l’information comme un produit face à une concurrence féroce. De plus s’impose parfois une guerre des médias qui est une guerre de réseaux, d’intérêts, politique et qui existe depuis des décennies et bien avant les réseaux sociaux. Les plateformes numériques sont des amplificateurs, comme il existe des faux comptes pour diffuser largement une information.

La propulsion d’une information présentée comme étant une révélation peut cacher de la propagande, une information manipulée servant des réseaux politiques, pour déstabiliser un adversaire politique, et il peut être des journalistes professionnels qui sont acteurs de la propagande, de la diffusion d’une manipulation. Un système ancien qui a trouvé des atouts en jouant sur les réseaux sociaux.

L’UNESCO a lancé le 23 février 2023 un appel à la régulation des plateformes numériques face à la désinformation et à la haine en ligne, en présence du prix Nobel de la paix 2021, Maria Ressa, et du Président du Brésil Lula. Ce sont plus de 4 000 participants qui se sont alors réunis pour développer des principes de régulation pour garantir aux internautes une utilisation plus sûre et avec un regard critique sur les contenus en ligne tout en préservant la liberté d’expression.

photo ©️ UNESCO/ Joel Sheakoski

L’IA s’invite dans le monde du journalisme

Cependant le progression de l’IA, son entrée de plus en plus pointue dans le monde virtuel, son influence sur la réalité, sur nos cultures, sur notre interprétation du réel dans une société où les systèmes opèrent un isolement des personnes, et marquent toujours plus les inégalités, imposant un manque, révèle plusieurs difficultés que nous devons affronter.

Premièrement, tout devient de plus en plus complexe à maîtriser, et impose un virage à nos sociétés sans que les populations aient conçu ce monde internet qui attire autant qu’il inquiète, dérange.

Un monde virtuel déstabilisant nos sociétés, mais qui n’est pas issu du hasard. Les systèmes politiques et économiques fonctionnent par la virtualité de la valeur argent, des systèmes bancaires, de la dette et l’IA devient pour des gouvernements, pour des industriels un moyen de contrôle des populations, d’amener les populations là où ils veulent par la maîtrise des émotions, le commandement de celles-ci.

L’atout des puissances est que la population ne détient pas les mêmes informations que les personnes haut placées. Elles n’ont pas tous les éléments de compréhension, de finalité et la désinformation peut être organisée par des systèmes politiques eux-mêmes.

Les réseaux sociaux deviennent des supports puissants, un moyen d’atteindre des millions de personnes en un temps record, de générer également de faux comptes, de donner une apparence de popularité, pendant que des médias indépendants seront restreints.

Numérique – Systèmes politiques et médiatiques – Quand le pouvoir domine la liberté

Les plateformes offrent des services payants pour diffuser une information, plus un média possède une capacité d’investissement plus il sera diffusé, plus un politique représente un intérêt financier et se positionne au niveau d’élections, plus son profil sera mis en avant, comme des cabinets privés de Conseil fonctionnent sur le politique-markéting, le politique-publicitaire, le buzz.

Un politique est sur le Safe image, comme un pays pourra l’être et nous sommes déjà dans l’illusion et non plus la réalité. Internet est un amplificateur, et le monde de l’IA va de plus en plus séduire. Comme son projet représente des gains pharaoniques pour des startups, le monde des nouvelles technologies et tout cela va impacter la politique, les médias, le sens même du pouvoir.

L’art, la culture, la santé, sont également touchés. L’IA va véritablement investir nos sociétés, les modifier profondément, mais encore une fois sans le consentement des populations.

Quelle sera l’information de demain ?

Elle sera ce que nous décidons pour l’avenir de la liberté. Plus la liberté sera restreinte, plus l’information se séquencera en jeux d’intérêts, d’influences, et l’IA pourra donner une dimension exceptionnelle à une fausse information, mêler le réel et l’irréel, diffuser des articles sans qu’il soit un journaliste.

Plus les médias libres, indépendants et pluriels seront en grande difficulté, moins il y aura de contre-pouvoir, plus les informations manipulées auront du pouvoir. Les algorithmes sont le langage dominant et peuvent récompenser le mensonge en le diffusant largement, pendant qu’une information fiable passera inaperçue. Les médias indépendants s’opposant à un pouvoir politique peuvent également être restreints, mais rien de ces manœuvres ne sera dit ouvertement par les oppresseurs. Les injustices ont déjà intégré les systèmes numériques puisqu’ils sont issus du même système qui gouverne nos sociétés.

Audrey Azoulay a souligné, «Si le brouillage des frontières entre le vrai et le faux, le déni très organisé des faits scientifiques, l’amplification de la désinformation et des complotismes, ne sont pas nés sur les réseaux sociaux, ils s’y épanouissent bien mieux que la vérité en l’absence de régulation», ajoutant, «pour que l’information reste un bien commun, c’est maintenant que nous devons, ensemble, réfléchir et agir».

Photo ©️ UNESCO/ Joel Sheakoski

Numérique et médias indépendants

Les nouvelles technologies ont donné la possibilité à des médias indépendants et libres de pouvoir exister par la capacité de diffuser. Ce sont des journalistes indépendants qui peuvent créer leur structure et travailler à la prospérité des droits humains, à la diversification du métier de journaliste en sortant des normes établies pour répondre à l’ambition pluriel pour un journalisme libre.

Les plateformes peuvent offrir des possibilités nouvelles d’expression, et il est à prendre en compte que finalement tout est récent, et que tout se passe de manière accélérée car il est la force d’impact des géants du numérique, de ceux qui représentent les plateformes majeures dont on finit tous par dépendre.

Le pluralisme peut éviter une dépendance, mais internet fonctionne aussi en système de rassemblement, de diffusion massive sur un support, comme l’on pourrait se retrouver sur une place symbolique. Le numérique a développé ce besoin de se rassembler de manière internationale, de pouvoir communiquer sans la barrière des frontières.

Nous devons apprendre ensemble et faire évoluer le numérique par le sens de la liberté. Un travail qui ne peut être qu’en solidarité, en confiance, et en luttant contre la haine, le mensonge.

Une problématique fondamentale car il s’agit du dialogue entre les êtres humains. Nous sommes à l’aube d’une nouvelle civilisation à la naissance douloureuse par les conflits armés, la guerre en Ukraine, par une fragilisation des droits humains, et ce qui nous dépasse pour la première fois de l’histoire, la révolution climatique qui va considérablement modifier nos pensées, notre interprétation du monde, et nous montrer la valeur de la liberté, combien elle est vitale.

Le journalisme vit un moment très important. Il est le témoin des changements à travers le monde, de l’urgence d’agir pour la paix, et ce sont des femmes et des hommes journalistes qui sont touchés au sein même de leur propre vie. Le journalisme ne se sépare pas d’eux, il est leur inspiration, leurs émotions, leur liberté.

Et, parce que le journalisme se définit par la liberté, aucun journaliste ne devrait être victime de répressions, aucun journaliste ne devrait mourir parce qu’il exerce son métier. La liberté est un bien commun et par elle le journalisme l’est par essence, sens de notre existence.


Trois journalistes iraniennes lauréates du prix mondial de la liberté de la presse 2023 UNESCO / Guillermo Cano

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Le soir du 2 mai à New York a eu lieu la cérémonie de remise du Prix mondial de la liberté de la presse créé en 1997 et portant le nom de Guillermo Cano Isaza, journaliste colombien assassiné le 17 décembre 1986 à Bogota (Colombie), devant le journal El Espectador.

Cette année, le Prix a été décerné à trois journalistes iraniennes emprisonnées, Niloofar Hamedi, Elaheh Maohammadi et Narges Mohammadi.

Niloofar Hamedi, journaliste pour le quotidien réformateur Shargh, a annoncé le décès de Masha Amini, survenu le 16 septembre 2022, après son arrestation. Niloofar Hamedi a été placée à l’isolement à la prison d’Evin depuis septembre 2022.

Elaheh Mohammadi, journaliste pour le journal réformateur Ham-Mihan, travaille sur les questions sociales et d’égalité des genres. En 2020, elle a fait l’objet d’une interdiction de reportage durant un an du fait des sujets qu’elle traite. En septembre 2022, elle a fait un reportage sur les funérailles de Masha Amini, et a été emprisonnée à cette date à la prison d’Evin.

Niloofar Hamedi et Elaheh Mohammadi sont également lauréates du Prix international de la liberté de presse 2023, décerné par les Journalistes canadiens pour la liberté d’expression, (CJFE) et du Prix Louis M. Lyons 2023 pour la conscience et l’intégrité dans le journalisme décerné par Havard. De plus, les deux journalistes iraniennes font partie des 100 personnes les plus influentes de 2023 du Time Magazine.

Narges Mohammadi a exercé en tant que journaliste dans plusieurs journaux et elle est autrice et vice-directrice de Defenders of Human Rights Center (DHRC), organisation de la société civile basée à Téhéran. Actuellement, elle est détenue à la prison d’Evin pour une peine de 16 ans de prison. Elle a écrit des articles depuis la prison, a interviewé des femmes en détention. Des entretiens publiés dans son livre White Torture. En 2022, elle a reçu le Prix courage de Reporters sans frontières (RSF).

«Nous tenons à honorer le travail des courageuses journalistes iraniennes dont les reportages ont conduit à une révolution historique, menée par les femmes. Elles ont payé un lourd tribut pour leur engagement à révéler la vérité et à la diffuser. C’est pourquoi nous tenons à leur rendre hommage et à faire en sorte que leur voix continue de résonner dans le monde entier jusqu’à ce qu’elles soient en sécurité et libres», déclare Zainab Salbi, Présidente du jury international.

Dans le monde entier des femmes journalistes sont en danger

L’UNESCO alerte sur la hausse des violences faites aux femmes journalistes. Elles sont confrontées à diverses attaques en ligne et hors ligne. Des violences sexistes qui comprennent selon l’UNESCO, la stigmatisation, les discours de haine sexiste, le trolling, l’agression physique, le viol – des violences pouvant aller jusqu’au meurtre.

« Il est plus que jamais essentiel de rendre hommage à toutes les femmes journalistes à travers le monde qui sont empêchées d’exercer leur profession et font l’objet de menaces et d’attaques. Aujourd’hui, par ce Prix, nous mettons à l’honneur leur engagement en faveur de la vérité et de la transparence », déclare Audrey Azoulay.

Plus que jamais, la liberté a besoin des efforts de tous, d’être portée, mise en valeur pour protéger les droits humains fondamenteaux et le journalisme est la voix portant la liberté en symbiose avec les défenseurs des droits humains, les artisans de paix, les plus vulnérables. Le journalisme au plus près des plus fragiles, présent sur le terrain, à l’écoute de la vie.

Une vocation qui peut coûter la vie, alors ce sont les droits humains, la liberté fondamentale qui sont en danger. Nos sociétés ont besoin de paix pour prospérer, ont besoin de pluralisme, d’un journalisme ambitieux, un journalisme témoin, un journalisme révolté pour défendre la liberté , pour être cette force, de « parler avec force au pouvoir » a déclaré Antonio Guterres.

Cette force d’affirmer que nos sociétés ne peuvent perdurer que par l’universalité de la fraternité, de la paix, et le journalisme a cette responsabilité d’être une voix libre pour participer à la réalisation de l’espérance de la liberté.

Fédora Hélène

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